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Michaël Benabou, le financier qui aime les entrepreneurs


A 60 ans, Michael Benabou n’a plus à faire ses preuves. Le cofondateur de venteprivee.com (devenu Veepee) cumule les affaires depuis la création de son holding familial en 2014. Pourtant, il repart aujourd’hui vers une nouvelle aventure. Cet entrepreneur dans l’âme s’est lancé avant même d’avoir 20 ans dans la...

Entreprendre - Michaël Benabou, le financier qui aime les entrepreneurs

A 60 ans, Michael Benabou n’a plus à faire ses preuves. Le cofondateur de venteprivee.com (devenu Veepee) cumule les affaires depuis la création de son holding familial en 2014. Pourtant, il repart aujourd’hui vers une nouvelle aventure.

Cet entrepreneur dans l’âme s’est lancé avant même d’avoir 20 ans dans la création d’entreprise, il a connu son pire échec à 26 ans, mais n’a jamais remis en question sa vocation. Il faut bien que l’expérience se fasse… C’est ensuite qu’il a rencontré Jacques-Antoine Granjon et Julien Sorbac, devenus des amis, et l’on connaît la suite.

MICHAËL BENABOU, L’INVESTISSEUR

Chez Veepee, ils étaient 8, dont trois cofondateurs à parts égales, soit 25% chacun, Jacques-Antoine Granjon, toujours aux manettes, Julien Sorbac, et Michaël Benabou. Après son départ de Veepee, Michaël Benabou a créé son fonds en 2014, la Financière Saint James, dédié à la Tech et à l’immobilier, avec une vitesse de croisière en termes d’investissements de 8 à 12 millions d’euros par an dans des startups fortement innovantes, ou positionnées sur des technologies de rupture. Sa vision est donc de moyen à long terme. On retrouve de très jolies pépites de la Tech, comme Mirakl, Spendesk ou Welcome to the Jungle entre autres.

Dans le secteur de l’immobilier, il a refait parler de lui il n’y a pas si longtemps. Il fait en effet partie du trio d’investisseurs qui a racheté pour 700 millions d’euros le centre commercial Beaugrenelle. Il a également influencé le destin de ce centre en en faisant également un lieu d’exposition d’art moderne, l’une de ses passions. Toujours dans les affaires, il n’avait cependant pas repris la direction de l’une des entreprises dans lesquelles il est partie prenante.

Mais il faut croire que la passion ne quitte pas un entrepreneur, même quand il n’a plus rien à prouver, au contraire. Le voici qui reprend la direction d’une plateforme dont il a acquis 20% du capital, Tapbuy.

POURQUOI TAPBUY ?

Cette startup propose une solution d’amélioration de l’expérience d’achat sur mobile, sans investissement informatique, un créneau certes intéressant, mais pourquoi ce concept a-t-il suscité suffisamment d’intérêt au point de pousser Michaël Benabou à reprendre le collier ? Comme toujours, au départ est une histoire d’hommes et d’amitié. Le serial entrepreneur Olivier Cotinat entretient des relations amicales avec Michaël Benabou depuis plusieurs années.

Ce dernier a investi dans l’une de ses premières créations d’entreprise, Schoolab, et depuis lors, les deux hommes se sont découverts et appréciés. Olivier Cotinat ne pouvait plus poursuivre toutes ses activités, et Tapbuy était sur la sellette, pour être vendue. C’est alors que le financier a cédé le pas à l’entrepreneur chez Michaël Bentabou qui a décidé de franchir le pas pour en reprendre la direction. L’autre raison est essentielle. Il est convaincu du potentiel de l’entreprise, car quitte à revenir sur le devant de la scène, il faut que cela en vaille la peine.

Lancée en 2016 après trois ans de développement sous la houlette d’Olivier Cotinat, l’un des entrepreneurs les plus discrets de France, Tapbuy a su prouver son efficacité et son potentiel. Il est donc naturel pour Michaël Benabou, fort de son expérience et de sa vision, de prendre la relève pour mener cette entreprise vers de nouveaux horizons. Un surdoué de l’informatique, fan de basket, connu pour sa persévérance et son éthique.

UNE OPPORTUNITÉ À NE PAS LAISSER PASSER

Pour Michaël Bentabou, le concept développé par Tapbuy est très porteur. Il permet aux e-commerçants de se développer avec des croissances de chiffre d’affaires annoncées de l’ordre de 40%. La startup n’en est pas à ses débuts, elle a déjà quelques jolis noms dans sa clientèle et projette 10 millions d’euros de revenus cette année. Incroyable, mais vraie, elle fait partie de ces jeunes entreprises rentables, un adjectif quelque peu oublié ces derniers temps au profit du montant des levées de fonds.

Il semble que la logique économique du développement ne soit pas remise en cause, la politique de l’entreprise étant de faire confiance à son modèle économique pour aller de l’avant. Ce dernier est séduisant pour les clients qui ne paient une commission que sur le chiffre d’affaires supplémentaire réalisé grâce à Tapbuy. L’entreprise a été repérée très tôt, en particulier par la plateforme d’innovation Lafayette Plug and Play, elle a aussi été finaliste du LVMH Innovation Award.

UN CONCEPT QUI S’EXPORTE

Tapbuy est déjà présent à l’international, dans une dizaine de pays, mais les objectifs sont d’aller bien au-delà et rapidement. Une expansion en termes géographiques qui va se doubler d’un élargissement de la clientèle, grâce à des services supplémentaires, tels que la possibilité de paiements à partir de plusieurs cartes bancaires ou une évolution vers la cible adolescente, en proposant un lien sécurisé à destination des parents avant paiement définitif.

À 60 ANS, LES DÉFIS SONT FAITS POUR ÊTRE RELEVÉS

Michaël Bentabou n’a pas toujours été un grand communicant, mais il se confie plus largement aujourd’hui. S’il évoque le puissant moteur que peut être la frustration dans l’itinéraire des hommes et des entrepreneurs, un sentiment qui fait aller plus loin, plus vite, il sait aussi cultiver l’amitié, lui qui s’est toujours efforcé de s’entourer de « pointures » qui ne soient pas égocentrées sur leur propre talent. Connu pour son franc-parler, cet amoureux de l’art africain et aborigène pense que si le travail peut être passionnant, ce sont les rapports humains qui font le succès des hommes et des entreprises.

Il dit parfois que l’argent ne fait pas le bonheur, mais « encore faut-il être riche pour le savoir ». Il doit le savoir, cet entrepreneur aux origines modestes, né à Casablanca, dont la fortune et la réussite impressionnent aujourd’hui, mais qui se repart sur le terrain, en direct.

Anne Florin

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