Les montants sont variables de 15 à 60 € par appareil selon la trentaine de types de produits électriques et électroniques qualifiés pour bénéficier de l’aide. Le produit doit être réparé chez un réparateur labellisé et le montant de l’aide est déduit directement de la facture.
La liste des produits bénéficiaires s’étendra ensuite chaque année, pour couvrir jusqu’à 68 équipements électriques ménagers d’ici à 2025. Au surplus depuis novembre 2023, un autre bonus réparation sur le textile et les chaussures a été mis en place par le Gouvernement selon le même principe de réparation chez un réparateur labellisé.
Les gens sont ainsi incités à réparer, mais déjà les prix des réparations concernées ont augmenté.
Bonus réparation
Début 2023 un représentant de la firme Boulanger estimait que le bonus réparation amènerait des augmentations de prix de l’ordre de 15%. C’est confirmé aujourd’hui par l’association de consommateurs CLCV qui après avoir vérifié les prix de plus d’une centaine de milliers de réparations, « constate une tendance à la hausse du coût moyen de la réparation avec une augmentation allant de 10 à 15% pour les équipements les plus réparés » alors même que selon elle « Le bonus réparation permet de couvrir, en moyenne, 17 % du coût total de la réparation soit un bonus moyen de 23 € sur une facture moyenne de 136 €. »
Cette hausse des prix est due en partie à l’effet d’aubaine sont profitent les réparateurs agréés. Mais pour l’essentiel, elle correspond à la répercussion dans le prix au consommateur des coûts de labellisation et d’administration du bonus. Car le client n’a aucune démarche à faire, mais le réparateur doit remplir maints formulaires pour être remboursés des bonus.
Contribuables
On a donc une aide d’Etat, payée par les contribuables qui pour une très large part couvre les frais administratifs de gestion de l’aide d’Etat.
De la même manière, les agriculteurs reçoivent des aides mais passent une bonne partie de leur temps à satisfaire à la multiplication des règles économiques, environnementales, sociales et des normes administratives qui les empêchent, affirment-ils, d’être compétitifs.
C’était la même chose avec les aides fiscales accordées pour l’achat de biens immobiliers locatifs. Les lois se sont succédées, chaque ministre voulant attacher son nom à un mécanisme de défiscalisation Borloo, Scellier, Robien, Besson, Censi-Bouvard, Pinel… qui en définitive permettait aux promoteurs de vendre plus facilement et à meilleur prix leurs petits logements locatifs dans des campagnes où l’on ne trouvait pas de locataires.
Inflation
Enfin le gouvernement a mis fin cette défiscalisation immobilière ruineuse et inefficace, mais il lui a substitué ces aides du quotidien sans doute électoralement plus gratifiantes et censées satisfaire à la doxa écologique. Ainsi en est-il de la prime à la conversion des deux roues à l’électrique et de la prime d’achat d’un deux roues électrique promise par le ministre Clément Beaune.
Mais ces aides d’Etat contribuent à l’inflation et affadissent la société. Elles réduisent les choix des agents économiques, faussent les prix, accroissent le poids des fonctionnaires improductifs, entravent la croissance et finalement coûtent cher pour un résultat médiocre au mieux, négatif au pire.
Drogués de l’assistance
L’Etat veut diriger en tout le comportement des Français, pour leurs soins, leurs achats alimentaires, la gestion de leurs appareils ménagers, le choix de l’école de leurs enfants, leur retraite… De fait il les infantilise, les déresponsabilise.
En les nourrissant d’assistance, il en fait des drogués de l’assistance. Il en fait des marionnettes dont il veut être le marionnettiste. Il croit ainsi renforcer son pouvoir, mais en fait il l’affaiblit. Car une nation n’est jamais forte que de la force de ses citoyens. Il serait plus fort à rendre aux Français la maîtrise de leur vie et… de leurs réparations !
Jean-Philippe Delsol
Avocat, président de l’Institut de Recherches Economiques et Fiscales, IREF
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