Une carte audacieuse avec 9 français à l’affiche et 3 combats féminins dont un co-main event avec la française Manon Fiorot qui écrit un peu plus l’histoire en s’imposant contre Rose Namajunas. Ciryl Gane est resté bon gamin et grand champion en embarquant avec lui l’armée tricolore et toute une arena conquise pour cette deuxième édition de l’UFC dans la capitale. Avec une salle comble et une marseillaise qui retentit à l’unisson, le pari est relevé et les prochains défis déjà actés.
Il y a quinze ans, lorsque nous demandions à Dana White s’il envisageait de venir conquérir la France, la réponse était déjà ambitieuse : « Nous y pensons, nous y viendrons. La France est un pays qui aime ce sport et où nous savons le public demandeur. Nous y travaillons ».
Et l’UFC a travaillé. D’abord pour s’implanter en Europe, de Berlin à Dublin en passant par Cologne ou encore Londres. Et puis désormais en France, à Paris depuis l’année dernière. Hier soir, à l’Accor Arena, c’est une deuxième édition historique qui a montré un public familial et totalement engagé derrière ses athlètes tricolores.
Si la précédente édition avait généré plus de 3,4 millions d’euros de revenus liés uniquement à la vente de billets, ce nouvel UFC a explosé les records. Les promesses sont tenues. Avec 15.000 places vendues, autant que peut en contenir l’Accor Arena sur une configuration soirée de combats, l’UFC envoie un message puissant : le sport, le MMA, plus fort que tout et cet UFC Fight Night à considérer comme l’évènement international de cette rentrée à quelques jours d’accueillir la Coupe du Monde de rugby et les Jeux Olympiques et Paralympiques.
Il faut avoir suivi la progression et l’évolution de la discipline, le travail minutieux réalisé par l’organisation américaine et être dans l’Arena pour se rendre compte du défi relevé après l’engagement acharné de ces dernières années et la mise en place d’une stratégie marketing à vision mondiale mais adaptée au public et au marché français avec les équipes de l’UFC épaulé par la team Publicis sur le terrain.
Job done comme disent les américains. D’abord par les athlètes et en particulier nos combattants tricolores. C’est l’essence même des sports de combat. Ceux qui transpirent, s’entraînent dur et y croient parfois et souvent seuls. Ils sont aussi ceux qui réalisent les exploits et permettent de changer la donne. Le rendez-vous dans l’octogone de l’Accor Arena a montré une harmonie parfaite entre le public et ses athlètes. Galvanisante ambiance aussi bien pour les coachs que pour les fighters avec la voix de l’intemporel et inépuisable Bruce Buffer qui a annoncé chaque combat avec la passion qu’on lui connaît. Le sens du spectacle et l’envie de satisfaire les fans pour qu’ils puissent porter le message et devenir des ambassadeurs d’un sport qui ne cesse de grandir.
Côté combat, une mention spéciale pour les athlètes féminines qui ont montré qu’il fallait désormais compter avec elle. C’est aussi un pari osé de l’UFC qui positionne pleinement les féminines dans le circuit et les promeut. Depuis la démocratisation de la discipline et les combats de Ronday Rousey qui a été la figure star de l’UFC et l’athlète féminine la mieux payée selon Forbes, que de chemin parcouru. Si Zarah fairn a eu la lourde tâche d’ouvrir le bal sans parvenir à trouver les failles chez son adversaire, Nora Cornolle n’a rien lâché. L’une comme l’autre ont ouvert la voie. On découvre l’histoire de la francilienne issue du muay-thaÏ mais qui insiste pour qu’on la considère bien comme une « mixed martial artist » à part entière, elle qui a tenu un camp d’entraînement de deux mois et qui a été claire sur son adversaire Joselyne Edwards : « il était hors de question qu’elle me batte ici, c’était impossible que je la laisse me soumettre devant les coach et le public. Je savais que je ne lâcherai rien. C’était elle ou moi, une question de vie ou de mort ».
De Zarah Fairn à Ciryl Gane, la Marseillaise n’a cessé de retentir à l’unisson dans une ambiance de feu patriote et totalement acquise à la cause. Benoît Saint-Denis qui fera son entrée tant attendue sur le son « Seine St Denis Style » signe et confirme le combat de la soirée. Avec son style percutant et sans demi-mesure, il est au rendez-vous et déclarera au micro de Mickaël Bisping : « Personne ne tiendra les 3 rounds contre moi, personne ». Benoît Saint-Denis coaché par Daniel Woirin qui côtoie l’UFC depuis tant d’années ayant entraîné des figures telles que Lyoto Machida ou encore Anderson Silva devrait être très prochainement en tête d’affiche. En tout cas, le message est passé et un bonus de 50.000 dollars pour le combat de la soirée empôché. L’autre bonus inattendu et qui marque là aussi l’ambition tricolore : le KO de la soirée offert à Morgan Charrière qui, pour son baptême de feu, atomise son adversaire Manolo Zecchini dès la première reprise sans aucun round d’observation.
Le sport, la patrie
Les français à l’affiche ont tout donné. Ils avaient à cœur de représenter le pays, le drapeau mais aussi tous les anciens. Taylor Lapilus dira que ce retour après un an et demi d’arrêt aura été difficile avec énormément de sacrifices mais une envie de renouer avec le public et la victoire. Quant à celle qui avait rendez-vous avec l’Histoire en étant la première française co-main event d’un UFC, Manon Fiorot, combat difficile contre une tête d’affiche ancienne détentrice de la ceinture de l’UFC : Rose Namajunas. Bien qu’ayant été ouverte sur un choc de tête, Manon tient les rounds et déroule son game plan. Elle rejoindra la salle presse en déclarant : « donnez-moi ma chance pour la ceinture. C’est mon tour ».
Chaque combat a été rythmé par la foule et ses chants avec un choc franco-français, là aussi une première historique pour un UFC entre William Gomis et Yanis Ghemmouri qui se solde prématurément par une victoire de Gomis après que l’arbitre de la rencontre, Loïc Pora mette fin à la rencontre dans la 3ème reprise laissant les fans sur leur faim. Pour la première fois, dans un évènement sportif, tous les athlètes tricolores ont pu entendre résonner la marseillaise. Le public comme un seul homme, une seule voix s’est levé et a entonné l’hymne tricolore pour toujours encourager plus fort ses athlètes. La Ministre des Sports et des jeux Olympiques et Paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra saluera d’ailleurs sur les réseaux sociaux les images qui lui sont parvenues : « Soirée parfaite. Nos Français brillamment à l’honneur dans cet UFC. Le public enflammé de Bercy et les marseillaises ont porté nos combattants vers la victoire » avant de saluer la performance immense de Ciryl Gane qui devant son public et pour son retour n’a pas tremblé face au moldave Serghei Spivac.
« J’étais en mission, j’avais à cœur de revenir et de montrer que j’ai commis une erreur et que je suis là pour continuer à travailler. Je suis très fier de la foule et de mon public. Je sais que je corresponds à mon pays et aux valeurs que nous représentons dans le monde, je ne suis pas un trash talker – c’est ma nature, je ne joue pas un rôle –je respecte tout le monde et je suis en mission. La ceinture est mon maître mot ».
Ciryl Gane n’a effectivement pas tremblé ne laissant aucune chance à son adversaire, il confirme qu’il est bien présent et en route pour reprendre la ceinture de la catégorie reine :
« Je suis très fier de mon pays et ce soir il n’y a pas que ma prestation à saluer mais celle de tous les français, les combats n’étaient pas faciles et je suis très heureux, je remercie tout le monde, le public et les autres combattants ». Des mots humbles à son image et qui donnent envie de vite retrouver nos athlètes pour de nouvelles aventures. Et pourquoi pas, une prochaine édition qui verrait la marseillaise retentir justement du côté de la cité phocéenne ?
L’idée a été évoquée discrètement en conférence de presse par David Shaw, vice-président de l’UFC en charge notamment des relations internationales qui a qualifié cette soirée de « moment extraordinaire » avant de poursuivre : « Je remercie le Président de la Fédération Française de Boxe, Monsieur Dominique Nato, les medias, le public et vous tous qui avez permis que cet évènement soit une nouvelle fois un succès. On y a toujours cru et on y croit encore. Le public a été merveilleux et pourquoi pas continuer l’aventure à Paris et ailleurs. Marseille pourrait être une idée. Nous savons qu’il y a la coupe du monde de rugby et les Jeux Olympiques et Paralympiques qui approchent. Nous allons continuer à travailler pour développer le sport ici en France ». Rendez-vous pris pour la suite d’une belle aventure commencée il y a quelques décennies déjà et qui positionne l’UFC comme l’organisation de MMA la plus prestigieuse au monde. Et hier soir, le monde, c’était Paris.
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