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L’essor du rosé pétillant


Certains producteurs français ont décidé de lancer de nouveaux pétillants en s’appuyant sur le succès du rosé, pour batailler contre les produits espagnols et italiens qui séduisent les consommateurs. Et ça marche !

Entreprendre - L’essor du rosé pétillant

Certains producteurs français ont décidé de lancer de nouveaux pétillants en s’appuyant sur le succès du rosé, pour batailler contre les produits espagnols et italiens qui séduisent les consommateurs.

Aux côtés du Roi Champagne, les Prosecco et les Cava ont su prendre une place qui restait libre, en dépit de la concurrence des crémants et autres méthodes champenoises françaises qui sont longtemps restés sur une cible régionale. Le prix de vente au consommateur a aussi son importance, les cavas espagnols étant particulièrement bon marché.

L’autre élément qui a modifié les comportements est le raz-de-marée de certains cocktails à la mode qui a relancé la consommation. Le vieux kir à la française étant un peu passé de mode, c’est le Spritz qui a tout bouleversé sur son passage, redonnant une nouvelle vigueur au marché. La production mondiale de vins effervescents a atteint 20 millions d’hectolitres pour la première fois en 2018.

Le rosé à bulles, une vraie tendance

Certains producteurs français ont décidé de lancer de nouveaux pétillants en s’appuyant sur le rosé. En effet, le vin rosé est un marché de premier ordre depuis plusieurs années, aussi pourquoi ne pas investir le créneau du rosé à bulles ? D’autant que ce vin a une saveur souvent un peu plus fruitée, appréciée par une grande partie des citoyens. Qu’on se le dise, le rosé pétillant est donc à la mode, on le retrouve sur toutes les tables et lors des célébrations. A tous les prix pour toutes les qualités, presque pour tous les goûts.

On peut dire que le rosé pétillant est aujourd’hui une vraie tendance pour les vignerons du pourtour méditerranéen, qui les uns après les autres lancent un vin de ce type, facile à boire, festif en apéritif avec un rapport qualité/prix intéressant. Les autres régions ne sont plus en reste et proposent leurs spécificités régionales aux palais français.

Festejar, la création de Patrick Bouju

Patrick Bouju du Domaine de la Bohème, en Limagne clermontoise, se sent bien sur son terroir surnommé « la Toscane auvergnate ». Il faut dire qu’il a créé son domaine à partir de très anciennes vignes encore vivantes. Têtu et pragmatique, il a su créer une vraie dynamique locale, d’autres vignerons venant s’installer dans la région, la plupart suivant des pratiques agricoles-écologiques. Son vin est à part, naturel et sans sulfites ajoutés. Le vigneron a une approche globale de son métier, dans un esprit d’entraide avec les autres vignerons ou en collaborant également de temps à autre avec des personnalités.

Le domaine n’est pas d’un seul tenant, et s’articule autour de belles vignes anciennes, y compris préphylloxériques. Dès les débuts, le producteur a refusé d’utiliser le soufre dans sa vinification, préférant laisser reposer ses vins sur plusieurs mois, sans avoir à rajouter de sulfites. Il a produit un « Festejar », rosé pétillant à partir de Gamay, avec 5% d’un assemblage pinot blanc, pinot gris et riesling d’Alsace. Son mantra ? « Produire sans s’approprier, agir sans rien attendre, guider sans contraindre, voilà la vertu primordiale ».

Brut de Franc Rosé à Chinon

Dès 1950, la Maison Couly-Dutheil à Chinon a commencé à produire des cuvées pétillantes en méthode traditionnelle. Sa nouvelle production propose un produit composé à partir de Cabernet Franc qui a déjà fait des adeptes. Le domaine créé en 1921 par Baptiste Dutheil est toujours indépendant et familial. Arnaud Couly-Dutheil, aux commandes depuis la mort de son père il y a cinq ans, vendange donc à Chinon. Il travaille en lutte raisonnée, sans herbicides, avec de faibles rendements sur le cabernet franc et le chenin blanc du vignoble.

En 2020, la Maison a reçu entre autres prix une médaille d’or au Concours Vinalies Nationales pour son « Brut de Franc Blanc ». Une récompense pour celui qui a arpenté les vignobles du monde pour mettre en pratique de nouvelles idées et pratiques, sur des terroirs reconnus tels que le Clos de l’Olive et le Clos de l’Echo.

Le Bugey-Cerdon de Renardat-Fache

Ce vin pétillant bio est produit selon la méthode ancestrale, sans ajout de levures ou de sucres avec une fermentation naturelle. Le domaine Renardat-Fache existe depuis quelques huit générations à Mérignat dans l’Ain, les vignes sont présentes dans la région depuis le Moyen-Âge. Léon et Cécile sont les pionniers qui avec d’autres viticulteurs mirent au point le vin pétillant naturel de Cerdon en méthode ancestrale. Le domaine de 12,5 hectares commence à passer en biologique dès 2008 et obtient sa certification en 2012.

La majeure partie de sa production est le Cerdon, qui désigne un territoire de 11 communes pour faire un vin pétillant rosé peu alcoolisé à base de Poulsard et de Gamay, facile à boire sur un dessert par exemple. Le vin de ce terroir a su redorer son image, pour obtenir l’AOC du Bugey (obtenue en 2009), en suivant la méthode ancestrale, soit une fermentation naturelle que l’on peut retrouver dans les petits domaines du Buget-Cerdon.

Chandon de LVMH, le pionnier

LVMH a fait le choix de produire un Chandon venu d’ailleurs. C’est Robert-Jean de Vogüe qui est à l’origine de cette aventure. Pour faire du vin mousseux un produit dans l’air du temps, il fallait aussi le faire croître sur des terres différentes. C’est à Mendoza, en Argentine, sur les contreforts des Andes, à plus de 1000 mètres d’altitude, qu’ils choisissent d’installer le domaine viticole qui produira des vins mousseux uniques. C’était en 1959, Robert-Jean de Vogüe et Renaud Poirier (le premier chef de cave) ont écumé le sol argentin en 2CV.

Depuis lors, le concept a été répliqué dans diverses zones du monde. Après Chandon Argentine, en 1973, ce sont Chandon Californie et Brésil qui voient le jour, en 1986, Chandon Australie et plus récemment Chandon Chine en 2013 et Chandon Inde en 2014.

A.F.

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