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Marseille : et si on occupait du développement du port !


Tribune. La récente visite de notre Président à Marseille montre que la capacité à relier entre eux les évènements n’est pas le point fort de nos concitoyens : lacune à combler car le monde est, plus que jamais, devenu un lieu où on doit impérativement raisonner système.  Une action déclenchant...

Entreprendre - Marseille : et si on occupait du développement du port !

Tribune. La récente visite de notre Président à Marseille montre que la capacité à relier entre eux les évènements n’est pas le point fort de nos concitoyens : lacune à combler car le monde est, plus que jamais, devenu un lieu où on doit impérativement raisonner système. 

Une action déclenchant toujours des réactions, on ne peut juger de son efficacité qu’une fois intégré l’effet des réactions qu’elle a provoquées. Par voie de conséquence un état, quel qu’il soit, s’explique par le travail sur la durée de causes plus anciennes. Il est inefficace voire dangereux de traiter uniquement les effets sans aller à la cause car on risque d’amplifier le phénomène qu’on veut combattre. 

Si on veut par exemple lutter contre le chômage en atténuant la douleur qu’il provoque par la distribution d’indemnités relativement généreuses c’est le fameux mot de Jospin « nous avons choisi une politique de chômage bien rémunéré » ) on pousse quoi qu’on raconte les gens à rester à la maison et on fait grimper le coût les entreprises, en les rendant moins compétitives et en freinant leur capacité d’embaucher. Si on veut traiter chômage à la racine dans un monde concurrentiel on doit d’abord s’assurer que le système social permet précisément aux entreprises d’être compétitives. 

Un évènement récent permet de constater notre absence de capacité à relier les sujets, il nous a été donné par la visite du président Macron à Marseille et par les commentaires qu’elle a (ou n’a pas) suscités. On s’est focalisé sur la drogue et ses effets destructeurs avec un gros effort mis sur les policiers, l’école et la salubrité des quartiers concernés. Très bien !

Le passage du président a pourtant coïncidé avec la publication d’un classement sur les ports de commerce dans lequel Marseille avait encore perdu des places par rapport à ses voisins en continuant une dégringolade qui dure depuis plus de cinquante ans. Personne n’a fait le lien entre le développement de la drogue et le dégât provoqué par les grèves répétées de la CGT qui ont rendu le port non attractif et qui fait que les bateaux préfèrent Gènes ou Valence.

Certains esprits vont expliquer que le déchargement est automatisé et que le détournement du trafic concerne assez peu de monde. C’est méconnaître d’énergie qu’apporte à une région et la compétitivité que donne aux entreprises, le fait d’abriter un port puissant comment on le voit aux Pays-Bas avec Amsterdam. Les esprits malins expliquent d’ailleurs que le premier port français c’est …. Anvers car son voisin, Le Havre a, lui aussi, été coulé par la même CGT. La réside une des explications du chômage particulièrement élevé dans la région, chômage qui frappe d’abord les jeunes, exposant les plus fragiles à la drogue.

La pensée systémique est une discipline à enseigner en priorité dans les écoles si on veut que notre pays tire son épingle du jeu dans le monde complexe qui se présente à nous en ce moment.

Xavier Fontanet a dirigé de 1991 à 2010 le groupe Essilor, qui connaît sous sa direction une croissance sans précédent. Depuis 2012, il est professeur associé de stratégie à HEC Paris et auteur de plusieurs essais où il partage son expérience et sa passion de l’entreprise. Il est également l’auteur de « Pourquoi pas nous« , paru aux éditions Les Belles Lettres.



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