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La levée de fonds, un parcours du combattant


Lever des fonds pour une start-up peut se révéler être un véritable parcours du combattant. Entre biais de genre, ajustements stratégiques et gestion des attentes des investisseurs, deux entrepreneurs partagent leurs expériences.

Entreprendre - La levée de fonds, un parcours du combattant

Françoise Mercadal-Delassales témoigne de l’expérience de sa seconde levée de fonds pour Auxo Dynamics, la start-up qu’elle a cofondée avec Stéphanie Biron.

« Il y aurait bien des choses à dire sur les difficultés qui existent encore aujourd’hui pour réunir des financements en France. En dépit de notre labellisation Deeptech par Bpifrance, il nous a fallu mener plus d’une cinquantaine d’entretiens afin de trouver des personnes susceptibles de comprendre notre business et notre technologie. Malgré nos profils complémentaires et nos expériences que l’on peut qualifier de solides, il a fallu prendre conscience que le biais de genre existait bel et bien face à des financiers purs et durs.

Je dois avouer également avoir ressenti un sentiment nouveau en ce qui me concerne, celui d’être directement cataloguée « entrepreneur senior et femme », ce qui, semble-t-il, n’est pas extrêmement positif… Stéphanie Biron est plus jeune, mais nous nous sentions incomprises. Nous avons donc décidé de modifier radicalement notre approche auprès des fonds d’investissement, en adoptant un style de présentation plus masculin. Au lieu de pitcher avec notre approche analytique raisonnée, qui ne minimisait pas les risques, nous avons fait comme nos collègues masculins. Nous étions les meilleures, nos interlocuteurs ne pouvaient passer à côté de l’opportunité qui leur était offerte, bref, nous avons montré les muscles. Et cela a bien mieux fonctionné. »

Khaled Al Mezayen, président cofondateur d’Inovaya, spécialisée dans le traitement durable de l’eau, raconte son « marathon » pour lever des fonds.

« Une levée de fonds est un exercice particulier. C’est un vrai marathon au cours duquel il faut chercher les bons interlocuteurs, les convaincre, gérer les procédures de due diligence (l’ensemble de vérifications qu’opère un investisseur dans le but de sécuriser un achat par l’analyse de la situation d’une société)… Sans oublier les questions de valorisation très compliquées en France, un vrai sujet en soi. Pour réussir, il faut apprendre à connaître les objectifs des investisseurs, vérifier si notre offre peut correspondre à leurs attentes.

70 % des fonds chercheront du rendement entre cinq et sept ans, un business angel entre trois et sept ans, d’autres acteurs comme des institutionnels ont des objectifs à impact ou à plus long terme… Bpifrance propose un mapping très utile des caractéristiques des différents investisseurs. Idéal pour la première levée de fonds.

Pour la seconde, nous avons opté pour le crowdfunding, via un accompagnement de LITA pour la structuration de la partie financière et les dossiers de due diligence. Ce fut très formateur et utile : nous avons levé 700 000 euros, ce qui est loin d’être anodin.

Notre troisième levée de trois millions d’euros fut bien plus rapide avec l’intégration d’un institutionnel, Groupama Auvergne Rhône-Alpes. Nous avions mûri, appris à mieux présenter notre projet, à rassurer sur l’échange des fonds. Par ailleurs, mieux vaut savoir que la plupart des business angels ont une appétence pour les amorçages, ils sont plus à même d’investir au démarrage individuellement ou en co-investissement via leurs groupements. Bref, pas de recette miracle ! Il faut du temps, beaucoup de préparation et ne pas avoir peur de s’endetter pour grandir. »

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