À la tête du service de gynécologie et obstétrique de l’Institut Mutualiste Montsouris, le docteur Christine Louis-Sylvestre plaide en faveur du maintien de l’organisation existante de l’hôpital, dont la pluridisciplinarité permet une prise en charge adaptée aux besoins de toutes les femmes. Une offre qui se démarque dans le paysage hospitalier français, que ne doivent pas compromettre les difficultés financières de l’établissement.
Accouchement ambulatoire, prise en charge du handicap : la maternité de l’IMM est unique en son genre
Incontournable en Île-de-France, la maternité de l’IMM est caractérisée par son offre sur mesure balayant un large spectre de prises en charge. Ainsi, notre maternité est l’un des rares établissements franciliens à proposer un accouchement quasiment en ambulatoire pour les couples qui le souhaitent, avec un parcours qui maintient les indispensables conditions de sécurité et un accompagnement spécifiquement pensé pour que les couples retrouvent rapidement leur domicile. Les patientes qui le souhaitent peuvent aussi bénéficier d’une péridurale dite « déambulatoire », plus légère que la procédure habituelle et adaptée aux patientes qui s’orientent vers un accouchement plus naturel.
L’IMM est aussi l’un des rares hôpitaux franciliens à répondre aux besoins des couples en situation de handicap en leur proposant une prise en charge globale, du suivi gynécologique à la grossesse, en passant par l’accès à la parentalité. Une fois la grossesse débutée, ces couples bénéficient à l’IMM d’un suivi par une sage-femme spécialisée, d’une préparation de l’hospitalisation, et d’une aide à la préparation au retour à domicile. En cas de situation médicalement complexe, la maternité de l’IMM peut également s’appuyer sur un service de réanimation et sur tous les services médicaux de l’établissement (cardiologie, pneumologie, médecine interne…).
Alors que l’offre publique à destination des femmes en situation de handicap est d’ores et déjà très insuffisante, altérer le fonctionnement de la maternité de l’IMM serait une aberration. D’autant plus qu’en parallèle de la maternité, l’hôpital dispose également d’une unité périopératoire de chirurgie gynécologique adaptée dont peuvent bénéficier ces patientes. Pour ces femmes, la maternité de l’IMM est un établissement comme il en existe peu, où elles sont assurées de trouver confort, expertise et accompagnement de confiance.
De précieuses synergies entre services
Mais le service de gynécologie obstétrique de l’IMM, ce n’est pas qu’une maternité. C’est un ensemble d’unités (Assistance Médicale à la procréation, maternité, chirurgie) qui fonctionnent en étroite synergie en termes de compétences et de personnels. Une organisation millimétrée, rodée depuis des années, que viendrait irrémédiablement bousculer une quelconque scission du service. Impossible, par ailleurs, pour le service de chirurgie gynécologique de maintenir son niveau d’excellence et de rester un centre de recours sans le soutien des services de chirurgie digestive, urologique ou vasculaire. Sans parler de la réanimation, indispensable dès qu’une chirurgie lourde est envisagée. En d’autres termes, nous ne pourrons, demain, proposer les soins que nous assurons aujourd’hui si l’IMM est « amputé » d’un ou plusieurs de ses membres !
Tous les services font de l’IMM un plateau médical et chirurgical exceptionnel qui permet de proposer des soins délicats et complexes. L’unité de chirurgie met ainsi à la disposition de toutes les patientes, sans reste à charge, toutes les techniques les plus récentes (cœlioscopie mini-invasive, cœlioscopie robot assistée, cœlioscopie par voie vaginale…) et les prises en charge les plus innovantes (réhabilitation améliorée, chirurgie hors bloc…). Le service est par ailleurs référent pour les malformations gynécologiques rares et les pathologies vulvaires. Peu de femmes sont concernées, certes ; maisquel dommage ce serait de ne pas préserver cette offre !
Des personnels attachés au service public
Enfin, les difficultés financières de l’IMM doivent servir de signal d’alarme. Le monde de la santé est en crise, et la tempête que traverse notre établissement n’en est, malheureusement, qu’une énième illustration. Nos discussions au sein de l’IMM le montrent : nous sommes, pour la plupart, viscéralement attachés à la notion de service public. Si nous travaillons à l’IMM, c’est que nos choix professionnels sont aussi guidés par cette envie de proposer un soin de qualité sans dépassement d’honoraires.
Nous touchons ici au nœud du problème : plus que de matériel et de moyens techniques, les maternités franciliennes manquent avant tout de sages-femmes, d’obstétriciens, d’infirmières, de pédiatres, et d’anesthésistes. Autant de professionnels qui travaillent aujourd’hui à l’IMM, mais qui, s’ils n’adhèrent pas à un potentiel projet de reprise, chercheront – et trouveront sans peine – un poste ailleurs, compromettant ainsi l’organisation de notre maternité et de l’ensemble du service.
Christine Louis-Sylvestre
