Depuis 1912, les Ch’tis de la Confiserie du Nord à Tourcoing nous régalent de nounours guimauve et bêtises de Cambrai. L’entreprise cédée par la famille Verquin à la famille Poirrier en 2017 continue de miser sur le made in France, en innovant avec ses premiers bonbons bio.
Si le Nord de la France est connu pour sa gastronomie, il l’est aussi pour ses confiseries. Cela tient à l’agriculture locale. En effet, historiquement, les premiers bonbons créés étaient enrobés de miel. Ils furent ensuite nappés de sucre provenant de la canne. Mais sous Napoléon, le blocus continental exercé contre la France empêcha les importations de canne. La betterave prit alors son essor en tant que substitut, une plante qui se sent bien sous le climat nordiste.
L’origine des bonbons du Nord
Avec la défaite de Napoléon, la canne à sucre revint sur le territoire français, mais la betterave produite localement finit par prendre le dessus. Ce succès entraîna la naissance de nouvelles industries, dont bien entendu la confiserie. Des bonbons furent développés encore présents aujourd’hui, dont certains noms fleurent bon le terroir, tels que « Brique de Marly », « Killtoïds » nés en 1933, les « Berlingots de Berck », « le petit Ourson guimauve », les « Babeluttes », les « Chuques » et les fameuses « Bêtises ». Il ne faudrait pas oublier le « Carambar », né en 1954 suite à une erreur de fabrication dans la chocolaterie Delespaul-Havez.
L’histoire de la famille Verquin
L’entreprise Verquin Confiseur fut créée en 1912 par Henri Verquin à Tourcoing et fait donc partie d’une grande tradition régionale dans les Hauts-de-France. Elle a prospéré au point de détenir deux sites de production dans le Nord. Son activité se scinde en deux parties bien distinctes, la moitié pour les marques distributeurs et l’autre moitié pour les marques appartenant à l’entreprise, Têtes Brûlées, Croibleu et 1912. Une entreprise en belle forme qui en 2016 présentait un chiffre d’affaires de 55 millions d’euros, et dont les capacités de production venaient d’être augmentées, tout comme le nombre d’employés. Pierre Luc Verquin, le dernier dirigeant familial, arrière petit-fils du fondateur, a mené les rênes de l’entreprise de 2003 jusqu’au rachat par Sucralliance, groupe auquel il a cédé l’intégralité de ses parts.
Le rachat par Sucralliance
Le rachat de l’entreprise familiale plus que centenaire a été réalisé par un autre groupe familial, Sucralliance, dirigé par Michel Poirrier. Un patronyme bien connu du marché sucré, puisque Michel Poirrier est le frère cadet de Patrick Poirrier, PDG du groupe chocolatier Cémoi basé à Perpignan. En effet, Sucralliance est né il y a quinze ans suite au départ en retraite de Jean-Claude Poirrier. Les activités liées au chocolat sont restées dans le groupe Cémoi tandis que le nouveau Sucralliance se dédiait à la confiserie, bonbons et pâtes de fruit essentiellement à cette époque. L’entreprise Dolis dans l’Yonne faisait déjà partie du groupe. L’année suivante, le rachat de Dupont d’Isigny venait développer le business. Verquin a rejoint ensuite ses anciens concurrents onze ans plus tard.
Passer à une autre dimension
A l’époque, ce rachat permettait à Sucralliance de passer à une autre dimension. En effet, le groupe réalisait un coup de maître en doublant ses capacités de production. Il annonçait alors 32 millions d’euros pour 165 salariés et une capacité de production de 12 000 tonnes annuelles, alors que Verquin Confiseur constituait un apport de 55 millions d’euros pour 200 salariés et une capacité de production identique, avec une marque forte et exportable, celle des Têtes Brûlées ou Head Bangers (marque dédiée à l’export).
Stratégie et dernières nouveautés
Depuis trois ans, de nouveaux axes stratégiques ont été définis pour Confiserie du Nord. Sucralliance veut asseoir et développer sa position de leader en matière de marque de distribution, mais prête une attention particulière aux marques de l’entreprise nordiste. De plus, la confiserie a décidé de se mettre au goût du jour et lance des bonbons biologiques, sans colorant, aux arômes naturels et bien entendu made in France. Même les emballages sont recyclables afin d’aller au bout de la démarche. On retrouve les fameux « Croibleu » avec des parfums tels que Mandarine/Citron et plus inattendu Menthe poivrée/Romarin. Quant à la marque « 1912 », elle se lance désormais aussi dans des caramels bio.
A.F.