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Laurent de Gourcuff, nouveau génie de l’art de vivre gastronomique


Dans le tourisme de luxe, Laurent de Gourcuff, le fondateur de l’empire Paris Society, est incontestablement l’un de ceux dont on parle le plus. Son imagination n’a pas de limites pour transformer les sites les plus improbables en adresses de qualité.

Laurent de Gourcuff (Photo by Jerome Domine/ABACAPRESS.COM)

Paris Society avait ouvert son capital au groupe Accor en 2018. Proche de Sébastien Bazin, le groupe a racheté 100 % de la société depuis la fin de l’année dernière. Paris Society a été fondée en 2008 et emploie 3 000 personnes pour un chiffre d’affaires de 250 millions, qui dégage une bonne rentabilité. L’entreprise dispose dans son offre d’une quarantaine de lieux hors normes aux concepts extrêmement différents.

Changement dans la continuité

La mainmise du groupe Accor sur la société de Laurent de Gourcuff s’est faite de façon amicale. Elle prévoit qu’il reste le dirigeant de l’entreprise grâce à une vision stratégique future commune avec Sébastien Bazin, dont l’entente avec le jeune entrepreneur n’est pas un mystère. S’agit-il d’une exception qui fait la règle ? En effet, après la vente de leur entreprise, la plupart des dirigeants-fondateurs s’éloignent rapidement de la nouvelle entité, le changement étant ressenti comme trop important par rapport à la situation passée. Ici, l’annonce a été faite par Laurent de Gourcuff lui-même ; il poursuit sur la voie tracée, accompagné de l’équipe de direction en place chez Paris Society, avec l’intention d’y rester à moyen-long terme. L’objectif est de devenir un grand acteur non seulement de la restauration, mais également de ce secteur récemment dénommé MICE pour « Meetings, Incentives, Conferencing, Exhibitions ».

International et déclinaison de marques

L’appui du groupe Accor change la donne pour Paris Society, qui va pouvoir décliner certaines de ses marques en France comme à l’étranger. La voie est libre semble-t-il pour l’accélération du développement et l’installation de nouveaux lieux via la franchise, la licence de marque ou en propre. La direction internationale, toute récente puisqu’elle a été créée pendant le Covid, a déjà œuvré à Dubaï (Raspoutine et Gigi) et les projets vont bon train pour d’autres contrées au Moyen-Orient et dans le monde anglo-saxon. L’autre bras armé reste la déclinaison de marque, une voie stratégique qui s’est déjà concrétisée plusieurs fois. Il s’agit de décliner les marques de Paris Society, mais également d’étudier les synergies possibles avec les enseignes haut de gamme du groupe Accor (par exemple « So/ », déclinaison de la marque Sofitel).

Quelques lieux atypiques

Cette déclinaison de la Girafe (Trocadéro) se situe au 9e étage de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine ; il s’agit d’un lieu inattendu, l’ancien appartement du conservateur dans les années 30, avec terrasse panoramique sur tout Paris. Du classique français chez CoCo Lyon : le premier CoCo est situé près de l’Opéra à Paris. Sa première déclinaison a été créée à la Gare des Brotteaux à Lyon, sur les mêmes caractéristiques : cuisine traditionnelle française, décoration époque Napoléon III, bar au centre du restaurant. Ambiance guinguette revisitée au Bal de la Marine : face à la tour Eiffel, un lieu conçu pour la convivialité pour déguster vins, cocktails et planches, à mille lieues de certains autres concepts de Paris Society.

Le Bal de la Marine n’est pas le seul à être positionné sur ce créneau ; le Flow ou le Grand Bleu sont d’autres marques développées pour cette cible. L’Histoire avec un grand H à l’Abbaye des Vaux de Vernay et à la Citadelle Vauban : l’Abbaye des Vaux de Cernay est un projet colossal avec ses 170 chambres, 5 restaurants, sa ferme et son potager, ses haras, son spa, son cinéma, le kids club ; l’endroit impressionne. Un contexte historique en pleine nature où l’on peut se détendre loin de l’agitation parisienne. L’ouverture de cet automne va permettre aux Parisiens harassés de venir se détendre en famille. Dans la même lignée historique, l’hôtel Musée Citadelle Vauban, doté de 90 chambres à Belle-Île-en-Mer, ne devrait pas non plus avoir trop de difficulté à attirer une belle clientèle dès sa réouverture au printemps l’an prochain, après une série de travaux.

L’évènementiel, une priorité

Phantom est la grandiose nouvelle salle de concert pour aftershow à l’Accor Arena de Bercy ; la salle peut accueillir 3 500 personnes avec une scène modulable. Ses 9 mètres de hauteur de plafond permettent d’imaginer bien des scénographies. Par ailleurs, Studio Nellcote se positionne rue du Faubourg Saint-Honoré sur le retour dans les années 80, en reprenant notamment le concept karaoké. Laurent de Gourcuff vient également de reprendre Solum Paris, sous le pont Alexandre III, qui accueille jusqu’à 1 000 personnes et dispose d’une terrasse de 300 m^2 en bord de Seine.

L’entreprise a aussi développé le concept OSE pour « One Shot Experience », une offre clé en main diversifiée qui permet à la clientèle privée ou professionnelle de tout imaginer ou presque. Le concept se met en lumière deux fois par an avec l’intention clairement annoncée de « casser les codes ». Parmi les 70 lieux proposés : l’Orangerie d’Auteuil, les Folies Gruss, le Phantom, Workstation… On pourrait certainement envier Laurent de Gourcuff, qui parvient à créer des concepts forts sur un segment qui met en avant la qualité avant tout, avec un twist suffisamment original en termes d’expérience. Il réussit jusqu’à présent à attirer une clientèle aisée quidispose pourtant d’un choix de plus en plus large sur ce segment de marché.

Claudio Flouvat

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