Pas une minute à perdre pour le leader de la voiture sans permis : à force d’innovation, Ligier reste dans la course de la mobilité verte et investit 20 millions dans ses usines de Boufféré (Vendée) et Abrest (Allier).
Pour les plus anciens, la marque Ligier est liée à la personnalité de son fondateur Guy Ligier. Il y a quelques 60 ans, ce sportif faisait la Une des journaux en tant que champion de France de moto, pilote de Formule 1 et habitué des 24h du Mans.
Il était une fois… Guy Ligier
Là où le champion a surpris son monde, c’est quand il s’engage en 1970 dans la création d’entreprise dans son domaine de prédilection, l’automobile. Réputé pour son caractère bien trempé, il connaîtra des hauts et des bas, mais persévèrera, en passant de la fabrication de monoplaces Ligier pour la Formule 1, pour aller vers les tracteurs, puis finalement vers un marché de niche tout nouveau, la voiture sans permis. Ce grand sportif et entrepreneur, orphelin à l’âge de 7 ans, autodidacte pur et dur, avait une volonté de réussir immense qui l’a porté jusqu’à sa mort à 85 ans en 2015 ; son fils Philippe assurant déjà la succession.
Un groupe qui se structure
Microcar, l’autre acteur français des voitures sans permis est né en 1984. Installé en Vendée, son actionnaire principal le groupe Bénéteau revend l’entreprise en 2008 à Ligier ce qui lui permet de mettre sur pied une nouvelle stratégie et de former un nouveau groupe cohérent. En 2014, Ligier et Microcar décident d’un positionnement précis pour chaque marque, afin de mieux occuper le terrain de ce marché de niche sur lesquels les grands constructeurs ne sont pas présents. Microcar se spécialise pour sa part sur les modèles d’entrée de gamme, laissant à Ligier le haut de gamme et le véhicule professionnel électrique.
Pionnier sur l’électrique
Le groupe est aujourd’hui un pionnier sur l’électrique, il équipe ainsi La Poste, en France et en Europe avec des véhicules 3 et 4 roues, les Pulse 3 et 4. Ligier est aussi une marque qui investit en innovation. Son modèle EZ10 en est la vitrine, une navette autonome 100% électrique développée pour le compte de la société EasyMile, spécialiste de la mobilité intelligente et de la technologie sans chauffeur. Un véhicule qui s’inscrit sur le marché chaud bouillant du dernier kilomètre, qu’il s’agisse de transport de personnes ou de marchandises. Car soyons de notre époque, la « voiture sans permis » a disparu pour laisser la place au « quadricycle léger », la nouvelle dénomination. Un mot peu glamour, mais qui a le mérite d’enlever cette étiquette erronée de voiture utilisée par des conducteurs ayant perdu tous leurs points.
Une clientèle jeune & d’avenir
Terminée cette fausse réputation. La clientèle des conducteurs qui ont perdu leur permis ne représente que 2 à 3% du marché pour la marque. Cette cible s’intéresse plutôt à la location, plus adaptée à une solution temporaire qu’à un achat. En réalité, 30% des clients sont des adolescents et de jeunes adultes. Voici qui rajeunit complètement l’image de ces véhicules. Il est en effet possible de conduire à compter de 14 ans avec le permis AM. La raison en est simple : les parents ont de plus en plus peur des deux roues pour leurs enfants.
En Italie ou en Scandinavie, les petites Ligier sont la nouvelle voiture à la mode et se vendent comme des petits pains, quasiment 100% des ventes y sont réalisées sur cette cible. La clientèle traditionnelle existe toujours, des personnes plus âgées, vivant souvent en milieu rural, sans oublier les particuliers qui ne peuvent passer le permis classique pour diverses raisons. Un autre pan solide de l’activité est le partenariat mené avec La Poste pour ses flottes professionnelles depuis dix ans. Le marché est donc clairement en train de basculer vers de nouveaux usages, d’autant que le look de ces voitures est devenu vraiment séduisant, et qu’en thermique, la consommation n’est que de 2 litres au 100 kms.
A.F.