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Avec Proman, l’ambitieux Roland Gomez s’attaque aux géants de l’interim


Le groupe d’intérim familial créé à Manosque en 1990 est devenu géant qui défie désormais les mastodontes du secteur comme Adecco, Manpower, Randstad ou Crit Intérim. Une réussite totale pour Roland Gomez, l’ancien chaudronnier devenu un entrepreneur à succès, avec son fils à la tête de l’entreprise depuis 2007. Se...

Roland Gomez, fondateur de Proman, et Roland Gomez, directeur général.

Le groupe d’intérim familial créé à Manosque en 1990 est devenu géant qui défie désormais les mastodontes du secteur comme Adecco, Manpower, Randstad ou Crit Intérim. Une réussite totale pour Roland Gomez, l’ancien chaudronnier devenu un entrepreneur à succès, avec son fils à la tête de l’entreprise depuis 2007.

Se faire un prénom au sein de l’entreprise créée par son propre père (qui porte le même prénom que vous), ancien président de la CCI de région Provence-Alpes-Côte d’Azur, n’est pas chose aisée. C’est pourtant le tout de force réalisé par Roland Gomez « junior », directeur général du leader français du travail temporaire depuis 2007, qui a connu tous les postes chez Proman (recruteur, chef d’agence, responsable d’agences…).

L’héritier est brillamment parvenu à prendre la relève et à faire de l’entreprise familiale manosquine un empire de l’intérim présent dans seize pays. Les chiffres donnent le tournis : Proman fait travailler près de 110 000 intérimaires chaque jour répartis sur trois continents ; l’entreprise dispose de plus de 850 agences à travers le monde et travaille avec 45 000 clients (industrie, construction, nucléaire, automobile, tourisme…) ; elle détient une trentaine de filiales (Etats-Unis, Belgique, Suisse, Pays-Bas, Royaume-Uni, Portugal, Maroc…).

6 MILLIARDS EN 2025

Cette ascension est notamment passée par des opérations de croissance externe à l’étranger qui ont permis au groupe de prendre de l’ampleur. Dernière en date : l’acquisition du néerlandais Timing (600 millions d’euros de chiffre d’affaires, 800 collaborateurs), le n°3 de l’intérim aux Pays-Bas, pays dans lequel Proman titille désormais les deux géants Randstad et USG — le groupe français possède déjà deux filiales (Luba et E & A) aux Pays-Bas. Timing est le plus important rachat de l’histoire de Proman (dont le montant n’a pas été dévoilé).

Cette opération fait passer l’ETI de Manosque dans une autre dimension. Une suite logique : l’entreprise est passée de 550 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011 à 839 millions en 2013, puis à 3,2 milliards aujourd’hui, et enfin 4 milliards en 2023. Mieux : relancé par le rebond du travail temporaire après le conflit en Ukraine et le manque de main-d’œuvre.

Proman vise les 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2025 ! Malgré la pandémie qui a fortement impacté le secteur, Proman est désormais leader en France sur le marché du travail temporaire, quatrième au niveau européen et figure désormais en bonne place dans le top 10 mondial. Pour poursuivre son développement effréné, l’entreprise familiale réalisera deux autres opérations de croissance externe au cours des deux prochaines années, l’une en Europe et l’autre aux États-Unis. On le voit, l’appétit de Proman, qui a repris une dizaine d’entreprises familiales depuis 2010, n’est donc pas prêt de fléchir.

UNE MULTINATIONALE FAMILIALE

Fondé à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), Proman n’est plus seulement un acteur de premier plan en France. Le groupe familial rayonne aussi à l’international. Les principaux marchés de Proman sont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Aux Etats-Unis, la filiale de Proman filiale envisage de multiplier son chiffre d’affaires par cinq au courts des trois prochaines années ! Conquérir des marchés à l’international tout en conservant le contrôle sur l’actionnariat de l’entreprise, tel est le tour de force réalisé par Roland Gomez.

Proman est encore détenu à 100% par la famille Gomez, ce qui confère au groupe sudiste une grande stabilité et une capacité de projection sur le long terme. Une arme dans un secteur où la concurrence fait rage et où les géants mondiaux comme Adecco (Suisse), Manpower (Etats-Unis) et Randstad (Pays-Bas) se tirent la bourre. À côté de ces mastodontes, Proman apparaît comme une alternative de plus en plus crédible, même si le fossé reste encore important entre le Petit poucet de Manosque et ses concurrents.

L’INCROYABLE ASCENSION D’UN CHAUDRONNIER

L’histoire de Proman débute en 1990. Titulaire d’un CAP, le père de Roland Gomez est chaudronnier-soudeur. À force de travail, le Marseillais d’origine catalane devient responsable d’une agence de maintenance industrielle.

Au tournant des années 90, ce travailleur acharné a une intuition : face au recul du secteur industriel, les besoins en main d’oeuvre sont fluctuants, l’avenir passe donc par le travail temporaire. À la fin de l’année 1990, il met à exécution son idée et lance une agence d’intérim à Manosque, dans laquelle son fils débutera comme apprenti en alternance.

Plus de trente ans après, l’entreprise familiale affiche un chiffre d’affaires de trois milliards d’euros et a été désignée recruteur officiel de la Coupe du monde de rugby 2023. Que de chemin parcouru pour cet entrepreneur audacieux !

Thibaut Veysset

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