Un marché en plein essor qui se professionnalise autour de plateformes. Une opportunité pour des milliers de cadres ou de familles rurales de changer de vie ou d’entreprendre à domicile.
Créée à la fin des années 60 par le ministère de l’Agriculture pour éviter la désertification et maintenir les agriculteurs sur leurs terres, la maison d’hôtes est devenue un phénomène de société, nourri par la recherche d’une qualité de vie et d’une convivialité plus authentiques. Pour réussir et pérenniser un projet de création de chambres d’hôtes, un certain nombre de contraintes administratives, juridiques, fiscales, sociales, réglementaires et commerciales sont à prendre en compte.
Héberger 100 millions de touristes
Les pouvoirs publics ambitionnent d’accueillir 100 millions de touristes par an d’ici 2020. Les mesures prises pour renforcer l’attractivité touristique de la France vont donc avoir des répercussions positives sur l’activité des chambres d’hôtes et des meublés de tourisme, car il va bien falloir héberger toute cette manne et les hôtels comme les campings n’y suffiront pas. Le succès de ce nouveau mode d’hébergement en maisons d’hôtes ou en gîtes repose sur les aspirations sociétales d’authenticité, d’échange et de partage (immersion dans la vie locale, établissement d’un lien social fort, sentiment de vivre une expérience), sans parler du prix de location souvent beaucoup plus intéressant qu’en hôtel classique.
Une mutation
Toutefois ce secteur d’activité est confronté à une mutation structurelle liée à plusieurs facteurs : la montée en gamme de l’offre, le développement des plateformes de mise en relation de particuliers pour la location de logements (Airbnb, Housetrip, Homelidays, etc.), le poids des centrales de réservation sur Internet (Gîtes de France, Clévacances, etc.) ou des centrales généralistes (Booking. com, Expedia, Hôtels.com, etc.) qui sont aujourd’hui incontournables. Bien qu’elles leur garantissent de meilleurs taux de remplissage, les propriétaires de gîtes et de chambre d’hôtes sont contraints de verser à ces centrales des commissions qui peuvent être élevées, ce qui tend à réduire leurs marges. Dans ce contexte, les professionnels du secteur doivent miser sur un accueil de qualité, des services complémentaires (tables d’hôtes, vente de produits du terroir, etc.) et une identité forte permettant de se différencier des offres concurrentes (lieux insolites, développement durable, culture, etc.).
L’explosion des chambres d’hôtes
En quinze ans, le nombre de chambres d’hôtes est passé, en France, de 4 500 à plus de 70 000 et il s’en crée des milliers chaque année. Parallèlement, le profil des propriétaires a changé : aujourd’hui, ce sont des gens de tous âges qui se lancent dans l’aventure, y compris dans les villes ; le tourisme urbain connaissant un succès croissant. Une nouvelle législation réglemente désormais de façon plus précise les chambres d’hôtes.
Une règlementation officielle
Le décret d’application des dispositions législatives du code du tourisme relatives aux chambres d’hôtes est paru au Journal officiel du 4 août 2007. Il précise que l’activité de location de chambres d’hôtes est la fourniture groupée de la nuitée et du petit déjeuner avec accueil assuré par l’habitant et linge de maison fourni. Elle est limitée à un nombre maximal de cinq chambres et quinze personnes. La chambre d’hôte répond à des conditions d’équipement sanitaire (salle d’eau et WC).
Il détermine les modalités de déclaration de location de chambres d’hôtes à adresser au maire de la commune de l’habitation concernée et prévoit également que les loueurs de chambres d’hôtes mises en location ont l’obligation de procéder à la déclaration en mairie au plus tard le 31 décembre de chaque année après avoir mis leurs chambres en conformité avec les prescriptions réglementaires dans le cas où elles ne le seraient pas actuellement. En application de l’article L. 324-4 du code du tourisme, tout nouveau loueur doit, sans délai, procéder à cette déclaration. Un décret en Conseil d’Etat fixe les sanctions applicables en cas de non-déclaration. Ces dispositions concernant les chambres d’hôtes répondent au triple objectif de transparence de l’activité, de rétablissement d’une concurrence loyale et de cohérence des réglementations applicables pour un produit touristique qui connaît un important développement et participe au maillage de l’offre d’hébergement touristique, notamment en milieu rural.
Chambre d’hôte ou gîte rural ?
Ne confondez pas les deux. La première est comme son nom l’indique, une chambre (ou cinq au maximum) aménagée chez l’habitant, avec selon les cas des sanitaires privés. On peut l’occuper une ou plusieurs nuits, petit déjeuner compris. Ce n’est ni une location de meublé, ni un hôtel. Le second est une maison ou un logement indépendant comportant une ou plusieurs chambres, un salon/salle à manger, une kitchenette ou une cuisine, et des sanitaires.
Avant de se lancer
Ne vous décidez pas sur un coup de tête. Si l’idée de transformer une demeure familiale ou d’acquérir une maison pour en faire un hébergement à touristes peut sembler séduisante, elle mérite réflexion. Au changement de vie s’ajoute d’autres considérations. Aurez-vous la patience de satisfaire les désirs, voire les caprices, de vos clients ? Saurez-vous vous faire respecter dans votre propre maison, préserver votre intimité, tout en étant disponible ? Surmonter le «coup de feu» de la pleine saison avec les accueils, la cuisine, le rangement, les lessives, le repassage, etc. et le vide de la morte saison ?… N’hésitez pas à rencontrer des propriétaires pour confronter votre motivation à la réalité.
Le boom de l’hébergement insolite
Valorisé à plus de 170 millions d’euros en 2018, le marché de l’hébergement insolite a su conquérir le cœur de touristes et de vacanciers en quête de dépaysement et d’alternatives aux solutions d’hébergements classiques. En proposant une véritable rupture en termes de cadre, d’architecture et de prestations, il vise à la fois à donner un maximum de rêve à ses clients, à apporter de l’évasion et à leur faire découvrir une architecture atypique dans un cadre unique. Un pari osé, relevé par de nombreuses personnes ayant fait le choix de se reconvertir dans ce secteur d’activité atypique. Faire preuve d’imagination et d’audace pour imaginer et donner vie à ces endroits insolites sont autant de qualités requises pour gérer ce business.
Ça coûte et ça rapporte combien ?
12 000 euros la chambre, c’est ce qu’il vous faudra environ débourser pour créer une chambre d’hôte (source : APCE). Au niveau des gains espérés, sachez qu’une nuitée pour deux personnes, petit déjeuner compris, se monte en moyenne à 45 euros. Auxquels il faut ôter les charges, environ 30% : électricité, chauffage, eau, impôts fonciers, etc. La durée moyenne d’occupation est de 17 semaines par an, celle du séjour de 3 jours. Faites les comptes… Dans ces conditions, il n’est donc pas rare de voir l’un des conjoints continuer à travailler à l’extérieur. A noter qu’il est possible de compléter l’activité de la chambre d’hôtes par celle de table d’hôtes. Elle consiste à proposer un repas traditionnel à base de produits régionaux, issus si possible de votre jardin ou d’une exploitation agricole. Vous ne pourrez faire asseoir à votre table d’hôtes que les touristes qui dorment dans votre maison.
Sachez enfin que des aides et des subventions sont possibles. Elles peuvent provenir du Conseil Général, parfois du Conseil Régional, et elles varient selon les départements. Pour les projets importants, vous pouvez aussi faire appel à des aides européennes. Il est cependant essentiel d’avoir un capital de départ avant d’ouvrir votre maison à des hôtes itinérants.
M.T.