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Marché du bio : Un essor exceptionnel


En forte croissance, les ventes de produits alimentaires bio se sont élevées à 9,7 milliards d’euros en 2018, soit un bond d’1,4 milliard en un an ! Les industriels et la distribution déploient des efforts pour monter des filières et sécuriser les approvisionnements, tandis que le nombre de consommateurs croît à un rythme exponentiel. Plus qu’une tendance, le bio est devenu un mode de vie correspondant aux préoccupations actuelles pour la santé et la protection de la planète. Et les initiatives se multiplient en ce sens...

Entreprendre - Marché du bio : Un essor exceptionnel

En forte croissance, les ventes de produits alimentaires bio se sont élevées à 9,7 milliards d’euros en 2018, soit un bond d’1,4 milliard en un an ! Les industriels et la distribution déploient des efforts pour monter des filières et sécuriser les approvisionnements, tandis que le nombre de consommateurs croît à un rythme exponentiel. Plus qu’une tendance, le bio est devenu un mode de vie correspondant aux préoccupations actuelles pour la santé et la protection de la planète. Et les initiatives se multiplient en ce sens…

Le dynamisme du marché bio en France (+15,4% en 2018) reflète la tendance à l’international. Dans le monde, le marché des produits biologiques a quasiment quadruplé en 10 ans pour atteindre aujourd’hui les 100 milliards d’euros. On assiste à un véritable raz-de-marée : près de 9 Français sur 10 déclarent avoir consommé des produits biologiques. Lassés de la chimie à outrance dans l’alimentation, les cosmétiques, les produits d’entretien, etc, ils aspirent à manger et à vivre sainement, naturellement. Leur engagement pour un futur durable ne cesse de s’amplifier.

La montée en conscience des éco-citoyens révolutionne les modes de vie et de consommation. Aussi petites comme grandes marques développent leur segment bio, tant dans l’alimentaire que dans les autres secteurs. Cette tendance s’observe essentiellement dans les pays occidentaux (Europe, États-Unis, Australie). En Europe, l’Allemagne est en tête de la consommation, mais la France n’est pas loin derrière. Au niveau de la production, l’Union Européenne se place devant les États-Unis avec 2,9% de sa surface agricole dédiée au bio. 9,5% des fermes françaises sont désormais certifiées bio, soit 2 millions d’hectares cultivés selon des principes respectueux de l’environnement (17,5% de plus qu’en 2017).

Les taux de conversion ont atteint des records en 2019 avec + 13% de producteurs bio, + 12% de transformateurs, et + 41% de distributeurs. De nouvelles filières s’y engagent comme la viticulture et les grandes cultures. La France devient ainsi le quatrième pays européen en termes de surfaces agricoles bio derrière l’Espagne et l’Italie (chiffres Agence Bio 2019), mais elle pourrait prochainement passer en tête.

Les modes de consommation se transforment totalement

Comme l’indique le Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France (Agence BIO / Spirit Insight – février 2019), les habitudes et les modes de consommation tendent à changer radicalement. 73 % des Français consomment du bio depuis 5 ans, dont 17 % depuis un an. Les mentalités changent : les individus souhaitent consommer autrement, de manière plus éthique, responsable et durable. Les attentes des Français sont très fortes pour avoir plus de lieux de distribution de produits biologiques (7 personnes sur 10) et une offre d’aliments biologiques en dehors de leur domicile : cantines scolaires (85% d’intéressés), restaurants, hôpitaux, maisons de retraite…

Pourquoi consomme-t-on des produits biologiques en France ? En premier lieu, pour préserver sa santé (69 % des Français). Ensuite pour la qualité et le goût des produits (58 %), afin de préserver l’environnement (56 %), pour le bien-être des animaux (28 %), et aussi parce que ces produits sont de plus en plus disponibles dans les lieux d’achat habituel (28 %). On notera que les plus jeunes, ce que l’on appelle la génération Z, sont particulièrement sensibilisés aux raisons éthiques et sociales (respect de l’environnement, souffrance animale…).

Au moment de l’achat, le consommateur va choisir tout d’abord en fonction du goût (95 %), puis du prix, de l’origine française et même locale, et du logo AB appliqué sur les produits (83 %). Quant au lieu d’achat, s’il se fait majoritairement en grandes et moyennes surfaces, les Français aimeraient trouver plus de produits bio chez les artisans (boulangers, primeurs…), sur les marchés, voire sur Internet.

Un secteur très innovant

Dans la distribution, le bio est aujourd’hui présent partout. En GMS, le chiffre d’affaires a bondi de 50 % en 2018. Les distributeurs spécialisés ont également connu une forte croissance de 34 % et la vente en ligne se développe. Face à la hausse de la demande, la question des approvisionnements représente un véritable défi. La question du sourcing devient stratégique « que ce soit dans la recherche de nouveaux fournisseurs, le renforcement des relations existantes avec les partenaires ou la constitution de filières locales/nationales », explique-t-on à Natexpo, le premier salon B2B de la bio, qui en octobre 2019 a regroupé près de 1 000 exposants.

Fort heureusement, la production française en forte croissance couvre 69 % de la demande, ce qui a évité une augmentation des importations. Et cela tombe bien pour les consommateurs de bio également concernés par la notion d’acheter français. Le moteur du dynamisme de cette filière, c’est assurément l’innovation. Les distributeurs traditionnels se réinventent, de nouvelles créations font leur apparition en permanence. On a vu d’ailleurs apparaître sur ce marché des produits quasiment inconnus il y a quelques années, qui ont révélé aux consommateurs leurs multiples vertus : aloe vera, baie de goji, huile de pépins de courge, graines germées…

Les Trophées Natexpo ont récompensé l’an dernier 14 innovations dans les différentes catégories : produits frais, épicerie, boissons, diététique, compléments alimentaires, cosmétique et hygiène de la personne, produits et services pour la maison et la personne. On a pu y retrouver les nouvelles tendances du secteur bio, liées aux protéines « alternatives », au sans allergène, aux super-aliments, aux aliments et ingrédients fermentés, aux arômes biologiques, etc.

Mais, au-delà de choisir un produit bio, les consommateurs sont également très sensibles aux démarches éco-responsables des sociétés qui interviennent sur tout le cycle de vie du produit : de la matière première à la fabrication, en passant par le packaging. La notion de zéro déchet devient cruciale, d’où le développement par exemple de la vente en vrac et du tout recyclable.

Géraldine Guillot

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