Championne toutes catégories du luxe dans le monde entier, aux côtés des grandes marques stars qui font la renommée de notre pays, des PME moins connues font une arrivée remarquée dans ce secteur huppé qui ne semble jamais connaître la crise.
La France, de par son histoire et le savoir-faire (parfois en danger) de ses ouvriers, de ses experts, de ses techniciens, dispose de fleurons qui affichent une belle santé, même en cette année difficile. Maroquinerie, Mode, Vins, Cosmétiques, Parfums, Joaillerie sont les secteurs phare du luxe qui s’exporte. Sans oublier des savoirs moins mis en avant, tels que la céramique, la dorure, l’ébénisterie, la coutellerie, l’architecture, le design et une pléthore de métiers d’art qui brillent…
L’image de marque
Même 2020 affichera sans doute de moins bons résultats en matière de croissance dans le luxe, chaque année prouve que la clientèle pour ce type de marchandises est en constante augmentation. Les secteurs phares sont l’habillement et les chaussures, la joaillerie et les montres, avec de belles performances des parfums et des cosmétiques. Le luxe à la française a ceci d’extraordinaire, c’est qu’il s’impose au niveau international depuis des décennies, voire des siècles dans certains secteurs, et a réussi à poursuivre dans cette voie !
Un vrai business à la française
Le luxe français s’impose et s’exporte, Paris garde son aura grâce à son charme, mais aussi grâce à ses boutiques, n’en déplaise à Amazon. De plus, les grandes entreprises ont su démocratiser leur offre, d’abord en proposant des gammes élargies à l’éventail de prix étendue grâce aux accessoires, puis en modernisant leur mode de production. Elles ont également choisi de distribuer en ligne, tout en poursuivant des mouvements de concentration au niveau mondial permettant de garder le leadership.
Un enjeu pour l’avenir
Les industries du luxe sont d’autant plus importantes en ces temps de crise qu’elles jouent un rôle essentiel dans le maintien des emplois sur le territoire français. Parler relocalisation est parfait, encore faut-il savoir aussi préserver et faire croître ce qui fonctionne bien. L’entreprise souvent prise comme modèle sur ce sujet est incontestablement la vénérable maison Hermès, fondée en 1837. Elle fabrique 85% de ses produits en France via la cinquantaine d’ateliers et de sites de production en régions.
Begum : une nouvelle valeur sûre
Autre exemple intéressant celui de Heloïse Wirth qui s’est lancée dans l’entrepreneuriat avec l’objectif de sauver la fabrique de chaussures que ses parents avaient fondée et qui était sur le point de fermer près de Fougères. Première étape et bon réflexe : avant de penser financement et avance en trésorerie, elle décide de totalement réorganiser l’affaire avec l’aide de sa cousine Sarah Bouchez. La remise en ordre est une compétence bien ancrée pour cette ancienne directrice d’école et elle s’attelle à cette première tâche avec fougue.
Deuxième étape : sensibiliser la clientèle à la situation et au renouveau en cours afin de maintenir la fabrication sur place. Troisième étape, beaucoup plus risquée, la création d’une nouvelle marque positionnées premium : Begum, qui va de la ballerine haut de gamme à l’escarpin de luxe à plusieurs milliers d’euros, le tout en série limitée. Deux boutiques ont ouvert à Paris pour mieux accueillir et chouchouter les clientes, et le succès est déjà au rendez-vous.
Le secteur porteur de créations d’entreprises
Tout entrepreneur ne peut devenir Bernard Arnault en un clin d’œil, en revanche il peut se poser la question de devenir un acteur sur ce secteur en croissance, que ce soit avec ses propres produits, ou en sous-traitance pour de grandes marques. Pour ce faire, il faut là encore, plus qu’ailleurs peut-être, non seulement être confiant dans son offre et son savoir-faire, mais aussi détenir des moyens de financement suffisants, car les temps de lancement peuvent être particulièrement longs. Les exemples ne manquent pas comme celui d’Alexandre Meyer et sa marque Phenomen, de Diam Concept ou de Verbreuil Paris.
Sellerie Georges : le succès d’un duo
Créée en 2012 par Georges Asséo et Bruno Courtine, Sellerie Georges est l’un des grands spécialistes parisiens de la maroquinerie, des accessoires en cuir et de la bagagerie haut de gamme made in France, mais aussi de la sellerie cuir pour moto, auto et vélo. La marque propose des pièces sur mesure façonnées à la main, uniques et traditionnelles qui reflètent aujourd’hui encore l’état d’esprit de ces deux passionnés de belles mécaniques et d’artisanat de qualité.
Chaque pièce de la sellerie est conçue à la main en région parisienne par des artisans selliers et peut nécessiter jusqu’à 70 opérations. La marque utilise uniquement des matières premières d’exception et le cuir reçoit un double tannage qui le rend imperméable. Grâce à ce travail artisanal unique, les pièces se transmettent de génération en génération. L’entreprise possède sa propre boutique à Paris dans le 5e arrondissement et une cinquantaine de points de vente en France.
Maison Poursin sauvée in extremis
Karl Lemaire fervent défenseur de la manufacture française n’en finit plus de venir à la rescousse d’entreprises en danger. 28 ans après sa création, sa petite entreprise AC.DIS est devenue un groupe aujourd’hui propriétaire des sociétés MK majuscule, Daudé Fabrication et Poursin, qui fédère plus de 40 salariés pour un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros. C’est en effet en 2016 qu’il sauve in extremis la fameuse Maison Poursin, bouclerie historique parisienne et institution fortement reconnue depuis plus de 180 ans dans la production de pièces pour attelage, harnachement et maroquinerie du luxe.
Moribonde et vidée alors de pratiquement l’intégralité de son personnel, la maison reprend vie depuis et chaque jour les commandes ne cessent d’augmenter. Maison Poursin s’impose désormais comme la dernière manufacture de Paris encore en activité. Elle continue ainsi d’œuvrer dans l’univers équestre pour La Garde Républicaine, Le Cadre Noir de Saumur, les Gardes Royales européennes… et a obtenu au fil des ans, la confiance des plus prestigieuses maisons de couture telles que Vuitton, Hermès, Chloé, Courrèges, Lanvin, Isabel Marant, en ouvrant aujourd’hui ses portes à la nouvelle génération de créateurs et stylistes, Beaulieu Paris, Domestique, Archipel, Le Soulor, Le Cuir est dans le Pré…
Peugeot Saveurs : du luxe pour le quotidien
Il y a aussi de belles histoires centenaires qui touchent des produits haut de gamme du quotidien. Depuis plus de 200 ans, Peugeot imagine conçoit et fabrique des objets de luxe pour tous les jours. C’est ainsi que dans la manufacture française Peugeot Saveurs, basée à Quingey dans le Doubs (164 salariés sur 12 000 m2 d’ateliers et d’entrepôts), tout est réalisé sur place : le design, le développement technique, mais aussi la fabrication. Le bois y est tourné, verni ou peint ; les mécanismes emboutis, assemblés minutieusement avec un savoir-faire d’orfèvre.
Depuis leur terre natale franc-comtoise, ces produits made in France sont exportés à travers le monde vers plus de 80 pays. Célèbre pour ses fameux moulins à poivre et à sel, Peugeot Saveurs s’exprime aujourd’hui au-delà des territoires qu’on lui connaît au travers de couteaux et d’accessoires culinaires. Déjà reconnu pour son expertise dans l’univers des épices et des accessoires du vin, la marque au lion explore d’autres univers et crée de nouveaux instruments du goût autour de la découpe et la cuisson.
Un savoir-faire reconnu puisque Peugeot Saveurs a obtenu le prestigieux label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV ), une marque de reconnaissance de l’Etat, mise en place pour distinguer les entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence. Il en faut de l’audace pour se lancer et se développer sur ce secteur du haut de gamme, mais en tant qu’entrepreneur, s’appuyer sur l’image française est aussi un plus dont il faut savoir profiter, comme le démontrent ces entreprises d’hier et d’aujourd’hui qui n’ont pas fini de valoriser le savoir-faire tricolore dans l’univers du luxe. C’est encore très porteur et, en plus, c’est planétaire.
E.S.