Par Bernard Chaussegros
Tribune. « Il faut taxer les riches ». Le leitmotiv en période de « vaches maigres » nous est servi à chacune des crises que nous traversons. Il y a deux jours, le patron de la CFDT, Laurent Berger, a proposé une taxe exceptionnelle sur les plus riches, comme si c’était un remède miracle à tous nos maux.
Cette ritournelle est très souvent reprise par ceux qui commentent notre système économique et qui n’ont jamais « créé de valeur ». C’est d’ailleurs sans aucun doute un facteur qui leur échappe.
Nous sommes un des pays dont la fiscalité est un sport national et qui n’a qu’une vertu : faire fuir ceux qui sont capables d’aider notre économie à se redresser. Car désormais, avec un simple clic, rien n’est plus simple pour trouver refuge dans une contrée plus « accueillante ».
Nous allons entrer dans une période pré-électorale et le pseudo partage de la richesse va fleurir dans le discours démagogique de celles ou ceux qui ont pour seule ambition de collecter les voix de ceux qui souffrent : il est plus facile de promettre du caviar qu’un régime au pain sec et à l’eau.
Il ne faut pas tomber dans ce panneau si grossier d’un discours formaté entendu à chacune des échéances électorales.
Les Français ont droit à la vérité : Nous évoluons dans un système libéral, et il y aura toujours des riches et des moins riches. Le plus important c’est que les premiers contribuent directement ou indirectement à la création de richesse nationale et qu’à l’aune de leur engagement, cela permette de réduire la fracture sociale et la « paupérisation » de la société.
Alors oui, s’il faut plafonner l’impôt des hauts revenus à 25 % maximum, faisons-le ! Pourquoi ? Car les mathématiques sont implacables : il est préférable de percevoir 25 % de quelque chose que 100 % de rien (si l’imposition est trop lourde, les plus fortunés s’expatrieront). Tout effort institutionnel doit avoir une symétrie et c’est justement la promesse d’investir massivement dans l’hexagone que doit faire notre riche contribuable.
Nous avons la chance d’avoir un jeune Président attentif, à l’écoute des entreprises et soucieux de soutenir l’innovation. Un gouvernement qui doit concilier crise pandémique et déflagration économique. Mais pour surmonter cela, il faut se projeter dans l’avenir avec une véritable vision stratégique à moyen/long-terme, car ce n’est pas sur 5 ans que l’on construit une politique structurante et pérenne.
Nous faisons face à une crise sans précédent avec une dette (environ 3000 milliards d’euros) qui se transforme en « gouffre ». C’est la raison pour laquelle nous devons, tous ensemble, soutenir notre pays dont la situation est celle d’une entreprise en quasi-dépôt de bilan.
La répartition équitable et préventive des richesses doit permettre d’en finir avec la captation insensée de ces richesses au profit du Système qui se nourrit au nom de son devoir de réglementer, contrôler et sanctionner. La bourgeoisie institutionnelle doit accepter de se remettre en question en acceptant la désintermédiation que rend aujourd’hui possible le progrès technologique et en se redéployant au service des citoyens plutôt qu’en entravant leur réussite.
Cette nouvelle répartition doit en finir avec la captation indécente de la richesse nationale, non consommée par le fonctionnement de la technostructure, mais par les seuls financiers !
Et ce dans une France où seules les banques, qui ne prennent de surcroît plus de risques pour supporter les acteurs économiques, les compagnies d’assurances, comme les fonds de pensions qui s’enrichissent et grignotent le patrimoine immobilier de nos villes, et les joueurs sur les marchés financiers, dégagent les marges leur permettant d’enfler à n’en plus finir quand une autre France se flétrit.
C’est le moment d’inviter nos grands capitaines d’industries à se porter au chevet de l’économie de notre pays !
C’est le moment de repenser la sur-administration qui capte trop de richesse nationale !
C’est le moment où nous, petits et grands épargnants, devons investir de manière sécurisée et intéressée dans la relance Française !
Une épargne de 200 milliards en 2020 (un triste record) concentrée sur la précaution (et la COVID-19) souligne la peur de l’avenir mais ne rapporte rien (sauf aux banquiers…) et doit être réinvestie massivement dans notre économie. Un chômage qui décolle et va s’envoler dans les tous prochains mois, quand le chômage partiel va, pour partie, muter en chômage durable. Un risque d’explosion sociale et une augmentation sévère de la pauvreté.
Si l’État doit « amorcer la pompe », il ne peut laisser les citoyens sur le bas-côté et doit miser sur nos épargnants pour réinventer un capitalisme populaire, ainsi que sur nos grands champions nationaux, ceux dont les activités composent le CAC 40, qui peuvent et surtout qui doivent accompagner ce mouvement par l’exemple de leur dynamisme et la définition de l’objectif à atteindre : le plein emploi dans un hexagone protégé.
Car relancer la consommation c’est surtout donner les moyens aux individus de consommer. Pas en leur jetant quelques pièces, mais en leur permettant de conserver leur dignité en travaillant.
De nombreuses régions ont souffert de la fermeture d’entreprises, autant dans l’industrie, l’agriculture, la culture que dans les services. Elles doivent se tenir prêtes à s’investir aux côtés de nos grands leaders économiques (tels que les Bolloré, Arnault, Bouygues, Pinault, Niel, Courbit et bien d’autres encore…) afin de relancer l’activité sur leurs territoires. Ces chevaliers de l’économie doivent entrainer dans leur sillage une foule d’épargnants sur le chemin d’une relance partagée.
On peut le dire ainsi, sans exagération : comme dans les temps anciens, nous avons besoin de véritables « chevaliers » qui sauront prendre les risques nécessaires, braver l’adversité, participer à sauver une nation qui se perd et déprime, aider tout un peuple qui attend que soient défendues nos valeurs judéo-chrétiennes fondamentales comme les valeurs de notre république laïque : liberté, égalité et fraternité. Et surtout, aiguiller ceux qui nous gouvernent vers la voie du redressement et non du chaos. Ne nous demandons plus ce que l’Etat peut faire pour nous mais demandons-lui de laisser agir ceux qui sont capables pour le bien-être collectif.
A ce titre, une initiative qu’il faut encourager : Entrepreneurs pour la République (https://www.entrepreneurspourlarepublique.com/), dont la vocation est justement de valoriser les initiatives entrepreneuriales qui répondent aux défis de notre société. Car si l’État peut apporter des réponses par la régulation, la fiscalité, la règlementation, les entrepreneurs disposent d’une créativité sans limite pour apporter eux-aussi des solutions concrètes pour résoudre toutes les problématiques d’intérêt (lutte contre la COVID, environnement, sécurité, éducation, …). Il faut les rendre visibles aux yeux des pouvoirs publics comme des citoyens, pour que l’énergie entrepreneuriale de notre pays se déploie au service de tous.
Ce sursaut humaniste est seul à même de lutter contre les intégrismes et les populismes car c’est l’oisiveté et la pauvreté qui mènent aux violences et aux extrêmes. Le peuple doit se sentir concerné pour soutenir ce mouvement et accepter les compensations qui pourraient être accordées à ces « Chevaliers du 21e siècle ». Un juste partage des revenus en somme car, comme le dit ce dicton bien trop souvent oublié, « On ne mange qu’une fois ».