Depuis la récente ouverture du pays à l’Occident, les entreprises tricolores s’y précipitent. Avec une croissance honorable et un fort pouvoir d’achat, l’Iran offre en effet de belles opportunités de business… A condition d’avancer prudemment et d’être conscient des incertitudes politiques du pays.
Voilà enfin un accord gouvernemental qui a éclaircit l’horizon de l’Iran et des entreprises candidates à l’export : en juillet 2015, l’Iran, les États-Unis et 5 grandes puissances sont parvenus à un accord sur le nucléaire après 12 ans de négociations diplomatiques. Une signature historique qui a levé les sanctions économiques freinant le développement du pays.
Cette ouverture soudaine a également donné des velléités d’export aux entreprises françaises dans ce pays plein de promesses. Ce qui séduit ? « Une croissance importante avec un PIB de 400 Mds€, soit l’équivalent du PIB turc au début des années 2000», indique Mathieu Etourneau, directeur général du Centre français des affaires de Téhéran.
«L’accord sur le nucléaire a signifié le retour des entreprises occidentales dans ce pays». Un retour d’ailleurs impulsé par les gouvernements eux-mêmes : quelques semaines après l’accord historique, une délégation de 134 entreprises françaises s’est envolée pour l’Iran, sous la houlette du Medef et du secrétariat d’État au commerce. Une première en 12 ans.
Un pays à la croissance forte
Ce pays islamique n’est pas seulement une puissance pétrolière, c’est aussi un marché de 80 millions d’habitants, dotés d’un pouvoir d’achat important. L’économie devrait y croître de 5 à 10% par an, avec des consommateurs friands de tout, notamment de nouvelles technologies. Le président iranien Hassan Rohani lui-même lance un appel aux entreprises : « pour atteindre une croissance de 8%, nous avons besoin de 30 à 50 Mds$ d’investissements étrangers», a-t-il déclaré lors de sa dernière visite à Paris.
La demande est forte en termes d’infrastructures, de biens de consommation, d’agroalimentaire, de transport… L’État iranien lui-même a de forts besoins. «On estime que le gouvernement iranien devrait octroyer de 20 à 30 Mds€ de contrats publics dans les prochaines années», précise Mathieu Etourneau. Les grandes entreprises ne s’y sont pas trompées à l’image de Total, qui dispose déjà d’un bureau à Téhéran, de Technip (société d’ingénierie pétrolière), d’Engie… qui toutes placent leurs pions, conscientes du besoin de technologies et d’innovations.
Première preuve de cette volonté d’expansion économique : le pays a commandé 118 avions à Airbus, ce qui devrait d’ailleurs profiter aux PME françaises du secteur. Nos grands groupes tricolores n’ont pas traîné pour nouer des accords commerciaux : Total, qui a annoncé acheter à l’Iran 200.000 barils par jour de pétrole, mais aussi le constructeur automobile PSA qui s’est associé au groupe iranien Khodro pour produire à Téhéran des voitures Peugeot…
L’incertitude liée à l’élection de Trump
« Dans le domaine de la santé, des infrastructures et de l’énergie, le potentiel de développement en Iran est très prometteur», assure le directeur général du Centre français des affaires du Medef à Téhéran. Pour aider les entreprises françaises à nouer des contacts, les organismes investissent eux aussi le sol iranien, à commencer par quatre CCA (Paris, Marseille, Strasbourg et Grenoble).
De son côté, le Medef vient d’ouvrir un centre français des affaires dans la capitale. «Notre rôle est d’être un facilitateur, en mettant à disposition des entreprises des bureaux, des interprètes franco-persans… Prochainement, nous envisageons de créer la maison des entreprises françaises, c’est-à-dire un lieu où elles pourront se rassembler pour échanger».
Pour autant, ne rêvons pas, l’Iran n’est pas (encore) le nouvel eldorado sur lequel se précipiter. «L’incertitude politique pèse sur les investissements. Il est notamment difficile de prévoir la position des États-Unis vis-à-vis du pays suite à l’élection de Donald Trump mais aussi les résultats des prochaines élections présidentielles iraniennes de mai prochain».
En dehors de cette instabilité, le spécialiste conseille aux entreprises «d’avoir une vision stratégique à horizon cinq ans, le temps que les crédits bancaires se mettent en place». Et il miser sur le long terme. «Attention, les hommes d’affaires iraniens ont une vraie culture économique. De même, il est important de comprendre et de respecter les codes culturels locaux. Les entreprises souhaitant développer des accords industriels doivent se projeter sur du long terme». Du durable donc, loin d’une chasse opportuniste.