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Le pass sanitaire : une nouvelle épreuve pour le secteur des loisirs et du tourisme


La chronique économique de Bernard Chaussegros Le « pass sanitaire » est donc entré en application par décret dès mercredi : il devient désormais obligatoire dans les lieux de culture et de loisirs accueillant 50 personnes et plus, avec sans doute beaucoup d’entreprises du secteur qui risquent d’être très vite en difficulté, elles...

Entreprendre - Le pass sanitaire : une nouvelle épreuve pour le secteur des loisirs et du tourisme

La chronique économique de Bernard Chaussegros

Le « pass sanitaire » est donc entré en application par décret dès mercredi : il devient désormais obligatoire dans les lieux de culture et de loisirs accueillant 50 personnes et plus, avec sans doute beaucoup d’entreprises du secteur qui risquent d’être très vite en difficulté, elles n’avaient pas besoin de cela, avec déjà une année 2020 catastrophique..

D’ailleurs les premiers indicateurs montrent que cela a entraîné une baisse de la fréquentation, ce qui inquiètent les professionnels pour la suite de la saison estivale. Si les vacances d’été sont en temps normal une période privilégiée pour les loisirs, le « pass sanitaire » pourrait avoir des conséquences financières importantes.

L’inquiétude prédomine

L’inquiétude est forte sur un secteur qui compte beaucoup de petites structures, parcs animaliers, aquatiques ou sites culturels, pour qui l’été peut représenter jusqu’à 80% de l’activité. Cela peut en effet coûter beaucoup de visiteurs à tous ces lieux saisonniers.

Si la vaccination est en effet la seule manière de sortir de cette crise, il est certain que le gouvernement aurait dû informer les professionnels bien avant la saison. Selon Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État en charge du Tourisme, « les plus gros acteurs du secteur s’en tirent avec du – 10 ou – 15% de baisse de fréquentation ces derniers jours, mais les plus petits sont davantage sur du – 20 à – 60% ».

« Tout n’est pas imputable au pass sanitaire », a-t-il toutefois nuancé, au sortir d’un Comité interministériel du tourisme (CIT) dans l’Yonne mardi, « les jours pluvieux qu’on a connus ont pu jouer, pour les activités en extérieur ». « Plus les entreprises sont petites, plus elles souffrent, car c’est là que la décision de visite est plus impulsive », constate de son côté Arnaud Bennet, président du Snelac (Syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels). « On se décide le matin et la nécessité d’avoir un pass à jour ou de faire un test fait que les gens ne viennent carrément pas, ou carrément moins ».

Dispositifs d’aide « à prolonger » : une solution pour les plus fragiles

Sur un secteur très hétéroclite qui en France compte quelque 2.600 sites de loisirs – des géants comme Disneyland Paris mais aussi nombre de petits parcs d’attraction, animaliers, aqualands, grottes, musées, châteaux… – 90% de ces entreprises, souvent familiales, ont moins de 10 salariés et font 5 à 30 millions d’euros de chiffre d’affaires, selon le Snelac. Après avoir sondé une quinzaine de ses 500 adhérents, M. Bennet estime que l’entrée en vigueur du pass sanitaire le 21 juillet a causé une chute de fréquentation allant « de -15% à -50% et parfois -70% ».

A ses yeux, le pass ne s’imposait pas pour ces « sites en extérieur dont les protocoles très stricts ont démontré leur efficacité en 2020 » et il fera d’une « saison qui s’annonçait bonne, une saison catastrophique ». Ces entreprises sortent de la crise du Covid-19 « fragilisées et surendettées, sans capacité d’investir », dit-il, après avoir perdu la moitié de leurs chiffres d’affaires en moyenne en 2020. Elles sont restées à flot grâce aux aides de l’Etat – activité partielle, fonds de solidarité, PGE-, mais celles-ci doivent s’arrêter fin août.

Or « ce qui fait le dynamisme du secteur, c’est sa capacité à investir en permanence 10 à 30% du chiffre d’affaires pour créer de la nouveauté, fidéliser les clients », affirme M. Bennet. Et ce sont les revenus estivaux qui assurent « pendant la fermeture, qui dure souvent six mois, les salaires, la maintenance, les travaux… » La Fédération des Forains de France a elle pointé mardi une « injustice de traitement » entre « les marchés, les rues piétonnes et les centres commerciaux (…) qui ne sont pas soumis au pass sanitaire », et ses entreprises qui « venaient tout juste de reprendre leur travail ».

Selon les syndicats, le pass sanitaire ‘massacre’ la saison des parcs d’attraction. Obligatoire depuis le 21 juillet dernier à tout le secteur des loisirs et de la culture, il serait en train de ‘tuer’ la saison touristique.

Invité sur l’antenne de France info, le président du syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels (Snelac), Arnaud Bennet, explique que la ‘saison a été tuée dans l’œuf’ : “Le timing n’est pas bon. Il fallait attendre le mois de septembre pour mettre le pass sanitaire en place“.

Le Snelac revendique 500 entreprises (parcs d’attraction ou historiques, zoos, aquariums…) employant au total 50.000 personnes et réalisant un chiffre d’affaires annuel d’environ 3 milliards d’euros.

Arnaud Bennet est donc fortement inquiet et tire la sonnette d’alarme : “Nous l’avons déjà tirée lors de deux entretiens avec Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat au Tourisme. On lui a affirmé notre volonté, comme tout le monde, de contribuer à la disparition de cette épidémie a accélérer la campagne de vaccination. On lui expliquait que nous n’étions pas contre le pass sanitaire, mais que le timing n’était pas bon“, arguant que 90 % des entreprises du secteur sont des entreprises de moins de 10 salariés qui sont dans l’incapacité absolue de dépenser un centime pour assurer le nouveau dispositif.

Déjà fragilisés par les derniers confinements, les parcs d’attraction, espaces de loisirs mais aussi des grottes, des châteaux sont dans le rouge : “Nos sites relevaient à peine la tête et tout d’un coup, tout a été remis en cause. La saison a été plombée par ce dispositif que nous jugeons ni utile ni justifié. En effet, nous sommes dans des sites qui sont en extérieur, ce ne sont pas des lieux de contamination. On a des protocoles qui sont en place depuis 2020, qui ont prouvé leur efficacité puisqu’aucun cluster n’a été a déclaré dans aucun site“, argumente Arnaud Bennet qui est également à la tête du parc zoologique et d’attractions le PAL en Auvergne.

Face à cette inquiétude, M. Lemoyne s’est voulu rassurant : « il est clair qu’aujourd’hui on est face à une 4e vague: qui dit 4e vague dit conséquences économiques, qui dit conséquences économiques dit dispositifs (d’aide) à ajuster, à travailler ou à prolonger, lors d’un travail qui va commencer sous l’égide de Matignon », a-t-il dit. Interrogée par l’AFP, la Compagnie des Alpes (Parc Astérix, Futuroscope) a indiqué ne pas pouvoir évaluer encore l’impact du pass sanitaire, d’autant que « l’effet climatique (temps maussade) n’est pas négligeable », selon un porte-parole.

Zoos, piscines, musées… ces lieux où le pass sanitaire va être imposé dès mercredi

On retrouve dans les premiers lieux ou établissements concernés les salles de conférences, cinémas, salles de spectacles, cirques, salles de jeux, discothèques, établissements de plein air, établissements sportifs salles de sport ou piscines, musées, bibliothèques, événements culturels, sportifs, ludiques ou festifs organisés dans l’espace public ou dans un lieu ouvert au public et susceptibles de donner lieu à un contrôle de l’accès des personnes et bateaux de croisière.

Les professionnels du tourisme aussi très inquiets

Au-delà de la spécificité des métiers – villages de vacances ; campings ; parcs de loisirs… -, responsables d’organisation patronale et chefs d’entreprise pointent le casse-tête du contrôle du public et du personnel.

Pour autant, bien des acteurs de la filière tourisme soulignent tout à la fois le manque de temps pour se préparer à un dispositif qui les prend de court, et les difficultés qu’il engendre. Outre le public, la filière s’alarme de la complexité de la mise en oeuvre du pass sanitaire en matière de ressources humaines, d’autant que les opérateurs font appel à de jeunes saisonniers, loin d’être vaccinés en l’espèce. Faute de vaccination, les exploitants seraient de facto amenés à vérifier des tests PCR deux à trois fois par semaine…

En conséquence, ils redoutent une déperdition de personnels, alors que « le secteur du tourisme est en tension complète ». A l’instar du président du Snelac, ils rappellent aussi que de « nombreux établissements se situent en zones rurales, loin des centres de vaccination ou de tests »…

Au bout du compte, les professionnels plaident pour des « aménagements » voire un report du dispositif de pass sanitaire début septembre tout comme les organisations patronales de l’hôtellerie-restauration

FOCUS sur un PARC D’ATTRACTION : Le Parc SPIROU PROVENCE

Le témoignage de Julien PAPELIER, Président

« Depuis 18 mois le Parc Spirou Provence a su s’adapter grâce à l’engagement et l’agilité de nos équipes aux contraintes mouvantes liées à l’épidémie de Covid 19. 

Ainsi, les jauges, les mesures de distanciation, le port du masque, les procédures de désinfection avaient été des mesures barrières efficaces en 2020, qui ont permis à nos visiteurs de passer de bons moments au parc, en toute sécurité. 

Nous comprenons bien sûr la nécessité de mise en place de nouvelles mesures avec l’arrivée du variant Delta, et en même temps elles constituent un défi de taille.

Nous n’avons disposé que de quelques jours pour mettre en place les mesures de contrôle, et s’adapter à la baisse de fréquentation…. Nous n’avons pas bien compris pourquoi les parcs devaient être les premiers à mettre en place ce dispositif contraignant et ayant un impact économique si fort.

Néanmoins je suis une nouvelle fois impressionné par le professionnalisme et la rapidité d’action de mon équipe, qui a vite relevé le défi et mis en place une organisation fluide.

Les procédures à l’entrée se passent bien, les visiteurs se sont dans la grande majorité préparés, et nous sommes suffisamment proches des laboratoires et pharmacies de Monteux pour qu’un test soit rapidement effectué en cas d’absence de pass.

La bonne humeur reste présente et la qualité d’accueil et l’écoute dont font preuve les équipes du parc depuis son ouverture sont un atout important dans ce contexte.

Côté fréquentation c’est effectivement la douche froide et l’incertitude. Nous avions très bien démarré la saison, avec un début du mois de juillet bien supérieur à nos attentes. L’annonce de l’arrivée du pass a dopé le nombre d’entrées sur les jours précédents sa mise en place, et depuis le 21 juillet, on constate une diminution d’environ 40%. 

Les chiffres sont plus encourageants après cette vague, mais il est certain que l’on perd de la clientèle, du chiffre d’affaires et de la marge, alors que nous devons mettre en place des équipes renforcées et tout cela a un coût.

Au parc Spirou, nous sommes résolument passionnés confiants et volontaires. Les améliorations et investissements réalisés cet hiver, portent leurs fruits : le bouche à oreille est très bon, la satisfaction de nos clients ne cesse d’augmenter. 

Si l’incertitude est immense pour les prochaines semaines (l’impact du pass pour les 12-18 ans en septembre nous inquiète beaucoup, auront-ils eu le temps de se faire vacciner ?), nous savons que nous disposons d’un Parc magnifique, résolument et durablement implanté dans sa région. La fidélité de nos clients nous réconforte et nous permet de regarder plus loin, avec le soutien de nos actionnaires, de la Région Sud et son Président Renaud MUSELIER, pour travailler dès aujourd’hui au développement de Parc Spirou Provence ».


Il y a une logique naturelle et une évidence certaine à mettre en place des moyens pour accélérer la vaccination.  Mais sachant que l’année précédente il a été prouvé que les parcs et lieux de loisirs ne représentaient pas un danger de clusters, imposer le pass sanitaire en pleine saison c’est sans doute « serrer la corde du pendu » alors que cela pouvait raisonnable ment attendre le 1er septembre sachant que les Professionnels, forts de leur expérience de l’année 2020, avaient déjà anticiper avec la mise en place de mesures préventives largement suffisantes pour éviter une propagation de la pandémie… Une fois de plus la bureaucratie a eu raison sur les réalités économiques journalières… À force de tuer la création de richesse

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