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Lettre ouverte à Alain Nicolaïdis, auteur de « Il n’est peut-être pas inutile d’écouter les vieux cons »


Alain Nicolaïdis, auteur de "Il n’est peut-être pas inutile d’écouter les vieux cons"/ L’auteur épingle les gouvernants sur une quinzaine de domaines dans lesquels il observe des erreurs gravissimes, poursuivies dans la durée et souvent présentées de manière mensongère à l’opinion.

Entreprendre - Lettre ouverte à Alain Nicolaïdis, auteur de « Il n’est peut-être pas inutile d’écouter les vieux cons »

Tribune. L’auteur épingle les gouvernants sur une quinzaine de domaines dans lesquels il observe des erreurs gravissimes, poursuivies dans la durée et souvent présentées de manière mensongère à l’opinion.

Il y a un point sur lequel je ne suis pas du tout d’accord avec l’auteur. C’est au sujet de la surtaxation des héritages.

Evidemment ça fait bien et équitable de tirer sur le type qui hérite du bel appartement de ses parents. Le public ne voit pas que derrière la prétendue justice que constitue la taxation avec une infime tranche non taxée les familles ne peuvent plus maintenir de génération en génération un appartement ou une maison de famille. La maison de famille me paraît être une institution favorable à la cohésion de la Société. Elle peut remplir différentes fonctions utiles telles que le mixage des générations, le maintien des vieux à domicile, etc…

Mais la question principale n’est pas là. La vraie question, c’est que les entreprises françaises rencontrent des difficultés souvent insurmontables dans leur croissance et leur perpétuation. Une faiblesse bien connue est la difficulté que rencontrent les entreprises françaises, surtout les petites et les moyennes, à rassembler des fonds propres suffisants. Très souvent les fonds propres trouvent leur source dans les marges de la Société à ses débuts. Or de nos jours, avec une concurrence effrénée généralisée dans tous les domaines, les marges sont de plus en plus comprimées. Les Entreprises sont donc très longtemps extrêmement vulnérables pendant des décennies.

Le schéma qui doit être encouragé est celui, par exemple, d’Yves Rocher : la première génération a une idée et la met en œuvre. La seconde génération la consolide et développe à l’échelle nationale. La troisième la consolide fortement et l’établit à l’international. A partir de là l’entreprise est suffisamment solide pour résister pratiquement à tout. Et sa prospérité fera non seulement celle de ses actionnaires et de ses salariés, mais également celle de ses fournisseurs et de tous ses stakeholders, y compris l’Etat.

Les entreprises françaises qui ne peuvent pas être transmises de génération en génération sont extrêmement vulnérables. D’innombrables chefs d’entreprises parvenus à l’âge de la retraite cèdent leur Société à un prédateur étranger, qui la dépèce, exporte dans un pays étranger les savoir-faire et finalement ferme le Site, notre enfer fiscal n’assurant pas sa compétitivité.

Taxer à 60% les grands héritages et les énormes fortunes conduit à ce que nous observons, la désindustrialisation du pays. Les observateurs déplorent que nous n’ayons ni GAFAM, ni des gros bataillons d’ETI. Peut-être nous faudrait beaucoup plus de Sociétés familiales. Ce n’est pas en démantelant le capital à chaque succession qu’on assure un solide tissu d’entreprises.

Dieu aime les pauvres et aide les riches (Joseph Klatzmann dans L’humour juif) Le mécanisme est d’une simplicité confondante : les riches ont des patrimoines investis, les pauvres non. Tout patrimoine correctement investi s’accroît. Les pauvres n’en possèdent pas. La bonne solution pour atténuer cette navrante injustice systémique consiste à attribuer des actions des sociétés par l’intéressement des salariés, et à diffuser une culture financière pour éviter le syndrome Carrefour. Ça ne vous rappelle rien ? Lorsque Carrefour a été introduite en Bourse, les employés, qui avaient reçu des actions, se sont empressés de les vendre aux premières hausses de cours, se privant ainsi de dix-huit ans de solides plus-values supérieures à 20% par an.

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