On peut dire que l’échec le transcende. À 52 ans, Christophe Guèze semble avoir vécu plusieurs vies ! L’Ardéchois a en effet transformé les obstacles et autres coups du sort en réussites.
« Mon premier échec, je l’ai vécu à l’école. Élève très moyen, je passais mes week-end à travailler à la charcuterie de mes parents tandis que mes camarades allaient jouer au foot. » Isolé, il se forge une conviction : il sera charcutier, comme ses parents et grands-parents avant lui.
Il quitte l’école à 14 ans et entre en apprentissage. À 21 ans, il est contraint de rentrer dans son village natal, Vernoux-en-Vivarais, pour prendre la suite de son père malade. La petite boutique familiale vivote. « Mon père n’avait pas les moyens de me payer. J’ai eu le sentiment de repartir à zéro. »
L’idée géniale qui lui a permis de continuer
Christophe Guèze cherche alors à sauver l’entreprise familiale. Au début des années 1990, il se lance dans une activité de traiteur et de cuisine à domicile. Dans une région où on apprécie de rester chez soi, ça marche. Mais le magasin n’est pas sauvé pour autant, férocement concurrencé par la grande distribution. Le charcutier aurait pu baisser les bras…
« J’ai été voir Intermarché pour leur proposer de leur vendre des produits traiteur locaux, comme des caillettes et du jambon. » Un concept qui séduit très vite d’autres enseignes et même des bouchers locaux pour qui Christophe Guèze assure un rôle de grossiste.
« Notre CA s’est alors stabilisé, ce qui m’a évité de licencier le personnel. » Un autre coup du sort vient perturber ce nouvel équilibre. « Suite à une inspection, nous nous sommes rendu compte que nous n’avions pas le droit de vendre à l’extérieur de notre magasin sans être agréé. Il fallait une remise aux normes. » Un coup dur pour le jeune homme de 22 ans qui a des crédits sur le dos. Qu’importe : il construit un laboratoire de 800 m², un coûteux investissement.
En croissance depuis 10 ans
« Notre premier bilan était catastrophique. J’ai été contraint de vendre les biens de mes parents. Je me suis senti en situation d’échec », se souvient-il. L’entrepreneur sort pourtant de cette spirale grâce à une idée astucieuse : vendre des jambons tranchés.
« Nous étions en 1991, cela ne se faisait pas encore. » Et ça cartonne, au point que l’entrepreneur rachète deux usines, dont l’une en dépôt de bilan. « Pour la relancer, j’ai regardé quelles étaient les nouvelles tendances de consommation. » Il innove en proposant aux bars des assiettes de tapas de terroir, « Les Arderos », qui a séduit un millier de cafés.
Aujourd’hui, la réussite des Salaisons Guèze est solide : 12 M€ de CA en croissance depuis 10 ans, 2.000 points de ventes en France mais aussi à Moscou et Hong Kong… De ce parcours hors normes, l’entrepreneur s’est surtout forgé un mental d’acier : « rebondir, c’est comprendre et analyser pour savoir réagir avant d’échouer. »