Célébrités et magnats des affaires ont de tout temps acheté des demeures anciennes ou des domaines historiques, autant par goût des vieilles pierres que pour afficher une certaine réussite. Aujourd’hui, les nouveaux châtelains sont aussi des entrepreneurs qui parfois se lancent de zéro. Tour d’horizon.
Ces entrepreneurs d’un nouveau genre que sont ces nouveaux châtelains se passionnent quant à eux pour ces demeures par attachement à un patrimoine historique et à une région. L’animateur Stéphane Bern a contribué à cet engouement avec différentes émissions populaires dédiées à la préservation de trésors du territoire français, parfois en véritable péril, et avec le lancement du Loto du Patrimoine.
L’amour des belles pierres, mais pas seulement…
Ces aventuriers plus modernes ne sont pas uniquement attirés par l’amour du patrimoine, même si ce penchant reste le moteur principal de leur motivation. D’autres éléments entrent en ligne de compte. Certains sont des entrepreneurs à succès qui veulent changer d’univers, tout en prenant en considération un objectif d’équilibre ou de rentabilité financière dans cette nouvelle aventure. On retrouve ainsi chez ces nouveaux châtelains deux facettes : le côté défense/réhabilitation du patrimoine en danger et celui de création d’un projet économique pérenne et de transmission familiale.
Passion et persévérance en jeu
Au-delà de l’aspect purement financier, ambition, énergie, volonté et passion se heurtent fréquemment à des obstacles inattendus dans des projets de cette envergure. Les changements de vie sont parfois drastiques. Devenir châtelain signifie souvent l’installation dans des zones rurales dont les populations apprécient la tranquillité. Les restaurations de monuments anciens bénéficient évidemment d’un a priori positif, mais lorsque cela s’accompagne de projets plus vastes et hautement touristiques, il n’est pas rare de constater que des oppositions marquées se font jour avec lesquelles il convient de savoir composer. Les nouveaux-venus sont toujours suivis de près par les locaux.
De l’immobilier d’exception
Les châteaux se vendent, y compris sur internet, et les spécialistes de ce type de biens savent que les acheteurs potentiels ont peu en commun avec la clientèle de résidences traditionnelles. Ces clients sont des passionnés, dont les raisonnements sont parfois difficiles à suivre, car influencés par une forte dose d’affectivité. Mieux vaut le savoir par avance : se lancer dans ce type d’aventure, en particulier pour restaurer un château et y vivre, engloutit parfois des fortunes. Le prix d’achat peut s’avérer finalement modeste, mais les restaurations sont quant à elles coûteuses et longues. Après des années, il n’est pas rare que ces propriétaires décident de repartir sous d’autres cieux, pour raisons financières, ou pour retrouver un environnement plus propice à la vie familiale et sociale, les châteaux étant souvent dans des zones peu habitées.
Et les subventions ?
Les bâtiments inscrits ou classés bénéficient de certains avantages. La Direction Régionale des Affaires Culturelles (Drac) suit les dossiers des châteaux classés et peut financer à hauteur de 20% à 40% du gros œuvre. Les aides ont tendance à diminuer depuis plusieurs années, et mieux vaut s’armer d’une bonne dose de patience, car aucune décision ne peut être prise sans l’avis d’architectes des Bâtiments de France, voire des Monuments Historiques, ce qui entraîne des délais non maîtrisés en terme de planning de travaux pour les propriétaires. Si vous adorez remplir de bons gros dossiers pour l’administration, cela peut ressembler à une sorte de paradis… Ensuite, les propriétaires peuvent solliciter des aides locales et régionales, et avoir recours à des fonds privés, soit directement, soit par des campagnes de financement participatif.
De nombreuses opportunités de business
Des centaines de châteaux sont à l’heure actuelle en vente en France, dans des états différents. Certains sont de majestueuses demeures, d’autres de véritables châteaux-forts à pont-levis. Le marché s’élève à environ 400 transactions annuelles. Les prix d’achat sont parfois très abordables, du fait de la baisse enregistrée sur ce type de biens depuis quelques années. Rien d’inaccessible donc pour de très nombreux Français, mais comme le précise l’imitateur Yves Lecoq, qui s’est lancé dans l’achat et la rénovation de châteaux il y a de nombreuses années : « Une vie de château, c’est une vie de travaux », auxquels s’ajoutent des charges annuelles très élevées. Avis aux entrepreneurs amateurs, passionnés de patrimoine !
A.F.