Et pourtant, elle est sacrément utile en affaires. Cela s’appelle la force d’oser, un atout qu’incarnait à merveille un certain Bernard Tapie. Autre exemple : en Suisse, celui du fameux promoteur helvétique, Christian Constantin, qui a bâti en trois décennies un empire immobilier, avec une fortune de 430 millions d’euros, par ailleurs président du club de football le FC Sion.
Il racontait récemment chez nos confrères du journal L’Équipe comment, jeune étudiant de 20 ans, il avait réussi à convaincre un certain Agnelli, l’immense condottiere du groupe FIAT : « Au départ, j’étais apprenti dessinateur chez Gilbert Facchinetti, grand entrepreneur en travaux publics (Xamax) qui construisait les autoroutes à travers la Suisse. » « J’ai vu de suite le potentiel qu’il y avait aux sorties d’autoroute et notamment à Martigny au bout du Valais. Il y avait un garage FIAT. FIAT, c’était la Juventus de Turin de Gianni Agnelli. J’avais 20 ans, j’ai acheté un billet du match Juve – Catanzaro en tribune présidentielle. Et là, à la mi-temps, je vais aborder Agnelli. Je lui explique que je veux acheter un garage et surtout son terrain à Martigny. Il me regarde et me donne un numéro. J’avais 20 000 francs suisses à lui proposer alors que l’ensemble en valait 660 000 ! Mais il m’a aidé et j’ai fait le deal. »
C’est là que Christian Constantin a réussi sa première opération pour construire son siège social, des bureaux, appartements et un hôtel restaurant. Le début d’une épopée presque sur un culot monstre. Le propre de beaucoup d’aventures entrepreneuriales. Ne réussissent que ceux qui essayent ! Un destin qui en vaut bien un autre. Cette capacité à oser et à se projeter en avant est une force essentielle de l’entrepreneur.
Le pouvoir extraordinaire de l’humilité chez les dirigeants.
À ne pas confondre avec l’humilité qui reste aussi, contrairement à une idée reçue, une vertu cardinale pour les dirigeants d’entreprise. Marilyn Gist, professeure à l’université de Seattle et auteure du livre « Le pouvoir extraordinaire de l’humilité chez les dirigeants » (Pearson), nous rappelle à juste titre dans Les Échos (1/8/2023) que : « L’humilité du dirigeant comporte six clés : un ego équilibré et une intégrité sans faille, une vision mobilisatrice et des stratégies éthiques ainsi qu’une inclusion généreuse et l’accompagnement du développement… Un peu à l’image d’une clé pour ouvrir un verrou. Il faut utiliser la bonne clé et la tourner dans le bon sens. Si nous ne possédons pas la bonne clé, le verrou reste fermé. » Tout est dit.
Robert Lafont