Hollywood ainsi que toute l’industrie cinématographique et audiovisuelle se sont empressés d’user des thématiques liées aux business, aux marchés financiers, à l’argent et à l’entrepreneuriat.
Ce mouvement de fond existait déjà depuis longtemps mais s’est vu confirmé depuis plus d’une dizaine d’années maintenant avec la montée en puissance des différentes plateformes de streaming (Netflix, Apple TV , Disney + , Paramount plus , HBO Max et consorts…) ainsi que tous les nouveaux usages qui sont apparus comme la massification du binge-watching de séries conçues justement pour être toujours plus addictives , plus chronophages , plus idolâtrées par un public dévoué qui s’agrègent en communautés toujours plus ferventes , plus impliquées plus consommatrices et plus prescriptrices de ce type de contenus.
D’ailleurs les annulations brusques et les non-renouvellements de séries initialement prévues provoquent régulièrement sidération, stupéfaction puis la foudre des fans ainsi que des tollés mondiaux relayés massivement sur tous les réseaux sociaux mettant parfois la pression sur les grands studios, les productions ou les plateformes qui reviennent rarement dessus une fois leurs décisions prises preuve du lien et des affects que certaines séries construisent avec leurs spectateurs/spectatrices.
Les entrepreneurs, investisseurs et financiers étant un public captif comme les autres, disposant d’un choix pléthorique avec l’offre surabondante née de la concurrence acharnée que se livrent les différentes « plateformes » en question pour fidéliser leurs abonnés. Donc pour y voir plus clair dans cette « jungle » voici justement pour vous, une sélection triée sur le volet.
1/ « Return to Space » (réalisé par Jimmy Chin avec Elon Musk)
Documentaire qui décrit l’épopée Space X et d’Elon Musk. Ou, on y apprend que l’humanité ne peut progresser qu’a trois niveaux :
1.Dans la véritable prise de risques.
2.Dans le pouvoir authentique de la résilience.
3. Dans la créativité et l’innovation majeure sous forme de disruption.
Concernant la prise de risques, elle ne peut se produire qu’avec une « vision » -claire- du futur et les moyens de l’accomplir. Le pouvoir du « repeat » c’est à dire tirer les leçons de ces échecs passés pour retenter – implémenter -incrémenter en bâtissant une nouvelle opportunité sans réitérer les mêmes erreurs. Comment une start up partie d’une feuille blanche c’est-à-dire sans expérience spécifique dans le domaine (certes avec une mise une départ de 100 millions de dollars tirée de la vente de Paypal à Ebay) a pu challenger la Nasa et recevoir un premier contrat 1,6 milliards (d’argent publique) pour réaliser ses premiers lancements ? Il y a ici beaucoup de leçons à tirer, à savoir :
Le Pouvoir authentique de la résilience, c’est de savoir à l’avance que l’on va échouer mais avoir l’humilité et l’abnégation de recommencer. Encore et Encore et Encore. Chaque tentative étant plus qualitative et plus précise que la précédente. Encore et encore, à l’usure on s’approche de la « vérité » et d’une maitrise plus pointue de son sujet d’expertise. C’est un processus fastidieux ou seuls les meilleurs restent. Il n’y a de la place que pour l’excellence à ce niveau-là d’exigence. Là encore il faut savoir s’entourer des bonnes compétences et faire preuve d’une ambition « révolutionnaire » avec une structure organisationnelle fluide, efficience et agile. L’innovation disruptive, c’est générer une innovation comme les « Fusées Réutilisables » qui ont totalement rabattues tout le modèle économique des lancements spatiaux et auxquelles personnes ne croyaient vraiment auparavant. Un documentaire lourd de sens. Un contenu riche de savoirs et de connaissances ! Que l’on pourrait résumer par :
Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.
2/ « Boss » (créée par Farhad Safinia avec Kelsey Grammer)
Golden Globes 2012 de la série avec le meilleur acteur pour une série dramatique avec le charismatique et l’imposant Kelsey Grammer dans le rôle de Tom Kane, Maire de la ville de Chicago qui la dirige depuis longtemps mais qui apprend dès le premier épisode qu’il est en fait atteint d’un grave trouble neurologique qui va durablement affecter ses capacités cognitives et donc son travail. Une lutte de pouvoir s’installe alors au sein de la mairie puisqu’une nouvelle campagne électorale bat simultanément son plein avec des opposants jeunes et assoiffés de réussite mais l’adversité sera multiple pour ce Maire et paradoxalement interne et même parfois familiale. Les dialogues sont incroyables, l’interprétation du rôle du Maire inoubliable ainsi que le rôle de sa fille, son épouse, tout le staff de la mairie et une très large partie du casting.
La série qui a en plus le bon gout de réunir des réalisateurs du calibre de Gus Van Sant (également coproducteur de la série au côté de l’acteur principal) ou de Mario Van Peebles qui viennent s’illustrer dans un épisode chacun. Pouvoir, trahison, combats, stratégies, tactiques, management, gestion humaine, communication, séduction, actions, luttes, amour. Une vraie partie d’échecs. Les 18 épisodes pour les deux saisons passent vraiment trop vite. D’autant plus que ces épisodes sont de véritables bijoux de réalisation, de photographie et de narration visuelle. Une série puissante, intemporelle et très inspirante.
3/ « Le Parrain » (réalisé par Francis Ford Coppola avec Marlon Brando, Al Pacino, Robert de Niro)
Est-il encore nécessaire de présenter la Parrain de Francis Ford Coppola ? Tout a été écrit et dit à ce sujet de cette œuvre majeure rentrée définitivement dans le panthéon du 7e art. Rappelons que ce film culte est tiré de l’ouvrage de Mario Puzo. Les prestations de Marlon Brando, d’Al Pacino et Robert de Niro ont depuis fait dates et ont pu inspirer plusieurs générations d’acteurs. Toute la direction artistique du film est exceptionnelle. La musique bien sûr est inoubliable. La pellicule du Parrain transpire l’authenticité, la véracité et fait office de quasi-documentaire sur le fonctionnement de la Mafia. Une mine pout tout entrepreneur qui se respecte : négociation, rapports de force, fonctionnement clanique, protection, réussite commerciale et financière, morale et éthique plus que discutable (qui entraine paranoïa), trahison, coups bas, comportements des corporations législatrices (police, gouverneur, justice, etc…). Une odyssée familiale et clanique qui de la Sicile à New York retrace une trajectoire qui s’étire sur plusieurs générations si l’on prend la trilogie dans sa totalité. Un classique qui se savoure et qui se bonifie avec le temps.
4/ « The Last Dance » (réalisé par Jason Hehir avec Michael Jordan, Scottie Pippen , Dennis Rodman , Phil Jackson ) :
Le documentaire sur la meilleure équipe de basket-ball de tous les temps (72 victoires-10 défaites plus le titre NBA en prime, exploit unique en NBA. Alors, certes les Golden States Warriors ont réalisé 73-9 mais ont perdu la Finale de 2016 face à Lebron James) vous permettra d’intégrer les coulisses de l’ultime saison Michael Jordan et des Bulls en 1997-98. Saison qui démarre à Paris pour le défunt Mac Donald’s Championship à Bercy et finit aux portes de la Finale NBA au Delta Center à Utah, antre de Karl Malone, de John Stockton et des Jazz. Vous gouterez à l’intimité des champions et à l’état d’esprit
de Jordan et son appétit de triomphes. A une époque où les réseaux sociaux n’existaient pas ces images d’archives valent leur pesant d’or. Michael Jordan a longtemps refusé de donner son aval à ce projet. Il attendait probablement le moment propice. Lorsque Lebron James s’est auto désigné comme le GOAT après son titre de champion en 2016, la production a été lancé pour une diffusion qui aura finalement lieu en plein Covid (de mars 2020 à mai 2020 sans aucun sport en direct diffusé durant cette période). Avec The Last Dance, vous serez aux premières loges pour assister aux exigences et aux pressions du sport de haut niveau, aux entrainements. Vous serez témoins de l’implication physique et mentale, la construction d’un collectif -parfois- dans la douleur, la longueur de la saison (d’octobre à juin avec 82 matchs soit un match tous les deux jours et parfois deux matchs en deux jours), la gestion des médias, les attentes du public. A la sortie du visionnage des 10 épisodes on se demande encore comment cette équipe a pu devenir championne tant toute la saison a été un chemin de croix. Parfois, du chaos naissent les plus symphonies. Du leadership, de l’exigence, de l’excellence, une culture de la victoire comme vous n’en avez jamais vu ailleurs !
5/ « Aviator » (réalisé par Martin Scorsese avec Léonardo Di Caprio) :
Martin Scorcese dirige Léonardo Di Caprio qui incarne Howard Hughes, entrepreneur, industriel, milliardaire, père de l’aviation civile, innovateur, créatif se convertira dans le cinéma (producteur, patron de studio et réalisateur). Ce film biographique d’époque décrit à merveille (Oscars du meilleur film 2005, du meilleur réalisateur, meilleur montage, meilleure photographie, meilleur décors) l’obsession nécessaire aux entrepreneurs pour faire de leurs projets, une réussite. Il n’y a pas de demi-mesure avec le succès. Ceux/Celles qui le souhaite doivent obligatoirement en payer le « prix ». L’entrepreneur étant de toute les manières un être à part surtout lorsqu’il/elle est visionnaire et déterminé (e) à concrétiser ses projets, sa vision et son ambition. Comme toujours Di Caprio est impeccable et implacable dans la composition, l’interprétation et l’exécution de son rôle. Il construit avec ce film un succès de plus à une carrière et une filmographie unique qui se paye le luxe intemporel d’un quasi-sans-faute.
6/ « Parasite » (réalisé par Bong Joon-ho avec Song Kang Ho, Leen Suyn Keen) :
Oscar du meilleur film 2019 et Palme D’or au Festival de Cannes (une première pour un film sud-coréen). Cette satire sociale sur fond d’inégalités sociales et financières, très bien écrite, bien réalisée est soutenue par un casting cinq étoiles. Hyper agréable à visionner puisque tous les personnages ont l’élégance d’être plus qu’attachants. L’histoire est suffisamment bien scénarisée et ciselée pour nous embarquer dans leurs péripéties. D’un côté, une riche famille dans une banlieue cossue de Séoul vivant dans une villa d’architecte à des problèmes de…riches, de l’autre, une famille pauvre qui se paupérise chaque jour un peu plus est au bord du déclassement social. La rencontre des deux univers sera le véritable choc de film, tant ces deux groupes semblent vivre sur deux galaxies différentes. A voir. A revoir. A savourer. A partager. A recommander. A méditer.
7/ « Jeen-Yuhs » (réalisé et produit par Coodie Simmons avec Kanye West) :
Kanye en mode intimiste : Ce documentaire est découpé à juste titre en trois parties :
- Les débuts et les tentatives de réussite dans un milieu musical complexe et fermé.
- La surprise des premières réussites, le succès malgré le travail. Une star est née.
- Le business à plus grand échelle grâce à l’entrepreneuriat et la confirmation d’un talent brut. Un génie du XXIe siècle.
Toutes les parties sont complémentaires, personnelles et authentiques. Des débuts timides à la notoriété internationale. Un documentaire très complet qui révèle toute l’humanité, la sympathie et la passion du personnage. Des studios d’enregistrements, aux diners avec sa mère, des échanges avec Pharrell Williams, aux couloirs de Roc A Fella records, on suit toutes ces pérégrinations. La partie « business » est passionnante composée de leçons aussi atypiques qu’originales. Témoignage d’un futur milliardaire qui va mettre toute sa créativité, toute son énergie, toute sa force, toute sa vision au service de sa musique, de son art et de son œuvre. Ce qui constitue et constituera in fine malgré tous ses dérapages successifs la quintessence d’un artiste original et successful qui n’a pas dit son dernier mot et qui est encore loin d’avoir achevé toutes les réalisations et les succès qui lui tendent les mains.
8/Life (créée par Rand Ravich avec Damian Lewis, Sarah Shahi) :
Série policière très atypique. Un officier du nom de Charlie Crews (Damian Lewis) passe 12 ans dans la prison fédérale d’état pour un crime qu’il n’a pas commis. Il a subi les revers d’une conspiration qui l’a mis sur la touche. Ce qui l’a obligé à mettre sa « vie » (d’où le titre) entre parenthèses. Dans le milieu carcéral il est victime de violences graves (en tant qu’ancien policier) et lit des traités de Zen (Voie du Tao) pour apprendre à accepter son sort et à trouver un appel d’air nécessaire à sa propre subsistance humaine et un sens qu’il pourrait donner à la vie. Surement, une manière pour lui de prendre de la hauteur. Une fois innocenté, il recevra une compensation de 50 Millions de dollars pour préjudices et récupèrera son badge de détective au sein du LAPD. Chaque épisode traite d’une enquête particulière aux coté de sa coéquipière Dani Reese (Sarah Shahi) avec laquelle il forme un duo à la manière de Mulder et Scully (X-Files). En parallèle de ces enquêtes, l’ancien détenu remonte le fil de cette conspiration et découvre des faisceaux d’indices plus que troublants (No spoil !). Cerise sur le gâteau, la bande son de la série résolument « rock » est un vrai régal. Chaque épisode est quant à lui teinté d’humour so british’ de Damian Lewis et de Taoïsme avec toujours bien placées des citations mythiques et envoutantes d’Allan Watts : Philosophe et conférencier américain qui a importé, vulgarisé et popularisé une grande partie de la pensée et de la philosophie orientale à travers ses ouvrages, ses prises de paroles, ses émissions radios auprès d’un public très nombreux et très friand de ce sujet. Une série qui est aussi là pour nous rappeler que tout n’est pas business. On a aussi chacun une vie et il faut faire en sorte qu’elle soit épanouissante, riche d’expériences de cultures et d’échanges qui doivent nous abreuver et nous font grandir loin, très loin de toutes tentations mercantiles. Une série qui ressemble en tous points à une sublime ode au bonheur, à la plénitude et à l’amour véritable.
MEJRI Bassem
Entrepreneur, Professeur en Ecole de Commerce, Editeur de Millionaire Next Door en français (Thomas J. Stanley) et de Votre Argent ou Votre Vie (Vicki Robin) chez Frégate Editions.