Par Jean-Philippe Delsol, avocat, président de l’Institut de Recherches Economiques et Fiscales (IREF)
Selon les derniers chiffres de l’OCDE, la France est l’un des grands pays de l’OCDE qui comptait la population d’âge actif la moins importante par rapport à sa population totale.
La population d’âge actif comprend toutes les personnes de 15 à 64 ans. Cet indicateur mesure la part de la population en âge de travailler dans la population totale. En 2020 la population d’âge actif représentait 61,62% de la population en France contre 66,12% au Canada, 65,96% en Espagne, 65,37% en Irlande, 64,8% aux USA, 64,77% aux Pays-Bas, 63,94% en Belgique, 63,77% en Italie… Certes, la population des pays riches vieillit et partout le taux de population active baisse, mais nulle part aussi fortement qu’en France à part le Japon dont la population d’âge actif ne représente plus que 59,26% de sa population.
Un fort chômage
Parallèlement, le chômage reste très important en France. Mesuré selon les critères du BIT par l’Insee, il baisse, en dessous de 8%. Mais Pôle Emploi continue d’enregistrer des taux très élevés de chômage dans les catégories A (Personne sans emploi, tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi), B (Personne ayant exercé une activité réduite de 78 heures maximum par mois, tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi) et C (Personne ayant exercé une activité réduite de plus de 78 heures par mois, tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi).
Au total 5 871 100 personnes étaient au chômage selon ces critères A, B et C au 3ème trimestre 2021 en France, soit près de 20% (19,56%) de la population dite active au sens du BIT, c’est-à-dire ayant un emploi ou au chômage (29 438 000 personnes).
Une population active en emploi insuffisante
Cette population dite active représentait 72,4% de la population des 15/24 ans, donc en âge de travailler, soit 0,4 point au-dessous de son niveau d’avant la crise sanitaire, fin 2019. Par ailleurs, la part des jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi ni en formation (NEET) a augmenté au premier trimestre 2021 de 0,3 point, à 13,1 %, après avoir reculé de 0,4 point au trimestre précédent du fait de l’amélioration relative de l’emploi des jeunes. Elle demeure au-dessus de son niveau d’avant-crise, de 0,8 point au 1er trimestre.
Globalement le taux d’emploi des 15-64 ans calculé au 3ème trimestre 2021 (ou dernier trimestre connu) classe la France au 30ème rang des pays de l’OCDE avec un taux d’emploi (des personnes qui travaillent peu ou prou) de 66.8 %, contre 72.9 % en Estonie et en Hongrie, 73.8 % au Canada et en République tchèque, 74.8 % en Australie, 75.1 % au Royaume-Uni, 75.4 % en Suède et au Danemark, 75.9 % en Allemagne et en Norvège, et 78.0 % au Japon, 78.6 % en Suisse, 79.1 % en Nouvelle-Zélande, 79.3 % en Islande, 80.8 % aux Pays-Bas.
Supprimer nos handicaps
La France a donc un double handicap : une population en âge de travailler plus faible qu’ailleurs et dans cette population, un nombre d’actifs en emploi plus faible que dans beaucoup d’autres pays développés. C’est notamment le résultat d’un cercle vicieux qui fait que trop d’allocations sociales détournent du travail et font peser sur ceux qui travaillent des prélèvements obligatoires de plus en plus importants qui à leur tour découragent de travailler ceux qui le font encore…
La France reste un pays moyen au sein de l’OCDE. Elle ne parvient pas à rejoindre le peloton de tête. Son PIB par habitant reste environ 45 % en dessous de celui de l’Irlande, 30% en dessous de celui des Etats-Unis et de la Norvège, 20% en dessous de celui de l’Allemagne et des Pays-Bas, 10% en dessous de celui de la Suède…
Tous ces pays ont des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques moindres, parfois bien moindre, que ceux de la France. Si celle-ci veut rester un grand pays, prospère, il faut sans tarder réduire ses dépenses publiques, sa dette publique et ses prélèvements obligatoires de telle façon que les Français retrouvent l’usage de leurs libertés et responsabilités, le goût du travail, de l’initiative et de l’entreprise.
Jean-Philippe Delsol, avocat, président de l’Institut de Recherches Economiques et Fiscales, IREF