Le site est splendide, sur un parc de style renaissance, sur 70 hectares, et le conseil régional est décidé à faire du château du XVIIIième siècle et du manoir du XVIème siècle un centre d’attraction rayonnant du patrimoine historique francilien. Un projet d’envergure pour le Val d’Oise, comprenant restaurant, théâtre et résidence d’artistes. Nous avons interrogé Florence Portelli, vice présidente de la région Ile-de-France, qui porte ce magnifique projet.
Le Domaine de Villarceaux est géré par la région depuis 1989, via un bail emphytéotique de 99 ans. Le propriétaire est la Fondation « Charles Léopold Mayer ». Allez-vous pouvoir réaliser votre projet ?
Florence Portelli : Nous gérons les 70 hectares, les jardins, le parc, les châteaux et la programmation culturelle. La fondation s’intéresse assez peu à Villarceaux, la région Ile-de-France a donc réfléchi pour savoir s’il convenait de poursuivre ou d’arrêter lors du renouvellement du partenariat. D’autant que ce mode de fonctionnement avait été épinglé par la Chambre Nationale des Comptes, du fait que nous assumons financièrement tout le fonctionnement sans être propriétaires.
Mais nous sommes vraiment attachés à de domaine. Autour de Paris, il y a une véritable fracture territoriale au détriment de la grande couronne où il ne se passe quasiment rien, dans le Val d’Oise comme dans l’Essonne par exemple. Valérie Pécresse met en place une politique forte afin de rééquilibrer le territoire de la région Ile-de-France notamment en matière culturelle. À ce titre, le domaine de Villarceaux est très important. Il a donc été décidé que la Région allait continuer à investir, et quitte à le faire, ce serait en grand sans exclure de devenir peut-être propriétaire un jour…
Comment avez-vous travaillé sur ce renouveau ?
Nous avons mandaté Françoise Bertout, de par son expérience en matière artistique à la cité de la Villette, avec le souhait d’étudier les pistes pour que le domaine reprenne une envergure à la hauteur de sa beauté. Aujourd’hui, c’est un endroit où l’on ne peut pas se restaurer en dehors de distributeurs et où les prestations culturelles ne sont que ponctuelles.
Différents projets ont été approuvés et la Région a lancé trois Assistances à Maîtrise d’Ouvrage pour lesquelles 250 000 euros ont été votés en septembre dernier, nous devrions en faire la réception d’ici septembre prochain. Il est prévu de transformer cet endroit incroyable, qui inclut un château d’époque médiévale, un canal, un autre château du XIXe, des jardins et un parc magnifique pour y installer une « Villa Médicis », une résidence d’artistes qui encouragera notamment la jeune création, avec la restitution de leur travail au sein de Villarceaux si possible.
Il y aura également une offre de restauration, une offre culturelle et événementielle pour différents publics, locaux, français ou étrangers, et ce, tout au long de l’année. Des spectacles, du théâtre éphémère dans les parties bâties, mais aussi dans le parc et les jardins, car nous voulons également innover via le projet Natura porté par la Région. Nous avons la volonté d’organiser des prestations culturelles de qualité et d’envergure, ainsi que des activités très grand public, comme un escape game culturel, des foires d’artisanat local, correspondant à notre patrimoine culturel.
Pour le Vexin, c’est un projet majeur et porteur sur le plan touristique et patrimonial…
Oui. Il est essentiel de faire savoir que le Val d’Oise et le Vexin sont magnifiques, même si personne n’y pense, car il y a une carence en matière d’hôtellerie et de restauration. Notre projet inclut d’ailleurs des offres hôtelières abordables et de la restauration aux alentours, ou dans le domaine via des concessions privées.
Nous avons beaucoup d’idées, par exemple il est possible d’imaginer un parcours de Villarceaux à Giverny, des bords de l’Oise aux bords de la Seine, sur des thèmes comme les lieux fréquentés par les impressionnistes, en lien avec la Normandie…
Une excellente manière de redorer le blason du département…
Il faut se souvenir que le Val d’Oise est un département jeune, d’une cinquantaine d’années, une espèce d’avatar dont l’identité n’a pas été véritablement construite. Pour y parvenir, nous pouvons nous appuyer sur le parc du Vexin. Mettre en avant la beauté de ce département et de ses lieux remarquables est un enjeu pour les politiques publiques, et va permettre de construire cette identité qui manque.
Avec ce projet, nous démontrons également que les collectivités ne sont pas que des financeurs, au domaine de Villarceaux, nous agissons pour réduire les fractures territoriales, pour faire connaître nos richesses aux Parisiens comme aux étrangers pour qu’ils aillent de temps à autre au-delà de Versailles. Nous avons parfois la méconnaissance de ce qui est à côté de chez nous.
Or un domaine de ce type est absolument unique dans le secteur, nous devons rendre à ce lieu une visibilité méritée. C’est un projet de Valérie Pécresse dans lequel je suis totalement impliquée et heureuse de l’être.
Propos recueillis par Anne Florin