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Le sport, cette industrie qui pèse plus de 2,5 % du PIB au Maroc


Jeudi 25 mai lors du salon Africa Sports Expo, la Fédération Marocaine des Professionnels du Sport a présenté la première édition de son étude portant sur l’industrie du sport au Royaume, son poids et son potentiel de développement. Parce que le sport marocain est bien plus qu’une activité récréative, c’est...

Entreprendre - Le sport, cette industrie qui pèse plus de 2,5 % du PIB au Maroc

Jeudi 25 mai lors du salon Africa Sports Expo, la Fédération Marocaine des Professionnels du Sport a présenté la première édition de son étude portant sur l’industrie du sport au Royaume, son poids et son potentiel de développement.

Parce que le sport marocain est bien plus qu’une activité récréative, c’est un levier de cohésion sociale, un outil d’éducation, un vecteur de fierté nationale mais aussi un pilier de l’économie, une source d’emplois, en un mot : une industrie. Parce que tout secteur doit avoir une instance représentative, la Fédération Marocaine des Professionnels du Sport (FMPS) a été créée en 2021.

Parce que tout secteur a besoin de points de repères fiables et des données comparables, le bureau de la FMPS a décidé de lancer cette étude annuelle, en collaboration l’agence fédérale Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH et le cabinet de conseil IN&Sport.

Un secteur privé du sport déjà « multimilliardaire » … en Dirham

En l’absence de données existantes pour l’ensemble des segments composant cette industrie, la FMPS a opté d’abord pour des travaux centrés sur le périmètre d’activités de ses membres. Au total, ce sont 226 entités interrogées qui font du sport, l’essentiel de leur activité. Précisons qu’il conviendra à l’avenir, d’identifier la part du sport en termes d’emplois et de chiffres d’affaires dans des secteurs connexes comme le BTP ou le tourisme où l’activité liée au sport est minoritaire sans être négligeable. Le chiffre d’affaires cumulé de ces 226 acteurs s’élève à 16,8 milliards de Dirham, soit 1,53 milliard d’Euros. En 2021, le seul secteur privé du sport représenté par la FMPS pesait donc 1,16% du PIB du Maroc. Qu’il se fasse en boutique ou par Internet, le commerce d’articles de sport génère 2,33 milliards de Dirham (210 millions d’Euros), sur la même période. La somme des budgets des 16 clubs de Botola 1 est de 842 millions de Dirham, donc 76, 46 millions d’Euros … l’équivalent du budget du seul FC Nantes.

Globalement, le nombre d’emplois dans le secteur privé du sport est resté stable, voire à légèrement progressé, par rapport à 2019 (période pré-COVID), dépassant la barre des 7300 emplois. Avec un taux moyen de 24% de femmes employées dans le secteur privé, le sport fait la démonstration de sa dimension progressiste. Qu’ils soient en physique ou digital, le commerce du sport et les agences de voyage font figure de bons élèves avec respectivement 41% et 49% de féminisation de leurs effectifs.

Selon une étude Bank Al-Maghrib remontant à 2021, le travail informel représenterait 30% du PIB du Maroc. Rapporté au seul secteur privé du sport au Maroc, on obtiendrait un chiffre d’affaires de 21,931 milliards de Dihram (2 milliards d’Euros), soit 1,50% du PIB du Royaume ainsi que 9 320 emplois.

Le sport associatif, un potentiel multidimensionnel à soutenir

En l’absence d’une publication officielle pour l’ensemble des fédérations, les informations collectées font apparaitre l’existence d’au moins 350.000 licenciés dans les associations sportives. En France, on compte 14 millions de licenciés pour 67 millions d’habitants. Quel que soit le nombre réel des licenciés au Maroc, il restera donc bien inférieur à celui de la pratique « libre » qui, selon les extrapolations réalisées dans cette étude, est évaluée à 10 millions de Marocains.

En termes d’effectifs, qu’elle soit libre ou en club, la pratique du sport induit au moins 3.500 emplois afin d’en assurer l’accueil, l’encadrement, la formation et l’administration. À l’instar de la France et de sa politique d’accueil de grands événements, « la candidature à la Coupe du Monde FIFA 2030 est une réelle opportunité pour renforcer et développer l’industrie du sport pour laquelle le Maroc a de véritables atouts comme sa jeunesse, son dynamisme économique, son potentiel touristique … » souligne Vincent Chaudel – IN&Sport.

Un sport « public » qui compte !

Entre les différents services du Ministère des Sports ou de la Jeunesse, les établissements publics tels que l’Institut de formation des cadres ou l’Académie Mohammed VI, les Centre Socio-Sportifs et tout le personnel « sport » employé par l’Education Nationale, ce sont a minima 15.000 fonctionnaires, donc contributeurs au développement de l’industrie du sport.

Autre élément à prendre en considération en matière de « service public », la pratique du sport est de nature à réduire les coûts de santé. Selon un rapport de l’OMS et de l’OCDE, l’accroissement de l’activité physique pourrait faire économiser des milliards chaque année. En France, l’ONAPS a su démontrer qu’1 € investi dans l’Activité Physique génère 1,7 € de Bénéfices Economiques.

Pour une industrie du sport marocain encore plus fort !

Si le seul secteur privé du sport (périmètre FMPS) au Maroc pèse a minima 1,16% du PIB et emploie plus de 7.000, on peut estimer que l’industrie du sport au Royaume dépasse la barre des 2,5% du PIB et des 25.000 emplois par simple intégration des secteurs associatifs et publics.

Pour Mehdi Sekkouri, Président de la FMPS, « ces chiffres sont d’autant plus importants et encourageants que le potentiel de produits sportifs manufacturés au Maroc reste sous-exploité. Reste désormais à intégrer aux données du secteur privé du sport, celles de la partie associative et celle relevant des Ministères ou des collectivités. C’est un de nos objectifs pour l’année prochaine ».

À titre de comparaison, l’industrie du sport en France (hors investissement) pèse 53 milliards d’euros (étude BPCE de 2023) soit 2,2 du PIB. Le simple secteur privé du sport français (périmètre FMPS) représente quant à lui, 1,2% du PIB. Autant d’éléments qui doivent inviter les décideurs marocains à faire le pari du sport !

Crédits photo : BPCE, IN&Sport, ONAPS

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