Après avoir conquis le marché français, l’entreprise de Haute-Savoie s’exporte dans les rayons de la distribution internationale.
L’histoire de cette PME familiale remonte aux années 70 avec, comme point de départ, l’année 1976, date à laquelle Simone Veil, alors ministre de la Santé, libère par décret 34 plantes du monopole pharmaceutique. Une aubaine pour Maurice Lebras et son épouse, fondateurs des 2 Marmottes.
«Dans les années 60, ma mère et son compagnon, que je considère comme mon père, ont mis au point une petite gamme de parfum de montagne vendues dans les boutiques locales de souvenirs.
Lorsqu’en 1976 l’herboriste Maurice Mességué obtient que les herbes médicinales soit vendues en hors des pharmacies, mes parents se lancent dans l’aventure et ajoutent à leur catalogue une infusion des montagnes composée des 7 plantes autorisées», explique Jean-Marc Stezycki, 56 ans, fils des fondateurs et actuel dirigeant. À base de tilleul, verveine odorante, menthe poivrée, fleur d’hibiscus, camomille matricaire, cynorrhodon et pétale d’oranger, cette infusion révolutionnaire marque le début d’un succès qui n’est pas démenti depuis.
Une stratégie verticale
Au fil des années, la PME de Bonne-sur-Ménoge se développe, notamment sous la houlette de Jean-Marc Stezycki qui a gravi tous les échelons (de livreur à responsable commercial) et insufflé une nouvelle dynamique.
Sous son impulsion, les infusions des 2 Marmottes, qui se vendent alors uniquement dans les boutiques de souvenirs, sortent de leur Haute-Savoie natale pour s’imposer d’abord dans les supermarchés indépendants limitrophes à leur région d’origine, puis aux quatre coins de l’Hexagone, dans les rayons de grandes enseignes comme Monoprix et Auchan, mais aussi dans les très chics magasins parisiens, notamment les Lafayette gourmet et Le Bon Marché.
Un positionnement qui se fait de manière atypique. «Nous ne fonctionnons avec aucune centrale d’achat, les négociations se font en direct grâce à l’appui de nos 16 commerciaux».
En 1999, suite au décès brutal de son «père extraordinaire», Jean-Marc Stezycki prend la tête de l’entreprise. Passionné par son travail, le dynamique entrepreneur doit pourtant, en l’absence de filiation avec son père de cœur, la racheter aux héritiers légitimes en 2004. Il déménage alors l’usine, initialement installée dans la Drôme, à Bons-en-Chablais pour révolutionner les méthodes de travail en faisant le choix de maîtriser totalement la production, de la coupe des plantes à la commercialisation des boîtes, en passant par la mise en sachet.
«Auparavant, tout était sous-traité. Certes, la qualité était correcte, mais nous souhaitions monter en gamme. Pour cela, une seule option : choisir nos plantes nous-mêmes», explique le montagnard. Depuis, l’entreprise savoyarde tient ses promesses, veillant à utiliser uniquement des plantes de grande qualité. «Notre cahier des charges stipule ainsi que seules sont utilisées les plantes récoltées dans l’année et cultivées en plein champs».
Pour dénicher ces lieux rares, le P-DG et son ingénieur Qualité parcourent d’ailleurs le globe à la recherche des meilleures matières premières. En effet, seules 20% des plantes utilisées sont produites en France (fenouil, menthe poivrée, mélisse…).
Les autres proviennent des pays où elles poussent naturellement, notamment Madagascar, l’Égypte, le Maroc, le Paraguay, la Bulgarie, l’Inde, la Chine ou l’Espagne. Conscient de l’image vieillotte des infusions, cet esprit vif au pied alpin mise également sur l’innovation, proposant une gamme élargie de tisanes et d’infusions. «Nous avons pris le parti de proposer un packaging gai, coloré et surtout de mettre un peu d’humour…», lance celui qui a baptisé «Peace Mémé», une infusion à base de plantes aux propriétés diurétiques, librement inspirée de l’expression «pisse mémé».
Une capacité de production doublée
En 2003, malgré 45 références et 3 millions de boîtes vendues par an, Jean-Marc Stezycki a choisi d’investir pour soutenir la croissance de sa PME.
«Nous avons inauguré une nouvelle usine de 4.500 m2 à Bons-en-Chablais au cœur des Alpes françaises, puis nous avons doublé le parc de machines en 2005. À 350.000 € la machine, je vous laisse faire le calcul», lance le joyeux quinqua qui, en 4 ans, a ainsi investi plus de 6 M€ pour atteindre une capacité de production de 5,5 millions de boîtes par an.
Bien lui en a pris puisque si les 2 Marmottes, qui réalise 15% de son CA (10,5 M€) en région Auvergne-Rhône-Alpes et emploie 48 personnes, connaît un beau succès en France, ses infusions 100% made in Haute-Savoie séduisent désormais une clientèle internationale.
«Certes, l’export ne représente encore que 1,5% de nos ventes, mais nos marmottes sont néanmoins commercialisées au Japon…», annonce fièrement le chef d’entreprise qui s’apprête à s’envoler pour New-York pour développer le marché américain. Et pour soutenir ce développement mondial, l’amoureux des plantes voit grand !
«Nous allons encore nous agrandir. Les plans d’un nouveau bâtiment de 3.500 m2 qui devrait nous permettre d’augmenter notre capacité de stockage sont arrêtés». Montant de l’opération : 2,6 M€. Mais pas question de faire appel à des capitaux extérieurs. «S’il ne faut jamais dire jamais, nous ne souhaitons pas ouvrir notre capital», martèle le haut-savoyard qui espère «en toute modestie» devenir le n°1 de la tisane qualitative dans le monde.
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