C’est l’aventure d’un fervent amateur de la nature. En 2018, Li Cheng, passionné par les animaux sauvages et ingénieur informatique, s’est transformé en défenseur et protecteur de l’écosystème. Ayant pour objectif de protéger les animaux et les plantes sauvages, il a créé la même année le Centre de conservation et d’élevage de Xizijiang dans la province du Guangdong (Sud de la Chine).
Au cours d’une investigation sur les ressources animalières locales aux alentours de la ville de Huizhou, Li Cheng et son équipe ont découvert l’existence d’une forêt naturelle et d’un grand nombre d’espèces rares préservées dans la chaîne de montagne Wuqinzhang, situé à l’est du Guangdong. « Cette zone ressemble à une « capsule du temps » qui conserve le paysage écologique d’il y a 100 ans de la région », a ainsi présenté Li Cheng lors d’une interview accordée à CGTN Français, affirmant qu’il avait été en même temps stupéfié par les actes criminels de braconnage. « Nous avons vu des pièges visant à capturer les animaux sauvages. Des pattes pincées, les animaux souffrent beaucoup mais luttent encore pour survivre, la scène nous a tellement touché. C’était cette occasion qui m’a décidé de passer du travail d’investigation et de surveillance à celui de la protection des animaux sauvages, en espérant préserver les espèces précieuses pour nos générations futures », a-t-il précisé.
Li Cheng et son équipe ont concrétisé leur vocation en deux démarches : communiquer avec les départements gouvernementaux sur les actes de braconnage des animaux sauvages et lancer des projets de protection en collaboration avec des fonds de bienfaisance en vue de sensibiliser le public à l’importance de la conservation biologique. Au bout de trois années, leurs efforts se sont montrés fructueux. « En étroite collaboration avec le gouvernement, nous nous consacrons à informer les gens sur la nocivité à manger des animaux sauvages et aux graves conséquences liées au braconnage ». Selon Li Cheng, les villageois locaux ont connu une forte métamorphose dans leur prise de conscience, ils savent maintenant que le pangolin est un animal protégé au niveau national et se sentent très fiers que leur foyer abrite cet animal précieux. « Auparavant, ils vendaient les animaux pour gagner de l’argent, tandis qu’aujourd’hui, ils téléphonent à notre équipe ou au Bureau de la Forêt dès l’apparition d’un pangolin. À Wuqinzhang, on a quasiment mis fin au braconnage des animaux sauvages », a souligné Li Cheng avec beaucoup de fierté.
En avril 2022, Li Cheng et les équipes de l’Université de Pékin ont réussi à mesurer la hauteur d’un arbre de Pinus bhutanica dans le district de Mêdog, au sud-est du Tibet. 76, 8 mètres ! Cet arbre mesuré par Li Cheng et ses partenaires en usant de la numérisation Lidar a été le plus haut arbre de la partie continentale de la Chine ; alors, quelques jours après, ce record a été battu à 83, 2 mètres, un arbre situé dans le district de Zayü, à quelque 300 km de Mêdog, mesuré par une équipe de l’Académie des Sciences de Chine faisant usage de la corde suspendue à un drone.
Pour cela, Li Cheng a expliqué que l’existence des arbres géants est un signe indiquant le bon état de l’écosystème local, « ce n’est que dans les forêts vierges avec le moins de perturbation humaine que les arbres peuvent atteindre leur pic de croissance, car dans ces lieux existent les conditions les plus propices à la croissance des arbres ». De plus, il a estimé que la recherche de l’arbre le plus élevé a pour but de sensibiliser à la préservation des forêts naturelles, un fait qui demeure toujours méconnu du public chinois.
Les investigations antérieures et celles menées par Li Cheng et ses partenaires pointent l’existence d’arbres géants dont la hauteur s’élève à plus de 70 mètres dans la région sud-est du Tibet, notamment au Canyon du Fleuve Yarlung Zangbo. Les conditions géographiques particulières donnent naissance à ces arbres géants : d’immenses chaînes de montagnes telles que l’Himalaya et Nyenchen Tanglha bloquent l’air froid venant du nord, le flux d’air chaud et humide de l’océan Indien transporte en continu la mousson vers le plateau Qinghai-Tibet en hiver en passant par la région du Yarlung Zangbo, de fortes précipitations se produisent au cours de ce processus, ce qui est favorable à la pousse des plantes. « Moins d’influence du grand vent ou de la vague du froid, l’abondance de pluie et d’humidité, toutes ces conditions sont propices à l’apparition d’arbres géants dans le Canyon du Yarlung Zangbo », a pointé Li Cheng. C’est pour cette raison qu’il est pleinement convaincu que des arbres encore plus hauts seront découvert à l’avenir dans cette région.
Li Cheng est aussi l’un des partisans de l’établissement du Parc national du Yarlung Zangbo. Les enquêtes et surveillances scientifiques qu’il a menées montrent que le climat vertical dans cette région nourrit d’énormes plantes et animaux, « la biodiversité au bassin du Canyon du Yarlung Zangbo fait de la région la zone qui dispose de la bande la plus complète en matière de répartition verticale des espèces. C’est un endroit idéal à montrer au monde avec ces caractères primitifs et complets de l’écosystème de la Chine. La région porte également un sens significatif dans la recherche sur les impacts du réchauffement climatique sur l’écosystème », a-t-il fait savoir.
Conditions pénibles de travail sur le terrain, manque de ressources financières stables, Li Cheng et son organisation font face à toutes ces difficultés, mais la passion pour la nature et la surprise que la nature présente à l’homme lui permettent toujours de continuer à préserver la biodiversité. « À partir des recherches précédentes concernant les facteurs menaçant l’existence du pangolin, nous allons renforcer les efforts dans la construction du couloir écologique et la réhabilitation de l’habitat pour cet animal ; en outre, nous poursuivrons le travail centré sur la protection, l’investigation et la surveillance des espèces rares et en voie d’extinction dans le Canyon du Yarlung Zangbo », a conclu Li Cheng, avec toujours une grande conviction.