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L’Ouest : nouvel eldorado des entrepreneurs ?


Si le Golfe du Morbihan est une destination touristique prisée, la « petite mer » en breton a plus d’un tour dans son sac : elle attire aujourd'hui chefs d’entreprise.

@AlexandreLamoureux

Le Golfe du Morbihan est une destination touristique prisée, avec ses îles et un microclimat qui fait la réputation de la région et de la ville de Vannes. La « petite mer » en breton a plus d’un tour dans son sac, à tel point qu’après les touristes, ce sont les chefs d’entreprise qui cèdent à son charme.

Le Morbihan n’a pas que des arguments touristiques à mettre en avant, son économie est de plus en plus florissante, en particulier dans les secteurs de l’agro-alimentaire, du nautisme et des nouvelles technologies, mais aussi dans des créneaux plus traditionnels, comme le commerce, la construction ou l’artisanat. Selon le siège de la Banque de France en Bretagne, la situation morbihannaise de l’emploi est au beau fixe y compris chez les jeunes et les seniors. L’habitat est clairement en hausse, l’industrie et l’agriculture poursuivent leurs investissements, preuve en est que la confiance est présente.

L’effet LGV

Rennes a été l’une des grandes gagnantes de l’effet LGV, qui l’a placée à 1h30 de Paris. Le voyage est d’une heure de plus pour les Morbihannais qui peuvent ainsi effectuer un aller-retour dans la journée pour la capitale, tout en travaillant dans le train. Cette possibilité représente un véritable atout par rapport à d’autres régions plus éloignées ; deux heure trente en train étant souvent plus intéressantes pour un actif qu’une heure trente de vol avec les allers et retours pour l’aéroport. Cette « proximité » a convaincu de plus en plus de Parisiens à s’installer directement en province, bien avant la retraite ; la moitié des Franciliens de 28 à 45 ans se déclarant prêts à quitter la capitale. Encore faut-il le faire sous certaines conditions favorables et avec un véritable projet.

L’immobilier toujours attractif

Les Parisiens et Franciiens ne peuvent qu’être séduits par la province et ses prix si attrayants et la Bretagne ne fait pas exception à la règle. En 2018, des records de signatures ont été enregistrés dans les différents départements de la région Sud Bretagne. Les logements et  locaux commerciaux à prix bien inférieurs à ceux de Paris peuvent aider à réduire de façon importante les coûts fixes d’une entreprise. On retrouve ainsi de nombreux entrepreneurs dont la famille est originaire de Bretagne qui repartent dans les traces de leurs aïeux, mais aussi des Parisiens qui décident de s’installer dans ce joli coin de France.

Les conquérants bretons

L’association ACB, réunissant des « cadres/conquérants bretons », est présidée par Gaël Patout, lui-même à la tête d’une agence de communication à Vannes et Nantes. Passionné par la vie économique de la région, il s’est installé à Vannes à la naissance de son second fils, il y a 22 ans. « Pour rien au monde », il ne changerait d’endroit. Il ressent très fortement la nouvelle dynamique de la LGV, qui permet d’attirer de nouveaux talents, même sans aéroport. De très nombreux salariés d’un certain niveau cherchent à revenir en Bretagne, Gaël rencontre de plus en plus de cadres qu’il nomme « les doubles vies », partageant leur temps entre Paris et la Bretagne. Une association à contacter pour les nouveaux venus, car elle dispose d’un peu plus de 200 membres officiels et d’un écosystème de 1 000 personnes sur place, à Paris et au-delà. 

Quand l’Ouest recrute

Le critère qui est en train de changer la donne est que l’on peut aujourd’hui trouver assez facilement du travail en Bretagne. L’Ouest recrute, comme une bonne partie de la province, qui peine même à trouver sa main d’œuvre. La dernière étude de Cadremploi menée en juillet 2019 confirme un phénomène persistant chez les cadres franciliens : 82% réfléchissent à quitter la région parisienne. Plus de la moitié d’entre eux ne sont pas satisfaits de leur situation actuelle et l’idée qu’ils se font de la vie en province tient en quelques mots : moins de stress, davantage de temps pour la vie privée, moins de charges fixes. Parmi cette population, 29% sont déjà dans une démarche active de recrutement ou de mutation. La façade Ouest de la France remporte allégrement la palme des villes préférées, avec Bordeaux en numéro 1, suivie de Nantes et Rennes. On retrouve également dans ce classement Lyon, Aix-Marseille et Toulouse.


Ils ont choisi l’Ouest !

PATATE.FR

Rémy Layalle est un informaticien spécialiste de la vente en ligne. A 39 ans, en février dernier, il lance son entreprise Papate.fr à Conflans-Sainte-Honorine, elle propose des vêtements de bébé en coton 100% bio confectionnés en France. Avec la perspective de générer un salaire dans les trois ans.  Il a déplacé son entreprise à Vannes, en particulier pour la « réduction importante des coûts de gestion, les biens immobiliers y sont moins chers et les capacités de stockage plus importantes ». Sans oublier la facilité à se construire un réseau, personnel et professionnel, et la qualité de vie pour ce père d’un jeune garçon.

COMME UN CAMION

Serge Massignan a créé un blog «  Comme un camion », dédié à la mode masculine. Provincial d’origine, ce spécialiste d’internet a trouvé son premier contrat au cours de l’année 2000 à Paris. C’est son mariage et le projet de créer une famille qui va pousser le couple à partir en 2007 à Tours, en poursuivant son activité à Paris. Au bout de trois ans, le projet s’avère vraiment viable et l’envie de bord de mer pousse le duo à s’éloigner un peu plus vers l’Ouest, son épouse étant originaire de la région. C’est le Morbihan qui remporte la mise plutôt que Bordeaux ou la Rochelle. Serge ne regrette pas sa décision, bien qu’il apprécie de revenir à Paris de temps à autre. Il considère comme prépondérants la qualité de vie d’un point de vue environnemental notamment, mais aussi le  coût de la vie, plus raisonnable qu’en région parisienne.

THERMIPRO

Ceux qui ont eu besoin d’un plombier le savent : il s’agit d’un métier en or. L’entreprise des Verry a été créée sur ce créneau en 2008 près de Paris. Comme pour de très nombreux Franciliens, est venu le jour de réfléchir à un changement de vie, plus qualitatif, sans pour autant négliger l’aspect professionnel. Laurent et Caroline Verry, les co-gérants disent avoir choisi le Morbihan pour le dynamisme du territoire. Leur entreprise Thermipro, est installée à Saint-Avé, dans la zone artisanale de Kermelin. proche de la ville de Vannes et va recruter sur place. Le territoire détient plus de cinquante zones de ce type. 

MARJOLIEMAMAN

C’est le nom du blog de Marjolaine Solaro, depuis 2008, date de la naissance de son premier enfant, l’époque « des dinosaures de la blogosphère parentale » comme elle le dit elle-même. Cette Parisienne pur souche, journaliste pendant dix ans, a franchi le pas pour s’installer près de Lorient avec son mari en 2011. Celui-ci poursuit ses allers retours parisiens pour sa profession pendant que Marjolaine écrit sur son blog, mais pas seulement, car elle est l’auteur de plusieurs guides pratiques, sans oublier trois enfants. Son bilan est aujourd’hui « largement positif », pour la citer. Les risques encourus étaient clairs « Perdre de l’argent ou mettre en danger notre couple en raison des séparations hebdomadaires ». La conclusion l’est tout autant « Au final, le risque le plus grand pour nous était surtout de rester en région parisienne en nous sentant à l’étroit dans notre vie ».

CAMPING DE LA PLAGE

Les Breistroffer ont eux aussi quittés la région Ile-de-France pour s’installer à Damgan dans le Morbihan l’an dernier. Là encore, c’est la recherche d’un environnement plus adéquat avec leurs souhaits qui a entamé le processus de réflexion. Yann et Audrey sont allés chercher le bon air avec leurs enfants auprès de la mer. Encore fallait-il trouver un projet pour ces deux salariés qui décident finalement de se lancer à la fois dans l’aventure du déménagement et de l’entrepreneuriat. Ils empruntent pour commencer leur nouvelle vie, celle de gérants de camping. Le bien nommé « Camping de la Plage » est ainsi passé sous leur direction. Il est encore trop tôt pour faire un bilan professionnel, mais la vie en Bretagne Sud semble leur convenir.

V.D.

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