Par Margot Delvarre
Le 1er mars 2024, l’homme d’affaires franco-ivoirien Serge Hié, fondateur de la plateforme d’Art classique africain Glory Art First avait cédé à la fondation Children of Africa un masque Yohouré (origine Mandé-Centre ouest de la Côte d’Ivoire) qui a été vendu 140 000 € lors de la soirée de Gala organisée par Dominique Ouattara, première dame de Côte d’Ivoire.
C’est à cette occasion que, le 2 mai 2024, Dominique Ouattara a remis à Serge Hié un Award en reconnaissance de son engagement pour la cause des enfants de Côte d’Ivoire et d’Afrique.
Serge Hié, héritier d’une lignée de collectionneurs, a créé Glory Art First, une plateforme innovante dont l’ambition est de faire comprendre et apprécier les arts anciens d’Afrique. C’est aussi un outil qui permet d’authentifier et d’expertiser les œuvres du patrimoine africain.
Pourquoi avoir participé au Gala de bienfaisance de Dominique Ouattara ?
Tout d’abord, j’ai un profond respect pour la première dame, Dominique Ouattara, qui se dévoue avec sa fondation Children of Africa à améliorer le sort des enfants de Côte d’Ivoire et d’Afrique en général. D’autre part, la plateforme que j’ai créé Glory Art First a pour but de démontrer aux jeunes africains l’importance de notre Art classique d’Afrique. Les sommes récoltées par la vente aux enchères au profit de la fondation démontrent que notre patrimoine a une valeur.
Allez-vous réitérer ce type de dons ?
Si la cause est juste et sincère, nous le referons. Notre ambition est de mettre en valeur cet art africain que sont nos masques, nos statues, nos totems… Je souhaite transmettre ma passion et partager l’émotion que nos chefs d’œuvres procurent.
Depuis quand êtes-vous collectionneur ?
J’ai eu la chance d’avoir un oncle collectionneur qui m’a initié. Il m’a appris à observer la patine, la cambrure, à capter l’identité olfactive, de ressentir l’émotion quand vous tenez une pièce dans vos mains. Chaque œuvre a sa propre histoire, l’histoire de ce fabuleux continent.
Combien possédez-vous d’œuvres ?
Comme j’aime le dire, être collectionneur va bien au-delà du simple nombre de pièces. J’ai commencé ma collection par l’acquisition d’œuvres de mon pays d’origine la Côte d’Ivoire. Je me souviens que ma première pièce était une statuette Déblé Sénoufo. Ce fut un véritable coup de cœur. Aujourd’hui ma collection est composée principalement de pièces provenant d’Afrique de l’Ouest et centrale.
Contrairement à d’autres collectionneurs africains, vous n’êtes pas revendicatif et n’exigez pas la restitution des œuvres d’art qui se trouvent dans les musées nationaux occidentaux ?
C’est exact. Je reconnais que sans l’occident une grande partie de notre patrimoine n’aurait pas survécu.
Nos œuvres, présentes à l’étranger, agissent comme des ambassadeurs de notre culture à travers le monde. L’Occident joue un rôle crucial dans la valorisation de ces pièces, mais il est essentiel d’équilibrer cette dynamique. Ils ont apprécié ce que nous avons créé – désormais, nos États doivent moderniser leurs musées pour préserver et mettre en valeur notre patrimoine.
Cette évolution doit être progressive et réfléchie, créant ainsi un pont culturel entre les deux mondes, c’est l’objectif de Glory Art First. Plutôt que de simplement ramener nos œuvres, réfléchissons à l’intégration de l’Afrique dans cette démarche occidentale. Avec un marché déjà existant pour nos œuvres, quelle est la place de l’Afrique dans ce contexte ?
La solution réside dans notre intégration complète dans ce domaine économique.
Il est essentiel que l’Afrique participe activement à la valorisation et à la gestion de notre patrimoine artistique à l’échelle mondiale.
Comment être certain de l’originalité et de l’authenticité d’une œuvre ?
C’est tout le travail de Glory Art First et de ses experts. Nous travaillons avec le musée des civilisations de Côte d’Ivoire dont les compétences permettent de déterminer l’origine de chaque œuvre, de comprendre sa signification, de tracer son « trajet » et de dater l’œuvre. Pour ce faire, il faut connaître parfaitement l’Afrique région par région.
L’Art premier ou ancestral est très à la mode en occident. Des œuvres se vendent à prix d’or. Comment expliquer vous ce phénomène ?
Parce que notre patrimoine est juste magnifique, d’une modernité absolue. Nous ne sommes qu’au prémices de ventes qui dépasseront plusieurs millions d’euros. C’est d’ailleurs une très bonne chose pour nos musées qui vont ainsi pouvoir s’agrandir et recevoir plus de visiteurs. Cela va nous permettre de préserver davantage notre patrimoine.
Quels sont vos projets ?
Je suis l’un des Membres fondateur d’un club privé à Abidjan (Capitale économique de la Côte d’Ivoire), La Résidence, qui est réservé à une communauté restreinte de personnalités influentes des affaires. Nous leur offrons un cadre de vie exceptionnel : salons privés, lounge bar, restaurants, club à cigares… Ce lieu est aussi une galerie d’art où ils peuvent découvrir ma collection mais aussi des œuvres plus contemporaines.
Nous avons prévu d’organiser en octobre prochain, juste après le parcours des Mondes, le premier événement exclusif et privatif de Glory Art First en Côte d’Ivoire, à la Résidence Abidjan : le vernissage du célèbre photographe Hughes Dubois. Didier Claes, une figure renommée dans ce domaine, participera également à cet événement. Nous bénéficions du soutien de fondations d’entreprises internationales, de banques et de ministères, qui seront présents à cette occasion.
Actuellement, mon équipe et moi sommes pleinement investis dans les préparatifs de cet événement. Notre ambition est de reproduire ce format pour rassembler des passionnés d’art venant de l’Occident afin de les initier à l’art en Afrique.
Glory Art First va-t-elle ouvrir sa propre galerie marchande ?
Non. Mais, nous allons collaborer avec des galeries prestigieuses. Nous étudierons au cas par cas les éventuelles propositions.