Si la Provence est le pays du rosé, le Languedoc a aussi son mot à dire. La première région viticole en volume de France est une spécialiste du rouge, mais a lancé des rosés à succès depuis déjà bien des années.
Ce « petit » vin auquel on n’accordait pas trop d’attention est devenu l’un des préférés de l’été. La région languedocienne se veut accueillante et sans chichis, et son rosé se positionne justement comme le vin à déguster en famille et entre copains autour des barbecues, contrairement à certains Provence qui jouent les soirées chics. Les cépages du rosé languedocien sont le Cinsault, Grenache, Syrah, Mourvèdre, Merlot, Cabernet-Sauvignon.
Et si le rosé était languedocien ?
Qu’on se le dise, le Languedoc produit environ 2,5 millions d’hectolitres de ce vin pour 1,2 million en Provence. La région peut donc se targuer d’une bonne légitimité. La plupart des vignerons ont eu peur de ce vin si marqué par la saison estivale, mais au fil du temps, les producteurs ont mis en place une stratégie marketing qui remporte un vrai succès : le rosé n’est pas simplement le vin de l’été et des vacances, il est aussi celui que l’on boit lorsque l’on a envie de retrouver l’ambiance estivale. Peu importe que ce soit en plein hiver au cœur de Paris.
Il plaît ce rosé, aux femmes, aux jeunes et finalement à tous les autres qui apprécient des vins aux goûts et arômes divers et intéressants, sans qu’il soit forcément nécessaire d’être un connaisseur expérimenté.
Clos du Temple, le concurrent des plus grands
Gérard Bertrand n’a plus à être présenté chez les professionnels du vin. Les gammes de la maison sont larges, mais il a décidé de frapper fort en lançant un premier millésime du domaine du Clos du Temple en 2018 dont on peut dire qu’il a fait mouche. Les commentaires des professionnels ont été plus qu’élogieux et le 2019 a été désigné meilleur rosé du monde par le magazine Drinks Business. Le jury de 56 professionnels a donné une note de 96/100, à égalité avec la cuvée Garrus Château d’Esclans de Sacha Lichine. Tout a été mis en place pour que ce vin soit irréprochable.
Les rouges Grenache, cinsault, syrah, mourvèdre se sont associés au blanc viognier pour ce vin très haut de gamme. La vigne du Clos du Temple est cultivée en biodynamie, les raisins sont récoltés à la fraîcheur du matin manuellement sur une terre spécialiste de rosés. Huit hectares simplement pour sept parcelles protégées par des collines et dont la vinification est faite séparément. Cet AOP Languedoc Cabrières vaut son pesant d’or.
Le Puech-Haut, une belle réussite
Il y a différents vins dans ce fameux Puech-Haut dont la cuvée Prestige et le Saint-Drézéry Première Rosé, ou l’Argali, des vins rosés qui font l’unanimité chez les amateurs et connaisseurs dans des gammes différentes. Le domaine s’étend au total sur 180 hectares, même si en réalité il y a trois domaines en un. Le château Lavabre, le domaine de Theyron et le château Puech-Haut. Son histoire est intimement liée à celle de Gérard Bru, industriel reconverti pour retrouver ses racines languedociennes et se tourner vers la viticulture. Une aventure couronnée de succès, la preuve en est qu’il a créé un acteur incontournable et respecté du monde viticole.
L’homme a le cigare vissé en bouche, et s’il avait déjà réussi dans l’industrie, rien n’indiquait que l’achat d’une propriété vierge de 30 hectares se transformerait ainsi. Pas une vigne à l’horizon. Dès le première année, 25 hectares sont plantés, le vin part en coopérative. A la fermeture de cette dernière, une autre aventure commence et la première cuvée maison est lancée en 1994.
30 000 bouteilles pour démarrer, et plus de 500 000 aujourd’hui, la réussite est là. Et Gérard Bru construit. Comme les anciens, il récupère des morceaux de bâtiments anciens de la région pour mener à bien ses projets sur place. Et le rosé dans tout cela ? Il a commencé à en faire en 2005, avant la grande mode. L’idée est d’aller sur la qualité, et le pari a été gagnant. La production de Puech-Haut porte aujourd’hui à 50% sur le rosé, à 45% sur le rouge et 5% sur le blanc, 30% est exportée.
Le Gris-Gris des Jonquères d’Oriola
Il fallait oser. Appeler son dernier né le gris-gris est un joli jeu de mot, mais il est vrai que le « gris » a longtemps eu une réputation sulfureuse en matière de vin, même si cela a bien changé. Ce nouveau rosé est particulièrement apprécié des cavistes, grenache et syrah se mariant avec bonheur. Il faut dire que pour un Côtes du Roussillon, il titre à 12.5°, un volume moins élevé que la moyenne dans cette région. Au château de Corneilla, bâti au XIIIème siècle par les Templiers, on parle depuis longtemps beaucoup plus de vin que d’équitation ou d’escrime, même si ce passé glorieux fait partie intégrante de la culture de la maison.
Il faut dire que l’histoire remonte à 1485. Aujourd’hui, la propriété s’étend sur 80 hectares et sur des zones différentes des Pyrénées-Orientales, elle est dirigée par Philippe Jonquères d’Oriola et son fils William, la 27e génération ! La propriété est exploitée en agriculture raisonnée, labellisée HVE, elle dispose également d’une oliveraie de 6000 arbres, qui produit une huile d’olive vierge extra biologique.
E.S.