À 38 ans, l’ex-milieu défensif d’Arsenal et de Marseille est désormais Pdg de GF Biochemicals, belle entreprise de chimie verte. Un magnifique parcours.
Dès 2008, Mathieu Flamini fonde l’entreprise de biochimie GF Biochemicals avec Pasquale Granata, qu’il avait rencontré alors qu’il jouait en Italie. G pour Granata, F pour Flamini.
LE CRÉNEAU DE L’ACIDE LÉVULINIQUE
En 2008, GF Biochemicals se lance sur un marché encore inexistant, mais prometteur. Il s’agit de développer de l’acide lévulinique une molécule biodégradable, dont la caractéristique est d’être issue de déchets végétaux. Son usage s’avère très intéressant dans le cadre du remplacement de molécules à base de pétrole.
Une aventure osée pour un développement complexe, l’objectif étant d’arriver à une alternative rentable et compétitive par rapport aux solutions pétrochimiques existantes sur les marchés de l’emballage, des cosmétiques, des produits d’entretien entre autres. Cette innovation pourrait ainsi remplacer certains solvants pétrosourcés présents dans les vernis ou peintures tout comme le silicone dans les produits lavants.
Autant dire qu’il s’agit d’un investissement où patience et persévérance s’avèrent indispensables, deux critères habituels pour les chercheurs, mais souvent moins appréciés des investisseurs. Ceux-ci avaient forgé leur conviction avant d’investir et ont poursuivi leur soutien à l’entreprise afin de lui permettre d’obtenir des résultats. La technologie développée à partir de déchets agricoles est à présent au point après plusieurs années de collaboration avec l’université de Pise et l’université polytechnique de Milan.
Les certifications nécessaires ont été obtenues pour passer à une nouvelle étape plus concrète. Autre pas important dans le développement, l’acquisition en 2016 de Segetis, le fabricant américain, spécialiste de dérivés d’acide lévulinique basé au Minnesota.
15 MILLIONS D’EUROS
Mathieu Flamini a arrêté sa carrière de footballeur pendant le confinement et s’engage dorénavant de façon plus intense dans la société qu’il a créée et dans laquelle il a investi depuis lors. En devenant le dirigeant de l’entreprise, il fallait répondre à de nouveaux besoins de financement pour la phase supérieure de croissance.
Il s’est avéré indispensable de lever des fonds et trouver de nouveaux partenaires. En avril dernier, l’annonce était faite : GF Biochemicals allait bénéficier d’un financement à hauteur de 15 millions d’euros de la part du fonds de capital-risque Sofinnova Partners qui investit essentiellement dans les sciences de la vie avec le soutien du fonds anglais Sparta Capital. Le nouveau financement va permettre de bâtir de nouveaux partenariats, de poursuivre l’effort R&D, d’accompagner le dépôt de nouveaux brevets, d’aider à l’industrialisation et de bâtir le volet commercial en Europe comme aux États-Unis.
ACCÉLÉRATION DU PROCESS
En 2020, GF Biochemicals annonçait la naissance d’un joint-venture, Nxtlevvel Biochem en partenariat avec Towell Engineering Group (Oman) et des investisseurs privés. Il a vocation à devenir le bras armé industriel de GF Biochemicals afin de produire des biosolvants à partir de la technologie développée par la société basée en Hollande. L’entreprise est en charge du projet indus-triel, en commençant par la construction de l’usine.
Après avoir annoncé sa levée de fonds, GF Biochemicals annonçait un second grand pas en avant en matière de commercialisation. Il s’agit de la signature d’un partenariat de distribution avec BTC Europe GmbH, une filiale de BASF, qui va permettre aux équipes commerciales de BTC d’ajouter à leur catalogue l’éventail des produits biodégradables de GF Biochemicals.
LA BONNE ANTICIPATION
GF Biochemicals s’inscrit au cœur dans la volonté de l’Union européenne d’interdire 12 000 produits chimiques nocifs pour la planète et la santé humaine. Or, l’acide lévulinique fait partie des 12 molécules identifiées par le Département de l’Énergie américain susceptibles de mener à un monde plus vert. Avec la détention de quelques 200 brevets déposés sur une quarantaine de familles l’entreprise dont le siège est à Paris compte bien s’attaquer directement à l’international, avec Segetis aux USA, Nxtlevvel Biochem en Hollande et une structure en Inde.
L’ex-footballeur marseillais qui aimait tant la mer est donc devenu président d’une entreprise de chimie verte d’environ 50 personnes, GF Biochemicals. Un bel exemple à suivre au moment où son ex-collègue de l’équipe de France, Blaise Matuidi, investit dans le fonds technologique Origins.
Claudio Flouvat