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Management : les idées reçues sur la toxicité en entreprise


Un danger de parler de la toxicité ? "Qu'est-ce que c'est encore ce truc ? toxicité ? Ah oui, ça… Je connais un tas d’personnes toxiques, et je peux te dire qu’il n’y a rien à faire pour ça ! Ces gens-là doivent aller se soigner, ce n’est pas mon problème, tu vois. Pas d’temps à perdre avec ces gens-là… • Est-ce que vos équipes vous ont déjà parlé de la toxicité ?
• Euh… Non. Et puis, je n’vois pas pourquoi elles m’en parleraient ; non… Ça ne me plaît pas."

Entreprendre - Management : les idées reçues sur la toxicité en entreprise

Un danger de parler de la toxicité ?
« Qu’est-ce que c’est encore ce truc ? toxicité ? Ah oui, ça… Je connais un tas d’personnes toxiques, et je peux te dire qu’il n’y a rien à faire pour ça ! Ces gens-là doivent aller se soigner, ce n’est pas mon problème, tu vois. Pas d’temps à perdre avec ces gens-là…
• Est-ce que vos équipes vous ont déjà parlé de la toxicité ?
• Euh… Non. Et puis, je n’vois pas pourquoi elles m’en parleraient ; non… Ça ne me plaît pas. »

Malgré les associations d’idées négatives que nous pouvons coller à la toxicité, le concept n’a pourtant rien de dangereux. Au contraire, ce qui détruit les entreprises d’aujourd’hui, c’est leur incapacité à vouloir voir les choses et notamment, à minimiser les problématiques humaines.

J’ai démontré par différents articles (voir « la toxicité en entreprise : le défi humain pour l’entreprise de demain » et « les émotions cachées en entreprise » sur Entreprendre.fr) que la toxicité était un vrai risque : si elle n’est pas identifiée et « traitée », c’est un processus de contamination qui s’enclenche. Si on répond à la toxicité par de la toxicité, autrement dit, les personnes toxiques font naître d’autres personnes toxiques…

Le processus de toxicité n’a rien de fataliste, à condition de bien vouloir le comprendre. Il ne tient qu’aux entreprises de voir ce qu’est la notion de toxicité. Les entreprises qui investiront dans des stratégies organisationnelles anti-toxicité, seront les plus puissantes. Elles auront compris que la notion de toxicité n’est pas une menace, mais une véritable force d’esprit.

Elles n’inculqueront plus des comportements toxiques, où l’on cherche constamment qui est la « victime » et qui est le « coupable », mais inviteront plutôt à des comportements responsables. Intégrer la notion de toxicité à leurs stratégies d’entreprise assurera un pari gagné, sur l’avenir.   

Il faut trouver un coupable !

« Oui, la toxicité, c’est une chose que, nous autres, spécialistes en management, connaissons. C’est…comment dire… une affaire d’expérience. Oui, il y a des choses qu’on voit avec le temps et puis… C’est aussi une affaire de communication, voilà, on parle avec les personnes toxiques, on leur explique que ça ne va pas et soit ils changent soit… voilà !

• Pouvez-vous me dire quel type de profil sont liés à des problématiques de toxicité d’entreprise ?
• Pas les managers, ça c’est sûr. »

Quand on parle de la toxicité en entreprise, cette même réaction se déclenche : « je connais, mais ça ne me concerne pas, rien à voir avec moi, c’est la faute des autres ». Or, résoudre la notion problématique de toxicité : ce n’est pas « trouver un coupable idéal », mais plutôt que chacun prenne ses responsabilités.

La responsabilité n’implique pas seulement « ceux qui sont fautifs » ! Elle touche également ceux qui subissent et ceux qui « laissent faire » car ils pensent ne pas avoir le choix. Le concept de la toxicité dit que nous sommes tous responsables et libres d’agir, devant telle ou telle situation.

Ainsi, la toxicité ne se concentre pas uniquement derrière des postes non-managériaux. En effet, le fait d’avoir un statut managérial ne réduit pas les risques de toxicité. Au contraire, il semblerait que ça soit l’inverse. Mes premières recherches sur la toxicité m’ont fait mettre en évidence ce constat : ceux qui sont en charge d’équipes sont, souvent, les moins prévenants en termes de toxicité, non pas parce qu’ils sont forcément « mauvais », mais parce qu’ils ne parviennent pas à faire vivre ensemble leurs émotions et celles de leurs équipes. Cela provoque, régulièrement, des « rappels à l’ordre et à la hiérarchie » : c’est-à-dire que le seul moyen pour un manager, qui ne veut pas gérer la toxicité, c’est de rappeler aux autres qu’il est LE chef et qu’il les domine. La notion de toxicité cherche à éliminer ce genre de jeu de pouvoir.

A l’inverse, la toxicité ne concerne pas uniquement les managers. Il est si facile, aujourd’hui, pour n’importe qui de dire « je fais un burn out, car mon patron est toxique », mais si difficile pourtant d’en expliquer les causes profondes. Ce n’est pas le patron qui appuie sur un bouton pour déclencher un burn out. Il est important que chacun se responsabilise, c’est-à-dire en réfléchissant par rapport à lui-même, et non par rapport aux actions des autres.

Quelques interrogations : Qu’est-ce qui fait que le burn out s’est manifesté, dans cette situation ? Qu’est-ce qui fait que je suis arrivé à un épuisement professionnel, dans mon travail ? La notion de toxicité cherche à démontrer que refuser d’agir peut devenir nuisible à chaque individu.

Intégrer le concept de toxicité à sa stratégie permettra à l’entreprise de demain de penser autrement et de communiquer utilement.   

Encore une théorie fantaisiste !

« La toxicité ? Moi, je ne vois que des personnes qui puent le pouvoir. Qui ne cherchent qu’à rappeler aux autres, ce qu’ils croient être… C’est une affaire d’égo. Qu’est-ce la théorie de la toxicité peut faire là-dedans ? Non, nous ne sommes pas tous responsable. La théorie c’est sympa, mais peu utile sur le terrain.

• Qu’est-ce qui ferait que la notion de toxicité s’appliquerait au terrain ?
• Eh bien… Qu’elle soit pratique… Concrète… Que ça ne soit pas juste une question de théorie… »

Ce qui peut faire peur derrière l’idée de la toxicité, c’est de voir un côté théorique difficile à mettre en œuvre, dans la vie de tous les jours. Pourtant, n’oublions pas qu’une théorie existe par les constats de la réalité.`

Dans mon mémoire académique « la toxicité en entreprise », j’ai réalisé à la fois une partie théorique et une partie exploratoire. L’enquête sur le terrain s’est constituée, principalement par des entretiens individuels de managers, de profils différents. Ces entretiens ont été retranscris et analysés.

C’est à partir de données, à la fois théoriques et exploratoires, que j’ai pu conceptualiser ce qu’est la toxicité en entreprise. Cette notion de toxicité a donc eu du sens, grâce à l’analyse sur le terrain.

Comme nous avons vu, la toxicité ne cible pas des profils de personnes en particulier, mais l’entreprise en général. Ma volonté, aujourd’hui, est de continuer mes recherches sur ce concept avec une entreprise, qui investit sur un management nouveau. Je recherche un partenariat avec une entreprise créatrice et innovante.

Les entreprises, qui sauront développer des politiques anti-toxicité, seront celles qui refuseront de subir. Ce seront celles qui ne verront pas la théorie comme une menace, mais comme une opportunité : celle d’évoluer.

C’est pour les personnes sensibles !

« Des personnes toxiques ? Ecoutez, c’est un beau sujet mais moi, j’ai pas trop le temps de me poser ces questions, dans mon métier… Il faut que je bosse, on attend de moi des résultats… Oui… Je pense que c’est surtout un raisonnement féminin ; on ne peut pas résumer une activité d’entreprise à des comportements humains !

• Si je comprends bien, les comportements humains ne sont pas un frein à la performance d’entreprise ?
• Bien sûr que si ! Ils le sont ! « 

Trouver une solution à un problème arithmétique est une affaire de règles prédéfinies, alors que pour un différend humain, il n’existe pas de loi unique ! En entreprise, un problème de comptabilité paraît plus important car il est simplement plus facile à résoudre qu’un différend avec un employé… Un problème humain ne se résout pas comme une équation mathématique, mais doit être identifié, accepté, compris, assimilé… Ce n’est donc pas une « histoire de sensibilité émotive » de parler de la notion de toxicité.

C’est plutôt un travail de fond !

Par exemple, lors de mon dossier sur « les émotions cachées en entreprise », j’ai démontré que les émotions ont un rôle sain et utile. Seulement, notre relation avec nos émotions est si pauvre et peu soutenue en entreprise, que nous préférons les refouler. Pourtant, ce sont nos émotions qui nous font vivre et qui font ce que nous sommes. En les réprimant, nous devenons toxiques pour nous-même et donc, pour les autres.

Les entreprises qui assumeront « leur part de sensibilité », seront les plus fortes. Nous avons tort de dire que nos peurs, nos colères, nos peines et nos joies sont des failles. Elles sont, au contraire, les maîtresses de nos vies. Il est important de ne plus les cacher, mais de les mettre en valeur. Les entreprises qui investiront sur les politiques « anti-toxicité », seront celles qui offriront l’harmonie au travail.

Quelques lignes pour les plus sceptiques 

Lors de mon mémoire académique sur « la toxicité en entreprise », j’ai pu me rendre compte que le sujet était souvent boudé, sous-estimé, voire méprisé. Entre ceux qui pensent connaître la toxicité sur le bout des doigts, ceux qui n’ont pas le temps d’y réfléchir, ceux qui en parlent comme de la dernière théorie à la mode qu’ils ont lue, ceux qui ont oublié d’y prêter attention, ceux qui la fuient comme la peste… Bref, difficile d’aborder le sujet de quelque manière que ce soit…trop tabou… ? Mais pourtant cette sensation de dérangement ne prouve-t-elle pas qu’il y a urgence à s’y intéresser ?

Urgence à se regarder dans le miroir et à balayer devant sa porte… ?

[FIN][FIN][FIN] Si vous souhaitez plus d’informations sur le sujet de la toxicité en entreprise, vous pouvez me contacter :

via mon profil LinkedIn : linkedin.com/in/séverine-halopeau-2a7280aa

via email : halopeau.s@hotmail.fr

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