Malgré un marché fortement volatile et fluctuant, il en résulte que la période actuelle est finalement la plus propice à s’intéresser à cette révolution technologique : le Web 3.O
Rappelons avant tout quelques principes de base concernant le web 3.0, l’objectif de cette contribution étant de vulgariser au maximum la compréhension de cette technologie.
Le Web 1 pouvait se résumer par un accès à des informations : Read (lire)
Le web 2 se caractérise lui par un échange entre un support et un individu : Read & write (lire & écrire)
Enfin, le web3 apporte une composante essentielle et ultra innovante : Read, write & own (lire, écrire et posséder).
Cette dernière composante est justement le pilier et révolution de cette nouvelle technologie mais également des nouveaux cas d’usage que cela va entrainer.
L’internet décentralisé est la prochaine étape dans l’évolution du Web. Sa mission est de limiter, voir contourner des autorités centrales telles que les gouvernements, les agrégateurs de la finance ou encore tous types de services et de contrôler la façon dont nous accédons aux informations, communiquons entre nous et effectuons des transactions en ligne. C’est cette vision nouvelle et ce terme qui ont donc conduite la communauté crypto à marquer cette évolution technologique sous le nom de technologie Web 3.0 ou blockchain ; cependant, il existe d’autres moyens d’atteindre cet objectif sans utiliser de crypto-monnaies ou de registres distribués (chaînes de blocs).
On parle donc de Décentralisation VS Centralisation (c’est du moins la thèse portée par le fonds w3i.fund) qui va s’intéresser à ces nouveaux acteurs qui vont chercher à simplifier, fluidifier et permettre un accès au web3 et à la décentralisation.
Il est donc important de comprendre cet écosystème en ne se limitant pas aux simples crypto monnaies, mais aux nombreux modèles économiques qui vont être réinventés au travers de nombreux cas d’usages.
Un cas d’usage courant et très simple à appréhender est le cas de l’horlogerie par exemple. Les grandes marques de luxe pourront demain associer à la vente d’une montre un passeport digital (ou encore certificat digital ou bien encore NFT !) qui sera un certificat d’authenticité, un carnet d’entretien et de suivi et qui surtout leur permettra d’accéder au marché secondaire (qui connait une croissance 3 fois supérieure eux ventes primaires) en prélevant quelques % de chaque transaction, étape indispensable si l’on souhaite revendre son bien. Il s’ouvre là donc un marché phénoménal et bien sûr réplicable dans un grand nombre de secteurs tout en renforçant la sécurité pour l’utilisateur.
Le secteur du jeu vidéo (un peu plus de 2,5 milliards de joueurs dans le monde) va rendre et redistribuer une partie de la valeur aux joueurs. Lorsque vous achetez un article digital pour améliorer la performance de votre jeu (un moteur plus puissant pour votre voiture, une épée magique, un pouvoir, etc), traditionnellement, l’éditeur du jeu se voyait attribuer les revenus de ces « add dons ». La blockchain permet donc à tout joueur de devenir créateur de ces articles, de les vendre et d’en percevoir le revenu (certes, l’éditeur prélèvera une commission) mais la communauté de joueurs, souvent représentée par une gouvernance décentralisée (appelée aussi DAO – Decentralized Autonomous Organization) aura acté, via un contrat (smart contract), ancré dans la blockchain et donc traçable, vérifiable, infalsifiable et transparent, les règles d’attribution de la valeur crée. Cette notion de transfert du titre de propriété vers les joueurs permettra de les fidéliser encore plus et de favoriser l’usage des jeux avec des communautés encore plus engagées.
La Defi (Decentralized Finance ou Finance Décentralisée) apporte elle des cas d’usages inédits. Certains argumenteront que ce modèle n’est pas viable, à l’image de la débâcle de FTX qui a récemment fait l’actualité. Il s’agissait justement d’une plateforme centralisée, à l’inverse de ce que prône le modèle de décentralisation ou des individus peuvent collatéraliser leurs actifs pour du prêt ou de l’investissement, toujours garanti avec une contrepartie ancrée sur la blockchain.
L’immobilier, l’art, l’automobile, le luxe, la mode, les transports, la distribution, la musique, les médias et toute une palette de services et industries, pas un seul secteur ne sera étranger aux innovations apportées par ces blockchains.
Tout cela est donc permis par ce que l’on saurait nommer le : « Verifiy, don’t trust»
Aujourd’hui vous faites confiance aux institutions financières alors que la blockchain vous permet de vérifier par vous-même la solvabilité des dits protocoles. L’utilisateur devient l’auditeur. Cette notion de « Verifiy, don’t trust» » est donc la base de l’essor futur de ces nouvelles technologies.
Il n’en reste pas moins qu’il reste à ce jour des risques de hacking (mais finalement pas si différents aux débuts de l’internet lorsqu’il était assez risqué de sortir sa carte bleue lors d’une transaction en ligne) – ce qui fut néanmoins rapidement rétabli par l’apparition d’acteurs destinés à protéger nos transactions, parfait parallèle avec l’émergence d’acteurs similaires sur les sujets de Defi.
La Banque fédérale de New York a publié un article de recherche qui a soigneusement examiné si la migration des transactions cryptographiques des plates-formes centralisées vers les protocoles de finance décentralisée (DeFi) pourrait offrir aux investisseurs une meilleure protection. Le rapport confirme le risque de piratage cryptographique, qui a malheureusement établi un record de 4,3 milliards de dollars en 2022. Cependant, pour le contexte, les Américains à eux seuls perdent plus de 10 milliards de dollars par an à cause des fraudes liées à Internet / centres d’appels, et plus de 1 700 vols de banque ont eu lieu aux États-Unis seulement en 2021. La fraude et le vol ne sont pas un phénomène du monde crypto
Il conviendrait également de ne pas oublier que nous sortons d’une période inédite et sans doute unique dans l’histoire quant à l’afflux de capitaux. Les effets post-covid ont permis de déverser de telles quantités monétaires sur les marchés en parallèle de l’émergence de ces technologies, qui, promues à un brillant avenir ont très rapidement crée une bulle spéculative ou la moindre collection pseudo artistique pouvait atteindre des valorisations stratosphériques.
L’apurement subi depuis quelques mois laissera maintenant de la place à des projets innovants, apportant de vrais fonctionnalités et utilités aux possesseurs de ces biens digitaux.
Le dernier élément permettant l’essor de cet écosystème reste donc l’usage.
Certes, même si 8% des Français déclarent avoir déjà investi dans les crypto-monnaies (sondage KPMG/Ipsos réalisé pour l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan), ils n’étaient que 3% en 2020 – à comparer aux chiffres de la bourse ou seuls 6,7% se disent boursicoteurs.
La vitesse d’adoption sera donc la clé de succès du déploiement de ces nouvelles technologies, vitesse sans doute ralentie par les différentes secousses de cette année, qui décoléra sans doute d’ici 3 à 5 ans (repoussée vraisemblablement de 2 ans suite aux différentes mauvaises publicités crées par la chute de FTX, 3 Arrows ou encore Genesis).
Si nous considérons le verre a moitié plein, la purge actuelle permettra d’assainir le marché en ne gardant que les meilleures sociétés, les entrepreneurs les plus résiliant et nous pouvons donc parier que cela permettra de faire éclore une salve de nouvelles sociétés prêtes à changer le monde (tout en assumant d’avoir un modèle économique innovant et pérenne).
L’adoption en masse passera enfin, par l’absolue nécessité d’une régulation, qui se devra néanmoins d’être flexible et adaptée à la vitesse d’évolution et aux innovations ci-mentionnées, d’autant plus dans une économie décentralisée et globalitaire.
L’adage que lorsqu’une idée arrive sur le marché, les US en font un business, les asiatiques la copie et l’Europe légifère est une fois de plus prouvée autour du web 3. Néanmoins le consommateur Européen sera toujours protégé au mieux et la régulation (si elle est comprise et bien adaptée) sera donc bien le fer de lancement de cette révolution technologique.
La législation en Europe est encore en évolution. La Commission européenne a mis en place un groupe de travail chargé d’élaborer des recommandations et d’évaluer les interactions entre la blockchain et le droit européen. Les principaux domaines de la législation blockchain concernés incluent la protection des données, la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, la protection des consommateurs et la réglementation des marchés financiers. La Commission européenne a également mis en place des initiatives visant à promouvoir l’innovation et à soutenir l’adoption de la blockchain par les entreprises. En outre, des initiatives sont en cours pour adapter le régime juridique européen à la technologie blockchain.
Quant à la France, il se présente un boulevard d’opportunités et une certaine bonne volonté pour prendre une position forte dans cet écosystème. Reste à savoir si les pouvoirs publics seront suffisamment agiles pour éviter de faire fuir nos talents et surtout attirer ces nouvelles sociétés sur notre territoire. La fiscalité et autres législations ne sont pas encore du tout adaptés aujourd’hui et sont hélas un frein au développement. Mais rien n’étant encore figé, tout reste possible !
Les structures décentralisées (DAO, DeFi, etc.), en revanche, n’impliquent pas d’intermédiaires et ont leur propre ensemble de protections des utilisateurs. Les régulateurs devraient d’abord s’attaquer à la réglementation centralisée de la cryptographie, puis à la réglementation décentralisée à une date ultérieure afin de ne pas freiner le rythme rapide de l’innovation et de l’expérimentation que connaissent ces technologies au cours de leurs premières années.
Cette période de turbulences, et ou l’on pourrait pronostiquer que le pire est derrière nous, même si une correction cette année n’est pas à écarter, peut en effet offrir un timing parfait pour participer à l’évolution des nombreux sujets web3 et pour apprendre les principes sous-jacents à la technologie blockchain. La période est donc propice à s’informer sur les différents projets en cours avant qu’ils ne deviennent plus populaires et soient nettement plus valorisés.
Pour ceux qui sont convaincus par les bienfaits de ces thèses, cette période offre donc une parfaite occasion de s’intéresser au long terme au secteur. Les investisseurs qui sont prêts à prendre des risques et à investir dans des projets à fort potentiel peuvent donc profiter de cette période pour s’intéresser de plus près à ce marché.et leur permettre de récolter les premiers fruits de cette révolution technologique.
Gonzague de La Tournelle