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Le crowdfunding pour initier une levée de fond ?


Pour une jeune start-up, un passage sur une plate-forme de crowdfunding peut être très utile pour boucler un tour de table.

Pour une jeune start-up, un passage sur une plate-forme de crowdfunding peut être très utile pour boucler un tour de table.

Qu’est ce qui conduit un cabinet d’avocats à lancer sa propre plate-forme de crowdfunding ?

Sébastien Robineau :

Nous intervenons très régulièrement aux côtés de sociétés qui ont besoin d’obtenir du financement, entreprises de toutes tailles d’ailleurs. Lorsque le secteur bancaire peine à accompagner ces entreprises, pour diverses raisons, il reste à ces dernières le financement de leurs capitaux propres.

Le recours aux marchés financiers n’est pas adapté aux jeunes sociétés et certaines entreprises à maturité sont parfois freinées par le coût d’une opération de marché puis les coûts récurrents liés à une cotation. Intervenant, en qualité d’avocats, aux côtés de ces entreprises qui lèvent des fonds, nous savons que boucler un tour de table n’est pas toujours simple.

Les interlocuteurs (venture capitalists ou fonds d’investissements) ne sont pas aussi nombreux que cela et ils poursuivent des objectifs de rentabilité de leurs investissements élevés, ce qui les contraint à être très sélectifs sur les entreprises financées. Pour finalement boucler un tour de table, un passage sur une plate-forme de crowdfunding peut être très utile. C’est le constat que nous faisons dans de nombreuses opérations.

Nous avons une offre désormais globale à proposer à nos clients en phase de levée de fonds, leur permettant de disposer d’une plate-forme sur laquelle sont présentées des entreprises sélectionnées par un comité de sélection auquel participent des avocats rompus aux opérations de fonds et business angels à leurs temps perdu…

Pour un porteur de projet, quelles raisons pour faire sa campagne sur votre plate-forme plutôt que chez un des leaders du secteur ?

En créant cette activité distincte de notre activité traditionnelle, dans une structure juridique autonome, mais en lui associant le nom de notre cabinet, nous prenons un risque d’image pour nous si ce projet ne connaît pas le succès que nous en attendons. Aussi, cela démontre notre volonté de sécuriser tous les aspects juridiques de chacune des levées de fonds qui seront présentées sur la platef-orme de Homère Crowdfunding. Il en va de notre image de marque…

C’est certainement le critère différenciant qui ne me semble pas négligeable. J’ai parfois eu quelques grands moments de solitude en parcourant la documentation juridique disponible sur certaines plates-formes. (Rires) Naturellement, rien à redire sur la qualité du travail de notre partenaire, Raizers, avec lequel nous sommes liés dans cette opération !

En tant qu’avocat, quels sont les écueils juridiques auxquels il faut porter attention quand on fait appel au financement participatif ?

Pour une entreprise qui souhaite lever des fonds sur une plate-forme de crowdfunding, le principal écueil est de vouloir ouvrir son capital, condition sine qua non à une telle levée de fonds, sans pour autant accepter que des tiers participent aux assemblées d’associés ou d’actionnaires.

Ce comportement, compréhensible, conduit à vouloir proposer une documentation juridique privant les investisseurs de leurs droits les plus élémentaires. Avec une telle documentation, l’opération est vouée à l’échec… Je garde le souvenir d’une belle levée de fonds qui aurait pu se réaliser en quelques jours. Malgré mon opposition, mon client a souhaité une documentation juridique draconienne pour les investisseurs.

L’opération est devenue un échec cuisant et l’entreprise est désormais au bord du gouffre… Le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière ne font pas bon ménage dans le crowdfunding !

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