A une époque d’intégrisme et de populisme, où la désinformation est continuelle, je vous invite à une liberté de pensée.
D’autant plus les divisions culturelles et la polarisation sur les questions de valeurs traditionnelles, telles que celles relatives aux droits des femmes, à l’immigration, à la communauté LGBTQ+ et au rôle de la religion, remettent également en question la démocratie. Beaucoup voient les changements culturels comme des menaces pour les hiérarchies de pouvoir et gravitent autour du leader politique transgressif.
Droits et principes démocratiques
En puisant dans ces clivages, des forces malveillantes internes et externes proposent des modèles de gouvernance alternatifs. L’autoritarisme de droite augmente dans de nombreux pays et surtout les citoyens adoptant l’idee qu’avoir un dirigeant fort prêt à se battre est plus important que de protéger les droits et les principes démocratiques.
Cependant, la démocratie qui pouvait être directe dans l’Antiquité, a dû devenir représentative en changeant d’échelle. À l’époque où l’on se déplaçait à pied ou à cheval, il fallait forcément élire des représentants. Mais les députés sont-ils toujours indispensables à l’ère du numérique ? Faut-il changer leur nombre ? Et leur manière de faire ?
Fake news
En 2014, Pascale Luciani Boyer tirait la sonnette d’alarme sur l’impact du numérique dans notre démocratie représentative dans son livre « l’élu (e) face au numérique » Dans les années 1990, le web était décrit comme une « technologie révolutionnaire », qui allait bouleverser toutes nos pratiques d’accès à la connaissance et permettre aux utilisateurs de produire, d’accéder et de distribuer du contenu en un rien de temps.
Aujourd’hui, ce point de vue a quelque peu évolué car Internet présente de nombreux défauts : l’information n’y est pas toujours hiérarchisée, certaines communautés aux idées extrêmes peuvent se former sur les réseaux sociaux et les fakes news se diffusent très rapidement. On peut donc légitimement remettre en question la capacité d’Internet à produire une forme de sagesse collective. Et pourtant, nous faisons généralement confiance à Google pour une recherche alors que nous n’avons aucun moyen de vérifier l’information et sa hiérarchisation. D’autre part, sur Internet certaines pages sont mises en avant, d’autres beaucoup moins. …
Algorithmes
Comment expliquer cette hiérarchisation ? En fait, les algorithmes interprètent chacun de nos clics comme des votes. Si de nombreux utilisateurs cliquent sur la page A, alors la page A sera mise en avant. Il est difficile de parler d’intelligence collective en ce qui concerne les pratiques d’évaluation sur Internet, elles sont le plus souvent encouragées par les sites et contribuent à uniformiser les choix des utilisateurs. Par exemple, sur Amazon il existe une fonction intitulée « les utilisateurs ont aussi acheté ». Cette fonction mise au point par Amazon est une invention du marketing qui n’a pas pour but d’aider une communauté de lecteurs à identifier le « bon » livre, mais bien d’augmenter les ventes.
En revanche on peut parler d’intelligence collective à propos des forums d’utilisateurs où les informations s’échangent et les problèmes se résolvent en commun. Une encyclopédie comme Wikipédia atteste que les individus travaillent mieux en groupe et produisent une sagesse collective. Alors pourquoi ne pas imaginer un tel système en politique ? Un système dans lequel chacun pourrait librement exprimer ses opinions politiques, les mesures qu’il souhaiterait mettre en œuvre et ses réactions concernant la politique mise en place par le gouvernement ?
Si nous ne changeons pas notre mode de scrutin, le risque existe que des gouvernements de moins en moins légitimes aient de plus en plus recours à des dispositifs répressifs pour imposer leurs choix. Il n’existe pas de recettes miracles mais un ensemble de propositions qui s’articulent entre elles à l’instar du vote électronique.
Cedric Leboussi