Aux États-Unis, avec l’essor des fonds de private equity, Stéphane Israël, l’ancien pilote d’Ariane 6, aurait sans doute basculé et tenté sa chance dans le business. À 54 ans, cet énarque au carnet d’adresses pourtant bien garni avait tout, fort de son expérience, pour constituer un solide tour de table et partir à l’assaut des projets américains des deux milliardaires Jeff Bezos ou Elon Musk, qui se lancent spectaculairement dans la bataille des lanceurs spatiaux. Le fondateur d’Amazon, avec Blue Origin, s’apprête à lancer son premier lanceur lourd New Glenn, alors que le créateur de Tesla amplifie actuellement ses tirs avec sa société SpaceX et son fameux Starship, premier lanceur qui revient intact à sa base.
Avec une expertise reconnue et sans pareil dans le spatial, une fiabilité à toute épreuve, Stéphane Israël préfère devenir consultant de luxe au BCG (Boston Consulting Group), le cabinet leader du conseil stratégique où il accompagnera les dirigeants du spatial et de l’aéronautique. Personne n’est parfait : Israël n’a pas suivi les recommandations de son ami Arnaud Montebourg qui, lui, a choisi sans regrets le chemin de l’aventure entrepreneuriale.
Un bel exemple pour toute notre élite bercée au pantouflage et qui ferait bien de se mettre à prendre des risques pour remettre notre économie dans le rang de la compétitivité mondiale. À commencer par des domaines stratégiques comme le spatial, où l’Europe s’apprête, cette année, à venir challenger Starlink d’Elon Musk avec son très attendu satellite Iris. Sans parler de l’intelligence artificielle : au moment où Microsoft annonce investir 80 milliards de dollars dans l’IA, nos énarques ou X ne doivent pas rester les bras croisés. C’est dans ce secteur qu’ils doivent chercher à entreprendre et à constituer de nouveaux champions français et européens, à l’image d’un certain Xavier Niel qui, lui, il est vrai, n’est qu’autodidacte !
Robert Lafont
Editorialiste – Fondateur d’Entreprendre
