L’argent est au cœur des entreprises. Il sert à assurer leur fonctionnement au quotidien (loyers, salaires, intrants, etc.) à travers la trésorerie, qui est une préoccupation constante des dirigeants. Mais si le fonds de roulement est essentiel à l’activité, il ne saurait assurer le développement et la croissance des entreprises, qui nécessitent des sommes plus importantes. Pour ces investissements, les chefs d’entreprises peuvent bien entendu recourir à l’emprunt ; mais se tourner vers des partenaires spécialisés est une alternative qui comporte de nombreux avantages.
Financer la croissance des entreprises, une gageure ?
Tous les chefs d’entreprises le savent : sans financement, impossible d’investir et donc de se développer. Racheter une entreprise concurrente ou à l’activité connexe dans le cadre d’une stratégie de croissance externe ou mettre en place de nouveaux matériels, processus ou postes pour une croissance interne demande en effet des fonds. L’innovation, si essentielle pour assurer un développement pérenne des entreprises, est également gourmande en financements, d’autant plus que les retours sur investissements peuvent être éloignés dans le temps.
Or, le contexte actuel, marqué tant par l’inflation que par l’incertitude, a considérablement restreint l’investissement. Un récent sondage réalisé par le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire indique d’ailleurs que 85 % des dirigeants d’ETI ont gelé ou reporté leurs investissements. Les banques demandent de plus en plus de garanties, tandis que la remontée des taux d’intérêt et des assurances renchérit considérablement le prix du crédit.
Trouver des alternatives est donc une nécessité pour les entreprises, et se tourner vers les entreprises de capital-investissement est bien souvent une solution intéressante.
Les sociétés de capital-investissement, partenaires du développement des entreprises
S’il est toujours complexe, voire impossible, de miser uniquement sur les fonds propres, trouver des partenaires est envisageable. Bien entendu, une entreprise déjà mature n’intéressera pas un business angel, et le contexte actuel, international, économique et politique, a rendu les family offices très prudents. Toutefois, les sociétés de capital-investissement — à ne pas confondre avec les entreprises de capital-risque, même si certaines peuvent exercer en parallèle ces deux activités (la différence se situant au niveau des stades d’intervention) — peuvent apporter nombre de solutions, et ce, quel que soit le projet des dirigeants d’entreprise.
Ces entreprises peuvent ainsi proposer des montages de dette privée, de dette mezzanine ou prendre directement des participations dans les entreprises, en fonction de la volonté et de la stratégie des dirigeants, mais surtout de la situation des entreprises. L’expertise de ces sociétés est en effet bien souvent un réel atout, tant par leurs compétences en matière de finance que par leur connaissance des contextes macroéconomiques.
L’arrivée de ce ou ces nouveaux investisseurs peut également avoir un impact positif sur les entreprises d’un point de vue global et parfois opérationnel. Nombre d’acteurs ne se limitent pas au seul apport de fonds mais souhaitent au contraire jouer un rôle actif, en apportant des expertises variées, en fédérant des partenaires, financiers ou non, autour du projet ou simplement en ayant un regard extérieur souvent pertinent.
Accepter un nouvel investisseur n’est cependant pas toujours chose aisée pour les dirigeants, qui restent souvent, et de manière légitime, réticents à diluer leurs parts dans le capital de l’entreprise qu’ils ont créée ou rachetée. Cette solution doit donc être soigneusement pensée et réfléchie, d’autant qu’elle n’est pas adaptée à toutes les situations et à toutes les entreprises. Ainsi, se tourner vers de tels partenaires pour financer une croissance externe, par exemple pour le rachat d’une autre entreprise en réalisant une LBO, est tout à fait pertinent. Il en sera de même pour financer un rachat de parts minoritaires. En revanche, ces entreprises, visant toujours une sortie à terme et investissant des sommes importantes (les tickets se comptant en centaines de milliers d’euros, voire en millions), ne peuvent répondre à de simples besoins de trésorerie.
Ajoutons que les expertises préalables aux prises de participation (due diligence, audits, etc.), ou encore la nécessité d’inclure plusieurs partenaires dans ces opérations, peuvent en rendre la réalisation relativement longue.
Et si la plupart des entreprises de capital-investissement ne se focalisent pas uniquement sur les grands groupes, se montrant au contraire souvent intéressées par des projets portés par des PME et ETI innovantes, il sera nécessaire pour les entreprises d’être en adéquation avec les stratégies d’investissement globales de ces sociétés, parfois spécialistes de certaines verticales. Nombre d’entre elles n’investissent en effet pas uniquement leurs propres fonds mais à travers des véhicules, agrégant donc les fonds d’autres investisseurs dans une stratégie commune, de plus en plus régulièrement associée à un objectif précis qui s’ajoute à celui de la seule rentabilité.
Une volonté de plus en plus réaffirmée de flécher les investissements
Les questions de RSE ont, on le sait, pris une importance croissante dans la société et dans la vie économique. Le secteur de la finance ne fait pas exception, tant à cause des mesures prises par le législateur que pour répondre à des impératifs d’image. Bien des dispositifs légaux, notamment européens, restent encore largement incitatifs. Toutefois, les investisseurs, dans cette logique RSE, tendent à privilégier des investissements pouvant avoir un impact positif sur la société, tant d’un point de vue écologique que social.
Plusieurs sociétés de capital-investissement ont donc logiquement créé des véhicules spécifiques allant dans ce sens — quand la société n’est pas uniquement spécialisée dans cette typologie d’investissements — et sont de plus en plus attentives aux aspects extra-financiers de leurs prises de participation, tant pour répondre aux sollicitations de leurs partenaires que par conviction profonde.
Certains objecteront que cette volonté affichée de donner du sens aux investissements n’est finalement qu’un effet de mode passager et que le financement de l’économie, en permettant la création de valeur et d’emploi, est en soi impactant pour la société. Cela est certes vrai, mais nombre d’acteurs interrogés, au regard de l’ampleur des enjeux, estiment cela réducteur et pointent au contraire le besoin de flécher les investissements pour faire évoluer les entreprises et les inciter à une plus grande prise en compte des questions environnementales et sociétales sans pour autant négliger les aspects économiques et financiers.