Les sacs plastiques et autres emballages nocifs pour l’environnement ont désormais un avenir, celui d’être recyclé pour être réutilisés, grâce au projet Machaon, une usine d’un nouveau genre.
Derrière le nom, qui évoque un papillon, se cache une idée de génie. Une usine de recyclage des emballages de plastiques souples. «Il y a une volonté politique française et européenne d’augmenter le recyclage des plastiques ménagers», commente Dominique Le Bigot, 73 ans et porteur du projet.
En installant une unité de recyclage des emballages plastiques souples issus de la collecte sélective et de la production agricole à Châlons-en-Champagne, le projet vise à donner une seconde vie aux plastiques des ordures ménagères. Tout commence par une histoire de famille…
L’usine du futur
L’entreprise Machaon, créée par Dominique et Mathieu Le Bigot (père et fils) en 2013, rejoints ensuite par Javier Diaz et Javier Del Ser, fondateurs de Genepol (une usine de recyclage de plastiques souples en Espagne), rachète l’ancien site d’Air liquide à Châlons-en-Champagne. Les entrepreneurs projettent d’y développer l’usine du futur.
Il leur a fallu trois ans de R&D pour mettre au point un processus de recyclage qui permette d’offrir une flexibilité sur la qualité du plastique entrant. En France, aucune usine de recyclage pour le plastique souple n’existait auparavant, tandis qu’en Espagne, le marché est en plein essor.
«Les Espagnols sont très en avance sur la collecte des films souples. Du coup, le gisement y est très important. C’est pour cette raison que l’activité a démarré en Espagne». Le projet vise la transformation de ces films plastiques (polyéthylène) issus des ordures ménagères en granulés de polyéthylène recyclé. Ces mêmes granulés seront ensuite revendus aux industriels de plastique soufflé, notamment les fabricants de sacs poubelles, les fabricants de tuyaux, mais aussi à l’industrie automobile.
Un contexte favorable
Le projet de 4,86 M€ permettra au million de tonnes d’emballages ménagers en plastiques mis sur le marché d’être recyclé. En France, plus de 800.000 tonnes d’emballages plastiques sont enfouies ou incinérées, seulement 230.000 tonnes sont recyclées : 50% des bouteilles et flacons en plastique mais seulement 1% des films et plastiques souples. «Ces emballages vont être désormais collectés dans les poubelles jaunes.
Jusqu’à présent, 4 millions de Français étaient concernés par le tri sur les emballages souples mais depuis 2017, ce sont 15 millions de personnes. Il va donc y avoir de plus en plus de quantité de plastiques récupérés à recycler.
Or, aujourd’hui, ces plastiques ne sont pas recyclés dans l’Hexagone ! Il est donc très excitant de participer à la mise en place d’une filière de recyclage», s’enthousiasme Dominique Le Bigot. Grâce aux 160 collectivités locales sélectionnées dans le cadre de l’appel à candidatures, 15,3 millions de Français pourront trier leurs emballages plastiques, soit près de 25% de la population nationale.
«C’est un marché en pleine évolution car la France, dans le cadre de la loi sur la transition énergétique, s’est engagée à augmenter son taux de recyclage au niveau national».
Une nouvelle vie pour le plastique
Le projet Machaon s’articule en plusieurs étapes. Dans un premier temps, les études préalables, une phase qui aura lieu entre la France et l’Espagne (où il existe déjà des installations capables de tester et caractériser le plastique). Cette étape a pour objectif de connaître et étudier les spécificités du plastique français, afin de préparer le travail d’ingénierie, de sécuriser les approvisionnements à venir, de préparer le financement, d’identifier le site, d’obtenir les autorisations préalables et de recruter le personnel clé.
Le recyclage des plastiques souples est très technique
Ensuite, ce sera la construction de l’usine, adaptée au recyclage : séparation des déchets (majoritairement des plastiques) pour récupérer uniquement le polyéthylène (le plastique le plus populaire au monde), lavage des films et plastiques souples en polyéthylène, extrusion (un procédé de fabrication thermomécanique) pour fabriquer des granulés de qualité.
«Le recyclage des plastiques souples est très technique car il faut notamment séparer les plastiques purs PEBD de tous les polluants, autres plastiques, papiers, plastiques multicouches…, parfaitement laver ces plastiques en enlevant notamment le gras.
L’activité étant techniquement compliquée, nous avons dû développer nous-mêmes plusieurs machines qui n’existaient pas». Le projet prévoit de recycler dans un premier temps 15.000 tonnes de plastiques par an. D’ici juillet 2017, Machaon prévoit d’embaucher 31 salariés et projette de doubler les effectifs d’ici 5 ans.
En 10 ans, si la filière se déploie normalement, le potentiel d’emplois est estimé entre 300 et 400 personnes. Mieux encore, à terme, ce modèle pourrait s’exporter chez nos voisins européens (Angleterre, Irlande, Allemagne, Belgique, Pays-bas, Suisse), qui ne disposent pas de système de recyclage pour les plastiques souples.
Le projet Machaon bénéficie du soutien de l’État dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir opéré par l’Ademe.
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