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Lave-vaisselle Bob : un succès commercial et industriel


C’est le nouveau champion français de l’export. Sur 30.000 mini lave-vaisselles produits en 2022, 60% ont été vendus à l’export. Une réussite tant industrielle que commerciale de la jeune pousse vendéenne Daan Tech, dirigée par Antoine Fichet. D’où vous vient cette vocation d’industriel ? Antoine Fichet : En 2009, j’étais étudiant...

Antoine Fiche

C’est le nouveau champion français de l’export. Sur 30.000 mini lave-vaisselles produits en 2022, 60% ont été vendus à l’export. Une réussite tant industrielle que commerciale de la jeune pousse vendéenne Daan Tech, dirigée par Antoine Fichet.

D’où vous vient cette vocation d’industriel ?

Antoine Fichet : En 2009, j’étais étudiant au Pays basque, en DUT Génie mécanique avant de faire une école de commerce. Je voulais absolument concevoir un produit, nous disposions d’un Fablab et j’ai commencé à tester des objets de la vie courante avant de m’arrêter sur l’idée d’un lave-vaisselle autonome, car quand on est étudiant, on effectue beaucoup de stages dans différentes villes, et l’on trouve peu d’appartements avec arrivées d’eau.

En 2012, il y a eu une première concrétisation, nous étions 5 étudiants d’écoles différentes (Kedge Business School, Estia Bidart, Ecole de Design de Biarritz) et nous avons reçu le premier prix du concours des « Entrepreneuriales ». Le business plan était complet, même si l’aventure était encore simplement fictive. J’ai en-suite été salarié chez BpiFrance à Paris, y ai rencontré mon ex-associé et lui ai proposé de nous lancer à deux. Nous avons donc créé « BOB », un nom marketing qui devait répondre aux exigences de marques, facilement mémorisable, identifiable, court, internationalisable…

Sans oublier une signature « Adoptez Bob », référence à Bob l’Éponge, pour faire sourire. Car il est vital que le client aime le produit pour le faire durer plus longtemps. Il s’agit d’une des clés de la réussite en matière d’écoresponsabilité : faire durer en aimant son produit. Pour ce qui est de la fabrication locale, je ne me suis même pas posé la question de l’étranger, c’était évident, le made in France faisait sens. Il y avait de l’autre côté des Pyrénées le groupe Mondragon qui avait racheté Fagor-Brandt. Une usine située à La Roche-sur-Yon fabriquait déjà de l’électroménager, au départ nous pensions y fabriquer nos produits.

Vous venez de vivre une crise de gouvernance avec le départ de votre associé Damian Py, le passage de jeune pousse à groupe industriel est-il si délicat ?

Il s’agit d’un changement de gouvernance plus que d’actionnariat, il faut savoir s’entourer de personnes plus compétentes que soi-même pour faire progresser l’entreprise. Cela passe par une étape de levée de fonds, de nouveaux actionnaires à accueillir, de nouveaux salariés. Nous n’étions pas alignés sur la stratégie pour le futur. Nous étions une startup, nous sommes une PME et l’objectif est de devenir une ETI si possible.

À partir de quand n’est-on plus une jeune pousse ?
C’est quand l’entreprise ne recherche plus son modèle économique, et qu’elle a trouvé sa rentabilité. Elle se situe souvent sur un nouveau marché, parfois disruptif et en hyper croissance. Nous nous sommes définis comme une startup, car faisions bouger le marché de l’électroménager, très peu innovant sur le produit et sur les modèles de vente.

Daan Tech a proposé un nouveau modèle de distribution online (90% des ventes actuelles), un produit innovant avec un modèle différent qui fait ses preuves. Aujourd’hui, nous sommes devenus une PME/PMI avec un modèle déjà validé, 100 salariés l’année pro-chaine, 200 dans deux ans, nous sommes dans un état d’esprit d’innovation, de consolidation de marché et de diversification de gamme.

Qui sont vos actionnaires ?

Les business angels vendéens qui nous accompagnent depuis les débuts. Nous avons la volonté de lever des fonds auprès de fonds d’investissement, qui soutiennent des projets industriels à impact. C’est un point essentiel, car nous sommes très engagés. Bob est fabriqué à partir de 85% de pièces recyclées, et

nous réalisons notre bilan carbone. Cette levée de fonds est prévue en 2023 pour avoir les moyens de grandir plus rapidement, au-delà de la croissance organique.

Comment développer les ventes ?

En poursuivant nos actions de communication, afin de renforcer notre position de leader sur le lave-vaisselle compact. Nous avons ensuite un grand projet au Japon, ce marché à lui seul est aussi important que l’Europe. Il y a beaucoup de choses à faire sur le côté écoresponsabilité, un point sur lequel nous aimerions être pionniers. Troisième élément, accentuer notre action en Europe du Nord, Suède, Danemark, Finlande, et aux Pays-Bas où nous avons fait des tests en 2022 sur un site marchand. Il y a eu beaucoup de commentaires positifs, nous voulons signer avec des distributeurs locaux type Boulanger chez eux. Enfin, nous avons procédé au recrutement d’un directeur commercial pour proposer une solution de lavage dans les bureaux.

Dans les TPE, chez les professions libérales, les coiffeurs, etc., il n’y a pas de solution adaptée de lavage de la vaisselle, nous proposons un Bob spécifique pour les professionnels, à la façon de Nespresso pro, avec une offre de location mensuelle et des services y compris les consommables. Nous avons un test en cours dans un hôpital en Ile-de-France qui a décidé d’installer des fontaines à eau pour réduire la consommation de plastique, chacun a son récipient et Bob lave.

Avez-vous d’autres produits en gestation ?

Oui, avec Joe. Il s’agit d’un micro-ondes à la technologie innovante, qui propose également de la cuisson vapeur avec un brevet en cours de dépôt, un grill classique de four qui fait aussi usage de grille-pain, un air-fryer pour la cuisson sans huile. Nous prenons notre temps, car il s’agit de notre second produit, il est essentiel d’être à la hauteur des attentes.

Contrairement à Bob, Joe est directement conçu pour répondre aux normes internationales. Nous avons encore besoin d’un an pour le finaliser, l’étape R&D est terminée, nous sommes en cours d’industrialisation, avec les achats d’outillage, etc., pour proposer un produit réparable qui dure plus de 15 ans. Le lancement est prévu en 2024, avec un système de précommandes cette année à un tarif préférentiel.

Et votre projet de nouvelle usine ?

Nous sommes locataires de notre usine, trop petite pour accueillir Joe. Après avoir travaillé avec les collectivités, nous avons réservé un terrain de 10 000 m2, le permis est prévu en avril pour la construction d’un bâtiment autonome en énergies, avec panneaux solaires, notre architecte prévoit un bâtiment vraiment durable de 8 000 m2. L’écoresponsabilité est un élément fondateur de notre entreprise, dans les produits et le mode de fonctionnement.

Il sera à Montaigu Vendée, à 10 mn du site actuel de Cugant, nous gardons tous nos salariés, dont d’anciens Brandt, car nous sommes sur le même bassin d’emploi. Après avoir recruté un directeur commercial, nous recrutons un directeur financier. Un nouveau binôme s’est formé entre Nicolas Ravallec, directeur général de Dalbec et moi pour une année 2023 qui sera bien remplie. On n’a pas fini d’entendre parler de Bob.

Anne Florin

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