Par Denis Deguilhen, directeur associé du Cabinet Walter Recrutment, et président d’Oddity VR
Tribune. Pour accompagner les défis d’un monde en transformation continue, recruter n’apparait plus comme la seule ni forcément la meilleure option. En effet, dans de nombreux cas, les talents recherchés existent déjà dans l’entreprise. Le défi pour les directions : les trouver !
Si la compétence technique est un préalable, celle-ci pourra être facilement acquise par une formation adéquate. Ce qui compte en réalité ce ne sont plus ces hard skills, mais bien les compétences comportementales du candidat, les fameuses soft skills, qu’il est si difficile d’évaluer avec succès.
La prise en compte des soft skills : principal marqueur d’une politique RH performante et ambitieuse
La connaissance et l’expertise sont désormais challengées par l’empathie, la créativité ou encore l’intelligence émotionnelle. Preuve en est, selon une récente étude*, 60 % des cadres attendent de leur entreprise qu’elle prenne en compte l’évaluation de leurs soft skills dans un futur proche, faute de quoi ils se déclarent prêts à partir.
Entre les évolutions sociétales, l’essor du modèle start-up privilégiant la créativité et le leadership, le recours massif au digital, qui donne accès à un savoir illimité, ou encore la robotisation qui réinterroge la place de l’homme dans l’entreprise, ces compétences comportementales montent en puissance. D’autant que l’accélération des ruptures technologiques entraîne l’obsolescence de plus en plus rapide des compétences techniques et la nécessité pour les salariés de se réorienter tout au long de leur parcours professionnel.
Nous sommes à l’aube d’un nouveau cycle et d’un tournant majeur. Les entreprises qui seront capables de gérer ce bouleversement, de façon professionnelle, volontariste et novatrice, se doteront d’un avantage concurrentiel déterminant. Pour les DRH, identifier ces soft skills en interne, c’est s’ouvrir de nouvelles possibilités de trouver ces talents qui leur manquent, de réinterroger la place de chacun dans l’entreprise, d’organiser une évolution des carrières satisfaisante et de faire émerger les talents.
Au final, tout le monde y gagne ! Attention toutefois à ne pas sous-estimer la difficulté à évaluer et à mesurer le savoir-être, un facteur quasiment exclusif des situations d’échecs que rencontrent les dirigeants.
Une inadéquation entre les besoins et les outils d’évaluation
Si l’on veut effectuer un travail de qualité, il faut déjà partir d’un état des lieux. Or, il y a peu, on mesurait encore les soft skills sur la base d’analyses graphologiques, jusqu’à l’apparition des tests de personnalité qui, grâce à une batterie de questions, permettent de dresser un portrait assez global de l’état d’esprit des collaborateurs. Néanmoins, comme l’avouent nombre de DRH de grandes entreprises, les échecs en termes de réorientation professionnelle ou de promotion interne demeurent bien souvent le fait d’une mauvaise perception de ces savoir-être.
Il y a là un problème de fiabilité, mais également un hiatus entre ces outils et l’évolution très rapide des entreprises confrontées à la révolution digitale. Heureusement, de nouvelles méthodes se font jour qui tirent le meilleur parti des dernières découvertes scientifiques pour identifier et mesurer chez chacun des qualités telles que l’autonomie, la capacité d’adaptation, l’esprit critique, la créativité, la loyauté, le sens du service ou encore la flexibilité.
À la croisée du jeu vidéo et des sciences comportementales, la réalité virtuelle boostée à l’IA, propose aujourd’hui une nouvelle approche de l’évaluation des soft skills. Combinant des tests d’aptitude, d’intelligence et de personnalité dans le cadre de mises en situation en 3D immersive, elle constitue une démarche révolutionnaire, qui s’appuie sur un mode opératoire ludique, recueillant systématiquement l’assentiment des intéressés.
Des expériences en immersion, qui révèlent les personnalités
Equipé d’un casque VR, le candidat vit une expérience totale et interactive, à la fois sensorielle, motrice et cognitive. Plongé dans une nouvelle réalité, déconnecté de son environnement, hors de sa zone de confort et loin de ses repères habituels, il lâche rapidement prise, oubliant l’évaluation pour dévoiler sa vraie nature. L’immersion facilite l’expression de sa personnalité : elle le pousse à suivre son instinct et à adopter des comportements plus naturels.
Les solutions de réalité virtuelle adaptées à la détection des soft skills révèlent ainsi le degré d’affect et l’ensemble des réactions face aux obstacles rencontrés, contribuant à déterminer qui est réellement la personne engagée dans ce « test ». Le candidat devient véritablement acteur de son évaluation, et il n’y a jamais de mauvais résultat.
Des balises et des algorithmes mesurent ensuite ses comportements. Au terme de l’expérience, les conclusions sont délivrées sous la forme d’une cartographie qui met en évidence les soft skills les plus développées et donc, ceux sur lequel le collaborateur devra travailler en fonction de ses ambitions. Les possibilités d’évolution dans ce domaine s’annoncent infinies.
Demain, les entreprises pourront paramétrer ces applications avec des scénarios et des décors en phase avec leur univers. Déjà, elles peuvent recentrer l’évaluation sur les 5 ou 6 soft skills qu’elles jugent prioritaires, pour une précision des résultats chirurgicale. Vous l’aurez compris, nous ne sommes qu’aux prémices de cette révolution RH !