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Les défis du décommissionnement des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024


Les Jeux Olympiques et Paralympiques ne sont pas seulement une compétition sportive de renommée mondiale ; ils incarnent un puissant vecteur de rassemblement international et de promotion des valeurs universelles. Cependant, une fois le dernier feu d’artifice éteint et les athlètes repartis, une question cruciale demeure : quel sera l’héritage...

Benoît Bouché, Directeur Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024Directeur Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 – SCC France

Les Jeux Olympiques et Paralympiques ne sont pas seulement une compétition sportive de renommée mondiale ; ils incarnent un puissant vecteur de rassemblement international et de promotion des valeurs universelles. Cependant, une fois le dernier feu d’artifice éteint et les athlètes repartis, une question cruciale demeure : quel sera l’héritage durable de ces mégaprojets pour la ville hôte et ses habitants ? Le décommissionnement, phase essentielle mais souvent méconnue, met en lumière les défis logistiques, environnementaux et sociétaux liés à la conversion des infrastructures temporaires en legs durables pour les générations futures.

Analyse en cinq points :

1. Plus de 80 000 équipements informatiques utilisés pendant les Jeux

Les équipements informatiques, indispensables pour la logistique, la diffusion et la sécurité des compétitions, ne peuvent être ni abandonnés ni éliminés sans réflexion. Le décommissionnement repose sur la capacité à intégrer ces dispositifs dans une économie circulaire, afin de réduire au maximum la production de déchets électroniques, un défi majeur pour des événements de cette envergure.

2. L’héritage des Jeux : du temporaire au durable

L’organisation des Jeux repose sur trois piliers : l’engagement, la célébration et l’héritage. Ce dernier vise à créer un impact positif à long terme, notamment en matière d’infrastructures sportives et de développement urbain, particulièrement dans des zones telles que la Seine-Saint-Denis.

Deux aspects majeurs de cet héritage se distinguent :

  • Les infrastructures permanentes : Les constructions pérennes, comme les piscines olympiques, continueront de servir les citoyens bien après la fin des Jeux, améliorant durablement les équipements sportifs locaux. Le Centre Aquatique Olympique de Saint-Denis, par exemple, représente un héritage tangible et bénéfique pour la communauté.

  • Les installations temporaires : Près de 50 % des installations des Jeux de Paris sont temporaires, telles que le parc éphémère de la Place de la Concorde ou les structures pour les épreuves en plein air. Le démontage rapide de ces infrastructures est essentiel pour permettre la réappropriation des espaces publics, tout en veillant à minimiser l’empreinte écologique de ces opérations.

3. Le défi logistique du décommissionnement

Le décommissionnement implique le retrait méthodique de tout le matériel utilisé pendant les Jeux, notamment les équipements informatiques et technologiques. Chaque dispositif doit être désinstallé, emballé avec soin, puis vérifié pour déterminer son état. Le matériel en bon état est réintroduit dans le circuit économique, tandis que celui en mauvais état est valorisé de manière responsable.

Cette opération représente un défi logistique immense, nécessitant l’évacuation en quelques semaines de milliers de palettes et équipements, transportés par centaines de camions. À la fin des compétitions, certains sites, comme les stades de football non utilisés pour les Jeux Paralympiques, sont décommissionnés immédiatement afin de retrouver leur usage initial. Cette rapidité est cruciale pour rendre ces espaces à leurs fonctions premières.

4. Une seconde vie pour les équipements

La gestion des équipements informatiques est l’un des aspects les plus vertueux du décommissionnement. Environ 85 % du matériel utilisé pour les Jeux de Paris était loué, garantissant sa réutilisation. Après récupération, les équipements sont classés selon leur état — excellent, moyen ou inutilisable — et redistribués en fonction des besoins des clients. Les entreprises ou institutions recherchent des appareils en parfait état, tandis que d’autres, comme les brokers, acceptent des lots en divers états. Le matériel défectueux est rigoureusement recyclé, minimisant ainsi la création de déchets non traités.

Ce modèle de décommissionnement et de réutilisation illustre comment les grandes organisations peuvent réduire leur empreinte carbone tout en prolongeant la durée de vie de leurs équipements. Les Jeux de Paris se sont engagés à laisser un héritage durable, non seulement à travers les infrastructures permanentes, mais aussi en intégrant les équipements technologiques dans une économie circulaire, réduisant au maximum les déchets.

5. Enjeux majeurs pour un futur responsable

En accueillant les Jeux Olympiques d’été, Paris a prouvé qu’il est possible d’organiser un événement de cette envergure tout en s’engageant pour un futur durable. La réutilisation de 100 % des équipements informatiques est un symbole fort de cet engagement. Au-delà de la technologie, c’est une réflexion globale sur la durabilité des événements internationaux qui doit s’imposer : comment concilier les besoins temporaires avec des héritages durables, et transformer l’éphémère en opportunité plutôt qu’en fardeau ?

Benoît Bouché
Directeur Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 – SCC France

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