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Le groupe Vial sauvé par Brisach


Aux abois depuis 18 mois, le groupe Vial voit enfin son avenir s’éclaircir après son rachat par Thierry Rousseau, le patron des cheminées Brisach.

Aux abois depuis 18 mois, le groupe Vial voit enfin son avenir s’éclaircir après son rachat par Thierry Rousseau, le patron des cheminées Brisach.

Il était temps ! Depuis 2014, la situation n’est guère reluisante pour Vial. Le groupe de menuiserie industrielle «discount», implanté à Gignac-la-Nerthe (13) près de Marseille, est en effet en redressement judiciaire et cherche activement un repreneur.

Car, malgré une restructuration, l’enseigne varoise perd des parts de marché et voit son CA se dégrader, 78 M€ en 2014 (-8%), 65 M€ en 2015. Le contexte est délicat. En effet, la PME patauge depuis qu’elle est orpheline de son président charismatique, Fabrice Vial, assassiné en août 2011 en Corse à l’âge de 43 ans. Si bien que, lorsque Thierry Rousseau et ses deux associés, Thierry Chatin et Erick Thomas, font part de leur intérêt, les 340 du groupe aperçoivent le bout du tunnel.

 

Un reprise providentielle

Via sa holding familiale, détentrice du groupe Brisach à 100%, Thierry Rousseau, P-DG de la marque de cheminée au 30 M€ de CA, s’est donc porté acquéreur du groupe Vial et de ses 47 points de vente. Grâce à ce rachat, dont le montant est tenu secret, il en devient l’actionnaire majoritaire avec 51%, les 49% restants appartenant à parts égales à Thierry Chatin et Erick Thomas.

«Nous nous connaissons depuis 10 ans et avons souvent eu l’occasion d’échanger sur nos expériences respectives. Nous entreprenons quelque chose ensemble car nous sommes parfaitement complémentaires à travers nos compétences», explique Thierry Rousseau. À ses côtés, Thierry Chatin, ex-directeur finances France pour Quantum Partners et ex-DGA de SICA2M, et Erick Thomas, ex-DRH chez Valeo et BAYER Cropscience et créateur et gérant depuis 3 ans de FdMo (concession Brisach). Trois entrepreneurs talentueux qui ont donc de la bouteille !

Un rachat stratégique

Si le rachat est humainement cohérent, il l’est également en termes de stratégie. «Les 2 groupes évoluent dans l’univers de la maison. L’un à travers des appareils de chauffage, l’autre dans l’isolation avec la commercialisation de portes et fenêtres. Des activités complémentaires et génératrices de business croisé».

Depuis plus de 30 ans, en effet, le groupe Vial fabrique et distribue des produits de menuiserie pour la maison (portes, fenêtres mais aussi portails, escaliers…), avec un rapport qualité/prix performant. On peut donc se réjouir que le 1er groupe français indépendant de menuiserie industrielle «discount» entame désormais une nouvelle phase de croissance.

Si les 2 marques-enseignes conservent leur positionnement spécifique, ensemble, elles couvrent un plus large marché, avec des offres premiers prix chez Vial et plus haut de gamme chez Brisach. Pour les 2 réseaux, les synergies permettront d’apporter une solution 360° aux consommateurs : un chauffage au bois économique et une isolation parfaite.

Pour Vial, c’est la garantie de voir ses ventes s’accroître grâce à l’expertise Brisach. En effet, le groupe fabriquera des produits de menuiserie spécifiques, tous conçus dans ses usines françaises, et vendus dans le réseau de distribution Brisach à prix maîtrisés. Enfin, nouvel axe stratégique de développement, Vial renforcera son offre produits à destination de sa clientèle professionnelle d’artisans, installateurs et autres professionnels du bâtiment.

Si le repreneur reste encore prudent quant aux objectifs, ses ambitions sont grandes. «Il est encore trop tôt pour les quantifier. Vial ad’abord besoin de stabilité. Nous allons donc au préalable consolider ses fondations. Ensuite, il sera temps d’entreprendre une phase de conquête», confie Thierry Rousseau.

Thierry Rousseau, un serial repreneur

Thierry Rousseau, 52 ans, n’en est pas à son coup d’essai. En 2004, cet ex-collaborateur du groupe Bouygues Construction reprend l’enseigne René Brisach et la repositionne. «J’ai toujours souhaité avoir des responsabilités. Au cours de mes premières années d’expérience, j’ai compris que je souhaitais également acquérir de l’indépendance et évoluer dans des organisations à circuits de décision plus courts. Pour cela, une solution s’est imposée : entrepreneuriat».

Détenu par des fonds d’investissement pendant presque 10 ans, Brisach stagne durant cette même période. Lors de la reprise, l’entrepreneur décide donc de repartir de la base.

«C’est avec surprise que j’ai constaté que les clients de Brisach étaient en fait… des clientes ! En effet, les femmes entraient majoritairement dans nos magasins, plutôt positionnées sur le segment CSP+, propriétaires de leurs logements et avec des problématiques de décoration plein la tête. Dans le même temps, nous avons constaté que la clientèle traditionnelle et historique de Brisach était plus cinquantenaire que trentenaire. Sur la foi de ce constat, René Brisach est devenu Brisach et Cheminées est devenue…. Les décorateurs du foyer. Dès lors, il était nécessaire de revoir la communication, les produits, la production…».

Parallèlement, l’entreprise doit gérer une profonde mutation du marché avec la forte décroissance des cheminées en pierre au profit de celles en métal et la montée en puissance des poêles à compter de 2006. En homme d’affaires averti, Thierry Rousseau repositionne donc la marque pour coller aux besoins des consommateurs.

Et cela fonctionne puisque Brisach (30 M€ de CA) voit ses ventes s’envoler et son réseau s’agrandir (120 M€ de CA). «Avec une notoriété constatée de 69% [source : BVA, NDLR], Brisach est la marque leader en France. L’objectif que je me suis fixé est donc atteint», annonce fièrement Thierry Rousseau. Désormais, il compte bien remettre Vial sur de bons rails.

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