Le projet est parti de Belfort en 2017, la société y a été créée en 2020 et s’est également installée à Toulouse en 2021. Adhérente du Pôle Véhicule du Futur, elle est soutenue par les régions Bourgogne-Franche-Comté, la BPI, l’Ademe, et fait partie du programme France Relance. Que de bons arguments pour avancer sur une voie ardue.
David Gallezot, un pionnier
Lorsque l’on est polytechnicien, ingénieur Supaéro, pilote privé et passionné, autant dire que l’avenir semble bien s’annoncer. Ce n’est pas pour autant que David Gallezot a choisi la facilité. Ce passionné de pilotage et d’aéronautique est bien ancré dans les valeurs du XXIème siècle. Il veut s’intégrer dans le grand mouvement de l’aviation du futur, une aviation propre et silencieuse, respectueuse de la planète tout au long du cycle de vie de l’appareil, capable d’offrir un vrai service innovant.
Avionique, cartographie, certification, technologies innovantes, sécurité sont ses passions, des domaines de compétences qu’il a eu le temps de développer entre autres chez Thalès. Admiratif de l’histoire de Mauboussin dans l’aviation légère des années 30, il a repris le nom pour lui rendre hommage en poursuivant sur la piste de l’économie énergétique du créateur de l’époque et de la décarbonation. Son projet est clairement positionné sur le terrain de la mobilité aérienne régionale pour des transports interurbains.
Les appareils Mauboussin pourront accéder à des zones interdites aux avions classiques grâce notamment à des possibilités d’atterrissage et de décollage ultracourts. Plusieurs programmes se développent en parallèle. Les deux principaux sont l’Alérion M1h, un avion 2 places en tandem avec propulsion hydrogène, et l’Alcyon M3, un multimoteur hybride pour 1 pilote et 5 passagers.
Pendant ces périodes de recherche, deux équipements ont également été créés, le Zéphyr, propulsion à hydrogène ou à carburant durable (en phase de transition) pour des appareils légers et l’Ygdrasil, un matériau composite naturel destiné aux transports. Premier grand succès, le modèle biplace Alérion M1h a été validé et pourrait être autorisé de vol dès l’an prochain, une étape essentielle. Pour l’Alcyon, le planning est à trois ans.
L’envol du projet
Les efforts et le travail finissent par être récompensés. Pour David Gallezot et son équipe, le premier retour commercial s’est manifesté cet été suite à la signature d’un accord avec le Comité Représentatif des Français d’Outre-mer, le Crefom.
Le projet Avions Mauboussin est particulièrement adapté à cette cible, car ses petits appareils permettent d’atterrir un peu partout, y compris sur des courtes pistes, ce qui en fait un moyen de transport intéressant et durable pour les dessertes inter-îles. À ce jour, des ouvertures existent en particulier sur les zones peuplées, peu touristiques, donc plus isolées, ou en vue du remplacement de vieux avions encore en service et très pollueurs.
Mais, l’accord va plus loin, il intègre aussi un volet de production et de maintenance locales. Le créateur et ses associés ont déjà investi plus d’1 million d’euros pour la phase de prototypage, il est à présent temps de rassembler d’autres fonds pour la fabrication de l’Alérion. Une nouvelle levée de fonds est en cours.
Réindustrialisation made in France
Durable, écoresponsable, l’aviation nouvelle représentée par Avions Mauboussin aspire à la connexion des territoires et la simplification de la mobilité aérienne régionale. Le fondateur évoque parfois Uber ou SNCF Connect, qui, en dépit de leurs imperfections, ont cependant offert une solution extrêmement pratique, qui a trouvé son public et n’a pas son équivalent dans l’aérien.
On peut ajouter à cela que les déplacements se font dans un silence inhabituel, que les avions sont fabriqués en France, même si la maintenance est forcément locale. L’entreprise a prévu de procéder à une éco-rénovation de son bâtiment aéronautique de la base de Luxeuil-les-Bains pour aller plus loin dans la démarche. Cette offre est totalement nouvelle. Il existe aujourd’hui le low cost, l’aviation de ligne, les jets privés, les hélicoptères, ces deux dernières solutions étant associées à des coûts plutôt prohibitifs pour le commun des mortels.
Il s’agit donc pour David Gallezot de « briser ce paradigme » par l’innovation. Une innovation riche de qualités telles que polyvalence, autonomie, durabilité, proposée à un prix raisonnable. Les usages sont multiples, au-delà des dessertes aériennes inter-îles, il peut s’agir d’une plus grande souplesse pour l’aviation d’affaires, d’évacuations sanitaires, sans oublier des usages de surveillance aéroportée ou une offre de formation au pilotage. Le marché est identifié et important, car les exigences de décarbonation aérienne d’ici 2050 vont obliger à remplacer ou remotoriser les avions actuels.
Anne Florin
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