Par Jean-David Haddad, économiste, co-auteur, pour la partie économique, du livre « La belle équipe du football français – 50 ans de légende de Platini à Mbappé », chez JDH EDITIONS.
C’est dans moins de deux semaines que sera donné l’envoi de la Coupe du monde. Derrière le spectacle, la finance !
La saga des joueurs de football s’inscrit en effet dans une immense saga économico-financière qui a de quoi faire rêver ou du moins donner le tournis… En la matière, l’organisation de la Coupe du monde 2022 bat des records…
200 milliards de dollars : c’est le budget que le Qatar a investi pour la coupe du monde 2022. Les investissements en question concernent la construction d’infrastructures sportives, de transport et hôtelières. Cela représente plus que le PIB dudit Qatar (environ 150 milliards). C’est la première fois qu’un pays investit plus que son propre PIB annuel sur un évènement ! Imaginez une entreprise réalisant 1 million de chiffre d’affaires annuel qui dépenserait 1.5 million sur un évènement ! C’est un peu le même principe.
C’est dire l’ampleur économique que ce sport a pris aujourd’hui. Tous les montants en jeu ont augmenté et atteignent des niveaux stratosphériques : les budgets d’organisation d’un tournoi, les salaires des meilleurs joueurs, les transferts, le coût des places dans les stades… Tout !
Un billet pour assister à la finale de la coupe du monde au Qatar coute entre 500 euros et 1500 euros ! Selon Ouest France (5 avril 2022), vouloir assister à tous les matches de l’équipe de France jusqu’à la finale (si elle y parvient) couterait entre 1318 et 3520€ (hors voyage et hébergement bien entendu). Tout cela situe le prix des places environ 30% au-dessus de la précédente coupe du monde au Brésil. Dans le monde du football, tout est prétexte à business, jusqu’aux visites organisées des stades de foot. Par exemple, le stade de Barcelone attire chaque année 1.2 millions de visiteurs (c’est presque deux fois le musée Grevin), pour un billet coutant 28€ la simple visite (et non le fait d’assister à un match).
Le monde du football s’est énormément financiarisé et de manière décomplexée. Chaque année ou presque, les records battent des records… Par exemple, le prix des transferts des joueurs qui constitue une des transactions les plus hautement symboliques du monde footbalistique. Et, paradoxalement, cela est bien accepté des français qui critiquent les salaires des grands patrons…
Ainsi, les transactions qui correspondent aux transferts ont lieu sur un marché organisé, appelé le Mercato (qui signifie tout simplement « marché » en italien). Ces prix des transferts ont augmenté de manière stratosphérique ces dernières décennies, comme on peut le voir sur le graphique suivant qui montre le niveau du dernier record établi (il n’y en a pas eu depuis 2017).
Le dernier record du mercato est celui de Neymar acheté par le PSG au FC Barcelone pour un montant de 222 millions d’euros. C’est environ la moitié du budget d’une ville comme Nantes ou Nice !
Les salaires des joueurs ne sont pas en reste. Aujourd’hui, les joueurs de foot, dont les salaires s’établissent à plusieurs dizaines de millions d’euros annuels pour les stars, dépassent ceux du football américain voire même ceux des stars du basket à la NBA, ce qui n’était absolument pas le cas il y a dix ou vingt ans.
Finalement peu importe l’utilité sociale des joueurs de foot, tout cela est profitable à la croissance économique et c’est là l’essentiel !
Jean-David Haddad