À Toulouse, des ingénieurs d’Airbus lancent Ascendance Flight Technologies, pour produire Atea, le premier avion-hélicoptère. La jeune pousse a déjà reçu des commandes sur 250 achats.
Ill arrive que l’on travaille sur un projet d’étude passionnant, auquel on croit à tel point que cela change sa vie. C’est un peu ce qui s’est passé pour quatre ingénieurs qui travaillaient chez Airbus sur le E-fan, l’avion électrique. L’idée avait été lancée en 2011 pour être finalement abandonnée en 2017, Airbus se consacrant aux gros porteurs. Un an plus tard, Ascendance Flight Technologies voyait le jour pour faire naitre « l’avion-hélicoptère » Atea. Clément Dinel, Jean-Christophe Lambert, Thibault Baldivia et Benoit Ferran ne se sont pas ennuyés depuis lors, leur énergie a permis de faire évoluer leur prototype pour un véritable envol dès l’an prochain.
LE VTOL DU XXIè SIÈCLE
Le Vtol ? Le vertical take-off and landing est la spécificité principale de l’avion-hélicoptère hybride qui sera présentée en démonstration au public à l’occasion des prochains Jeux-Olympiques. Nos 4 ingénieurs ont vu chez Airbus que le petit deux places E-Fan fonctionnait parfaitement en 100% électrique suite au test de traversée de la Manche. C’est de là qu’est née l’idée de « taxis volants » électriques, aboutissant finalement après des années de tests à un engin de transport régional de 4-5 places apte à voler sur une distance de 400 kms à une vitesse de 200 km/heure. Avec quelques autres arguments massue pour séduire : réduction des émissions sonores (4 fois moins qu’un hélicoptère classique), des émissions polluantes (de 50 à 80%). Une idée qui nous fait immédiatement voyager dans l’imaginaire du film « Le Cinquième Élément ».
Mais ici, les cofondateurs travaillent dans la vraie vie. Le premier prototype au 1/6e des proportions finales a volé dès l’été 2018. Équipé de rotors pour les phases de décollage et atterrissage en propulsion électrique, il a également des ailes qui le transforment en avion une fois l’altitude atteinte avec une propulsion thermique. Le passage entre décollage vertical et vol horizontal a été le point technique le plus complexe, donnant lieu à de nombreux tests.
DES CIBLES BIEN IDENTIFIÉES
Les ingénieurs sont sans doute des rêveurs en secret, mais leur formation en fait des gens qui gardent les pieds sur terre. Le « cinquième élément » reste dans le monde fictif pour le moment.
Atea vise dans un premier temps le marché des sociétés d’hélicoptère avec une offre alternative en termes d’appareils sur les lignes existantes. D’autres usages sont également envisagés, tels que la surveillance ou les urgences en montagne par exemple. Le prix fait partie intégrante de l’attractivité de l’offre bâtie par Ascendance Flight Technologies, l’objectif étant de proposer un prix entre 2 et 3 millions d’euros par appareil, soit environ moitié moins cher qu’un hélicoptère classique à deux moteurs.
DEUX BRAS ARMÉS
La startup a pour vocation de commercialiser l’Atea, mais elle dispose également d’un autre atout. En effet, l’Atea est équipé de la technologie hybride Sterna. Sterna a fait l’objet d’un dépôt de brevet en 2021 et peut être utilisée par différents types d’appareils. Plus important encore, elle permet d’évoluer dans le futur vers des sources d’énergie telle qu’hydrogène ou biocarburants. Cette technologie de propulsion hybride pourra être vendue séparément.
10 MILLIONS D’EUROS
Installée auprès de Toulouse, la startup a été incubée chez Agoranov. Jean-Christophe Lambert insiste sur le fait qu’après avoir travaillé dans un grand groupe comme Airbus, se retrouver dans un incubateur qui a vu grandir Criteo et Doctolib est rassurant.
En revenant sur Toulouse, Village by CA a pris le relais et l’accélérateur californien Plug & Play a permis de donner une dimension internationale au projet de l’Atea.Après une levée de 2 millions d’euros en amorçage il y a trois ans avec le soutien de la région Occitanie, 10 millions d’euros ont été levés auprès d’Habert Dassault Finance, Celeste Management, M Capital, Irdi Capital Investissement et de Kima Ventures, le fonds de Xavier Niel. Une somme supérieure aux attentes de départ.
DEEP TECH
Positionnée sur une technologie de rupture, l’entreprise se situe sur le secteur de la deep tech. Cette alternative à l’hélicoptère a déjà séduit, les intentions d’achat n’ont pas tardé à affluer. Elles s’élèvent à 255 selon les dernières communications de l’entreprise, en provenance de sociétés françaises et étrangères.
EN PLEIN ESSOR
Atea est dans sa phase de plein développement, le chiffre de 55 salariés va rapidement augmenter, un déménagement est aussi prévu. La jeune pousse installée sur la zone de Francazal près de Toulouse intègre un centre d’excellence à Muret-Lherm pour faire ses essais de prototype à taille réelle. On est dans la région bénie de l’essor de l’aéronautique.