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Les agriculteurs : une colère légitime, une désespérance qui ne devrait pas être !


Depuis une dizaine d’années, paysan, c’est plus un état qu’un métier. C’est pourquoi il faut sauver l’agriculture. C’est pourquoi il faut simplifier la vie de tous les agriculteurs.

André Villiers

Par André Villiers, Député de l’Yonne, Conseiller départemental et exploitant agricole en activité

« Churchill avait annoncé du sang et des larmes. Les agriculteurs les ont, hélas. Ils attendent de l’humanité et du cœur. De la considération. Les agriculteurs produisent notre carburant humain avec si peu de moyens !

Combien faut-il encore de suicides d’agriculteurs pour aider les paysans de France ? Je « pleure » l’accident de Pamiers, la mort de cette femme et de sa fille, laissant un mari dans une douleur folle. Qu’il trouve ici, l’expression de mes sincères condoléances et de mes sentiments attristés.

Ne nous trompons pas. L’agriculture – les paysans – nos terres : c’est aussi un des enjeux prioritaires d’avenir de notre pays. C’est l’ADN de la France. Beaucoup de familles ont des racines ancestrales d’agriculteurs – ont des arrière-grands-parents paysans, fermiers, éleveurs, céréaliers, propriétaires terriens, etc… Ces questions sociétales touchent tout le monde.

Si le désendettement est une question majeure de survie, la solitude qui affecte ce milieu rural est terrifiante et peut conduire aux suicides. Nous connaissons tous les enjeux. Les enjeux importants seront vitaux dans les 10 ans à venir : souveraineté et préservation de notre indépendance alimentaire, climat et dérèglement climatique, sécurité alimentaire, ruralité, transmission des fermes (200 ferment actuellement par mois), apprentissage et emploi pour les jeunes, ne serait-ce que pour une expérience d’un an, et une lutte puissante, une démarche de proximité inédite contre ce fléau meurtrier et intolérable des suicides. Je le répète, une deuxième fois, ici et maintenant, suicide à raison de 1 tous les 2 jours, etc… Encore un jeune de 26 ans la semaine dernière !

La transmission du savoir-faire, orale et en directe reste indispensable, parce qu’elle est éprise de réel et de connaissances de détails qui font la rentabilité de l’exploitation. C’est une dimension à comprendre et à favoriser. Ce partage d’expériences, de vécus est précieux. Depuis une dizaine d’années, paysan, c’est plus un état qu’un métier. C’est entre « être » et « faire ». Ce qui veut dire qu’il faut être pénétré des acquis des anciens.

En janvier 2024, la crise est là avec ses convergences d’indignations légitimes. La situation menace de dégénérer. L’urgence des réponses est un impératif. Le concret : une obligation morale.

Les solutions de moratoires, de désendettement, une application immédiate des avantages de la loi EGALIM, de la concertation avec les agriculteurs, de la prise de l’avis de tous les agriculteurs et pas seulement de l’avis des syndicats majoritaires au service de l’agro-industrie… Chacun le comprend, là aussi, il faut conjuguer du pragmatisme de bon sens. Il ne s’agit pas ici, d’être anti-européen, il s’agit de sortir de l’absurde avec cette avalanche de normes, de directives européennes qui tuent le métier, la passion et les dynamiques de tous les agriculteurs.

Les paysans ne sont pas des mendiants !!!

J’appelle notre Gouvernement à conclure d’urgence une “pax agricola” pour que vive notre agriculture.

En ma qualité d’élu de la Nation, d’exploitant agricole en activité, j’attends comme bon nombre d’agriculteurs, des initiatives concrètes, immédiates pour améliorer le réel des agriculteurs, alléger les lourdeurs administratives, en un mot : permettre à tous de vivre dignement ?

André VILLIERS
Député de l’Yonne
Conseiller départemental
Exploitant agricole en activité

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