L’apnée du sommeil est un trouble fréquent, souvent ignoré par la majorité de ceux qui en souffrent. Ce trouble respiratoire est pourtant parfois précurseur d’autres maladies graves comme l’hypertension, les problèmes cardiaques, le diabète ou les AVC. Sans oublier la fatigue ou la difficulté à rassembler ses idées, pouvant aller jusqu’à des troubles psychiatriques.
Une situation peu satisfaisante
Lorsqu’un médecin désire confirmer son diagnostic, son patient passe une nuit à l’hôpital, ce qui n’est pas neutre en matière de frais médicaux, de l’ordre de 500 à 700 euros par patient. Or, ce sont 1,8 million de Français qui sont touchés. Il est parfois aussi compliqué de réserver rapidement un créneau pour l’examen et d’analyser les résultats de la polysomnographie.
Vous avez un smartphone ?
Séverin Benizri, Guillaume Cathelain et Bruno Sicre se sont associés pour trouver une solution. Il a fallu trois ans à l’équipe pour proposer une nouvelle technologie de diagnostic à domicile reposant sur l’utilisation d’un simple smartphone, cet outil si utile, bourré de capteurs. Le trio de cofondateurs dispose de compétences solides. Séverin Benizri, CEO, s’est d’abord intéressé au numérique avant d’utiliser ses compétences dans le domaine médical. Guillaume Cathelain, CTO, est chercheur en IA, spécialiste du traitement des signaux et professeur agrégé. Bruno Sicre, ingénieur Arts et Métiers ParisTech, agit en tant que conseiller auprès d’Apneál et travaille chez Resmed depuis 18 ans, déjà impliqué dans le secteur du sommeil. Séverin Benizri précise que « les mesures sont redoutablement précises : l’accéléromètre donne plus de 500 valeurs par seconde et le gyroscope mesure la rotation du téléphone sur 6 axes, et une IA collecte et analyse les données. »
Concrètement, le smartphone est fixé en mode avion via un bandage sur le torse du patient, qui le garde pendant la nuit. Au réveil, les données sont envoyées sur les serveurs d’Apneál, puis traitées grâce à l’IA, créant un rapport d’examen à transmettre à son généraliste. Selon Guillaume Cathelain, « les premiers résultats de l’étude clinique ont démontré notre capacité à estimer l’indice d’apnée des patients avec une corrélation de près de 90 % avec celle mesurée en polysomnographie. »
Confirmation attendue
L’objectif final pour l’application Apneál est d’obtenir la certification en tant que dispositif médical logiciel, tout comme le marquage CE, un processus long qui pourrait prendre jusqu’à trois ans. En attendant, l’équipe permet, depuis peu, à des volontaires de tester l’application avant sa commercialisation. Le prix estimé pour l’examen serait inférieur à 50 euros, avec l’espoir qu’il puisse être remboursé à hauteur de 70 % par la Sécurité sociale.