Propriété de Saint-Gobain depuis 1996, l’entreprise de menuiserie qui compte 3 500 salariés en France devait être cédée au fonds allemand Mutares. Mais les conditions de reprise font peser un doute sur les intentions réelles de l’acheteur.
La cession de Lapeyre va-t-elle capoter ? Alors que les négociations entre Saint-Gobain et le fonds Mutares, spécialisé en « retournement d’entreprise », avaient abouti à des avancées significatives, il semble qu’un grain de sable soit venu enrayer la machine. En effet, l’offre de reprise de l’entreprise de menuiserie fondée en 1931 est remise en question par la publication d’un audit extrêmement négatif vis-à-vis du repreneur allemand.
« Les solutions de Mutares reprennent les principales recettes qui ont échoué au cours des quinze dernières années. Son modèle de développement est basé sur la recherche de cibles à fort profits sur acquisition: 13 entreprises reprises dont 5 ont été placées en redressement ou liquidation judiciaire et 7 sont encore en portefeuille avec des résultats déficitaires pour la plupart. », écrivent des experts dans un audit réalisé à la demande des représentants du personnel.
Selon cette étude, dont l’initiative revient aux élus personnels, Mutares présente un profil « particulièrement inquiétant ». Selon les auteurs de ce rapport au vitriol, l’offre du fonds d’investissement allemand affiche un « risque de redressement judiciaire généralisé très élevé, voire quasi certain ». Les experts vont plus loin en affirmant que « Mutares […] n’a pas démontré, depuis son installation en France, sa capacité à redresser les entreprises ». Un rachat de Lapeyre par Mutares pourrait, par ailleurs, aboutir à une vague de suppressions d’emplois. Les auteurs estiment qu’elle pourrait concerner 700 postes sur les 3 500 que compte l’entreprise de menuiserie…
Cevital et Verdoso étaient également en lice
« Catastrophique », voici comment les auteurs de l’audit décrivent le bilan de la méthode de Mutares qui consiste à racheter et restructurer des entreprises en difficulté. Pour Saint-Gobain, c’est la douche froide. Le groupe de matériaux de construction et de distribution qui souhaitait se débarrasser rapidement de son enseigne déficitaire va devoir patienter avant de finaliser la vente. Et si ces rebondissements permettaient aux autres repreneurs (l’industriel algérien Cevital et le fond français Verdoso), dont les offres ont été dans un premier temps écartées au profit de celle de Mutares, de revenir dans le jeu ? Le feuilleton Lapeyre ne fait que commencer. Et l’avenir de l’ETI aux 11 usines et 120 points de vente s’inscrit encore en pointillés.