Je m'abonne

Les nouveaux rois du vin orange


Aux États-Unis, le vin orange fait déjà une belle percée. En France, ce vin de macération peut redonner des couleurs au marché.

Entreprendre - Les nouveaux rois du vin orange

Le vin orange n’est pas un gadget, une mode un peu bizarre à la recherche désespérée de nouveautés. Il s’installe à présent sur de belles tables et des vignerons bien connus ont développé leur propre vin orange, après de multiples tests. Une vinification traditionnelle qui convainc les amateurs de par la présence plus ou moins marquée de tanins.

Pour rappel, le vin rosé est quant à lui élaboré à partir de raisins à peau noire et jus blanc et peut être lui aussi macéré avec ses peaux, mais sur une durée courte. Récemment, c’est la méthode de pressurage qui a pris le dessus, les raisins sont pressés directement après la vendange pour libérer les jus.

Une vieille histoire

L’aspect historique du vin orange ne fait nul doute et peut rassurer les sceptiques. Ce vin était produit dans le Caucase il y a plus de 8000 ans, des vestiges ont été retrouvés en Géorgie où le vin était vieilli dans des amphores enterrées. Rien de nouveau sous le soleil direz-vous. Mais il s’agit d’une redécouverte pour les vignerons contemporains. Leur intérêt a été immédiatement soulevé, la proposition de créer un vin nouveau, étonnant, ne pouvait que séduire.

C’est ce qui s’est passé, le vin orange a connu une nouvelle naissance dans le Frioul avant de passer la frontière pour arriver dans le pays roi du vin. En France, de nombreux vignerons se sont immédiatement mis à faire de premières expérimentations. Notamment en Alsace où plus d’une centaine de producteurs ont ajouté cette proposition à leur assortiment.

Un vrai vin différent

Le vin orange est ce qu’on appelle un vin de repas, qui peut s’accorder à tous les plats, du début à la fin. Il se caractérise par une grande fraicheur, une acidité présente que l’on peut moduler, un vin globalement tannique et sec, peu marqué en alcool et en sucre. Ce sont également des vins de garde. La caractéristique la plus visible est bien entendu sa couleur, assez variable qui peut aller du jaune pâle à une robe assez dorée, parfois trouble.

La question est évidemment de savoir si les amateurs vont accrocher durablement à cette proposition, car un marché ne se crée pas d’un coup de baguette magique. De nombreux essais ont eu lieu, y compris dans des domaines connus, tels Thierry Germain en Loire, Tissot dans le Jura, Gaubi dans le Roussillon et bien d’autres. Pour l’instant, c’est encore la curiosité qui prime, en particulier chez les jeunes.

Opportunité de croissance

Si autant de vignerons, y compris des groupes tels que Gérard Bertrand se sont lancés, c’est grâce à leur curiosité professionnelle, mais aussi parce qu’ils ont repéré une opportunité de croissance sur un marché atone.

Autre élément motivant, les États-Unis et le Canada ont montré la voie, le vin orange fait à présent des propositions classiques dans les grandes métropoles américaines, et même si le marché reste réduit par rapport aux autres vins, la proposition n’a pas disparu, preuve en est qu’elle présente un certain intérêt du point de vue de la clientèle. Les Domaines François Lurton élaborent dans le Roussillon un vin orange sous la marque Les fumées blanches, excellent produit d’appel à l’international.

Gérard bertrand et son orange gold biologique

Le vin orange apporte une offre supplémentaire pour l’export, notamment en Amérique du Nord, et permet aussi de centrer l’attention sur la couleur du vin plutôt que sur le ou les cépages. Or les vignerons, dont Gérard Bertrand, se préoccupent déjà d’implanter de nouveaux cépages plus résistants à la chaleur, mais peu connus, voire inconnus, du grand public. Avec le vin orange, la question ne se pose plus, la couleur est l’attaque marketing, et non plus le cépage.

Le lancement de vins Orange ne s’est évidemment pas fait par hasard dans une machine aussi bien huilée que chez Gérard Bertrand. Le chef d’entreprise a déclaré avoir dégusté des dizaines de vins orange aux goûts et arômes extrêmement différents. Il a donc pris le temps de créer une gamme qui corresponde à la stratégie globale du groupe, soit des vins accessibles, faciles d’accès. Les ventes s’élèvent déjà à un million de bouteilles. Il propose donc une gamme de vins orange label biologique, au tanins légers, comme l’Orange Gold, le Genora ou le Naturae sans sulfite ajouté ou en biodynamie comme le Villa Soleilla.

DOMAINE BANNWARTH

Un autre intérêt guide certains vignerons alsaciens, le fait de vinifier différemment permet de faire du vin orange à partir de cépages qui rencontrent des difficultés ces dernières années, comme le Gewurztraminer. Le domaine alsacien de Laurent Bannwarth a quant à lui créé la cuvée Qvevri, 100% gewurztraminer, enrichi d’un côté tanique inhabituel. Il s’agit d’un vin d’amphore pour aller jusqu’au bout du concept et revenir aux origines. Retour aux sources pour Laurent Bannwarth qui propose une belle gamme de vins nature depuis 2009.

DOMAINE GAUBY

85% muscat petit grain et 15% muscat d’Alexandrie pour la proposition de ce domaine roussillonnais, la Jasse vin orange, IGP Côtes Catalanes, qui suit les règles mises en place par le domaine, une culture des vignes 100% produits naturels. Ce vin orange est macéré trois semaines en grappes entières et est élevé sept mois durant en barrique ou foudre. Mais le domaine s’est fait remarquer il y a déjà plus de dix ans avec Gauby La Roque, vin orange biologique à base de muscat macéré et qui avait reçu la note de 90-91 chez Parker et 20/20 de la part de la Revue du Vin de France.

Anne Florin

À voir aussi