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Le monde des illusionnistes


L’édito de Bernard CHAUSSEGROS Voilà des mois que je l’affirme, et je ne suis pas prêt de m’arrêter de répéter inlassablement cette profession de foi : « La France ne pourra se redresser que par le travail, et tout particulièrement grâce à nos brillants et dynamiques entrepreneurs ». Mais lorsque je vois...

Vincent Bollore (Photo Ammar Abd Rabbo/ABACAPRESS.COM Bollore Vincent Politi)

L’édito de Bernard CHAUSSEGROS

Voilà des mois que je l’affirme, et je ne suis pas prêt de m’arrêter de répéter inlassablement cette profession de foi : « La France ne pourra se redresser que par le travail, et tout particulièrement grâce à nos brillants et dynamiques entrepreneurs ».

Mais lorsque je vois le niveau insensé de verbiage qui a cours à haut niveau dans certains milieux décisionnels, mais aussi dans la vie de tous les jours, dans les conversations privées, dans les médias, ou sur les réseaux sociaux, je me dis qu’il y a de fortes raisons de s’inquiéter.

Il suffit de pas grand-chose, d’ailleurs, pour s’en rendre compte, un simple fait divers, au cours d’une émission de télévision consacrée à des débats de société, mais où toute forme d’échange se transforme en invectives et injures ! Moi, cela suffit à me convaincre que le niveau du débat public, et plus particulièrement celui porté par cette nouvelle frange d’élus que nous connaissons désormais en France, est d’une pauvreté inquiétante.

Ce constat pessimiste on appelle bien d’autres, mais en voici au moins deux. Le premier concerne le niveau culturel de toutes ces personnes plus ou moins titrées, élus, ou pseudo-experts, qui s’expriment, partout et en tout lieu, sans compétence et sans légitimité, mais qui passent aux yeux des téléspectateurs qui assistent à leur triste contribution, pour des spécialistes détenteurs d’une vérité absolue.

Je suis frappé de constater, en effet, le contraste qu’il y a entre ceux qui parlent et ceux qui agissent. Dans ma vie professionnelle, j’ai malheureusement souvent croisé des « illusionnistes », et comme on le sait, ces derniers sont parfaitement habiles pour obtenir ce qu’ils veulent en utilisant des « subterfuges » avec un seul objectif : tromper la confiance d’autrui par de belles paroles, un peu comme le Renard se comporte vis-à-vis du Corbeau de la fable.

En réalité, dans notre monde économique, il y a ceux qui agissent, qui travaillent, qui créent de la valeur, et ceux qui ne font rien qui puisse réellement contribuer à la richesse nationale, en somme ceux qui parlent, le plus souvent pour ne rien dire. C’est malheureusement le cas d’une grande majorité de ceux qui occupent des emplois dans le monde médiatique et politique. Ils ont, certes, obtenu quelques diplômes, après avoir suivi quelques enseignements d’écoles plus ou moins grandes, mais leur action quotidienne consiste, trop souvent malheureusement, à faire semblant, semblant d’avoir des compétences, semblant d’avoir des responsabilités, semblant d’avoir un pouvoir de décision. En réalité, ces personnages se limitent à occuper des « postes » et à tout faire pour les conserver, à vivre confortablement de l’argent public (ce qui explique le haut niveau d’endettement de notre pays) sans jamais apporter la moindre contribution originale, et en se contentant d’être les alibis démocratiques d’un système dépassé.

Le second constat que je fais concerne le niveau de relativité des raisonnements tenus par toute une caste ces soi-disant spécialistes qui ne remettent jamais leur discours dans le contexte qui s’impose et se contentent d’appliquer à leur analyse un logiciel personnel qui n’a rien à voir avec la réalité de ce dont ils parlent. À titre d’exemple, et je le choisis hors de nos frontières, comment peut-on à longueur de temps, développer des analyses sur ce que pensent les dirigeants chinois, russes, iraniens ou africains, alors qu’on n’a en fait aucune idée, ni de la philosophie, ni de la culture, ni des modes de pensée des personnes dont on parle.

Comment comprendre de tels sujets en se contentant d’y appliquer sa petite logique cartésienne, franco-française, et jacobine ?

Et donc, pour conclure sur ce fameux fait-divers qui agite les rédactions ces jours-ci, lorsque je lis que l’Afrique est pillée par des hommes d’affaires, il convient de s’interroger sur la méconnaissance de ceux qui en parlent. Que savent-ils en réalité de l’histoire des relations de l’Afrique avec tous les pays qui commercent avec elle depuis des siècles ? Que savent-ils en réalité de l’histoire même des nations africaines, des différentes ethnies qui les composent, de leurs alliances et de leurs oppositions, de leurs élites culturelles et économiques, ou de la personnalité de leurs dirigeants ? Comment peut-on connaitre ce continent Africain quand on en connait seulement 2 capitales, Washington et Bruxelles..sic ? un peu de dérision sans être trop loin de la vérité.

Comment peut-on se permettre, fraichement élu de la République par le truchement d’élections biaisées par un absentéisme hors norme ou ancienne ministre qui profite du système jacobin depuis bien trop longtemps, de « critiquer » un grand chef d’entreprise, qui emploie plus de 100.000 personnes dans le monde, qui contribue au rayonnement de notre pays au-delà des frontières, qui n’a pas fait, comme beaucoup d’autres, le choix de l’exode fiscal et qui a démontré, tout au long de sa carrière, ses qualités de visionnaire.

Et que savent-ils enfin du système économique capitaliste qui est fondé partout dans le monde sur la loi de l’offre et de la demande ? Que savent-ils des opérations menées par les Chinois, les Russes ou les monarchies du Moyen Orient pour conquérir ce continent dont on prédit qu’il est l’enjeu de ce siècle ? Si la France y joue encore un « petit rôle », c’est justement grâce à des hommes qui entreprennent : Merci Monsieur Vincent BOLLORE !

Bernard Chaussegros

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